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En 2018, la chroniqueuse Christine Angot avait déclaré « Pour tous les artistes, être artiste c’est toujours un plan B. C’est ne pas avoir pu faire ce qu’on pensait faire quand on était petit, c’est-à-dire avocat ou instituteur ou médecin ou travailler dans une entreprise. (…) C’est toujours le résultat au fond d’un échec. » Ah bon ? En tout cas ce n'est pas le cas du photographe Tom Fecht, un scientifique né en Allemagne, qui a étudié la physique quantique de l'université de Columbia, puis l'ingénierie et l'histoire à Berlin. Chercheur, et inventeur, il a breveté un composant électrique vendu à Apple et à travaillé avec les équipes qui ont mis au point Fax et traitements numériques des images. Spécialisé dans l'imagerie scientifique, il a enseigné à l'université Cornell à New-York, au Royal College of Art et à l'impérial Collège à Londres, et à Polytechnique de Zurich. Il a publié des ouvrages sur l'imagerie et la photo et a fondé une maison d'édition. Aujourd'hui basé à Berlin, il est devenu photographe de renommée internationale. Il a plusieurs studios dont un au Cap Sizun où il passe beaucoup de temps à photographier la mer, la nuit, même sans lune et sans étoiles.
Il expose en ce moment ses photos uniques à Pont-Croix avec les toiles d'Anna Le Moine-Gray, une artiste bretonne habitée aussi par cette mer si intense, si présente, du Cap Sizun. Fille du militant indépendantiste Pierre Le Moine, elle a grandi dans une famille où la politique prenait souvent le dessus sur les sentiments. Incomprise et dotée d'une sensibilité créative, mais fragile, elle part très jeune en Grande-Bretagne ou elle étudie à Oxford : architecture, linguistique et philosophie. Elle y restera 33 ans et y rencontrera son mari d'origine écossaise. De retour en Bretagne, sa terre d'origine, elle vit aujourd'hui aussi au Cap Sizun où jeune elle avait passé des moments heureux. Pour Anna Le Moine-Gray, les horizons sont des émotions et elle sait que seules les émotions sont vraies. Ses toiles n'ont d'ailleurs plus d'horizons car elle les digère, les sublimes dans ces bleus et verts, ce glaz breton, où ciel et mer se fondent l'un dans l'autre. Tout le reste ,comme le sait aussi Tom Fecht, est juste vibration dont les fréquences sont juste interprétées par notre cerveau comme des couleurs. Ces couleurs n'existent pas en réalité. Elles n'existent que dans notre cerveau mais les émotions, elles, existent vraiment.
De plus la lumière est une "lumière fossile" émise dans certains cas, il y a des millards d'années, par des corps célestes qui n'existent même plus. C'est ce que nous rappelle Gérard Klein, dans le livre de l'exposition intitulé "Incertitudes, jamais la même vague". Le noir, l'absence de photons, n'est jamais complètement noir si on le photographie en prise longue. Tom Fetch est donc le photographe de la mer la nuit, de la matière noire. Lors de ses séjours au Cap Sizun, il passe ses nuits avec ses appareils photos a attendre le moment, l'instant unique dans l'espace temps un peu comme Pauline Horellou, cette photographe des vagues qui habite aussi le Cap sans cesse à l'affut de ce moment magique de l'explosion écumeuse et scintillante où l'onde devient gouttelettes, donc particule. Tom Fetch essaye lui aussi de photographier la réalité scientifique d'une matière particule dans un mouvement brownien où les photons sont, et c'est là le mystère, matière et fréquence.
L'exposition occupe les trois étages de la maison Le Marquisat à Pont-Croix. Elle est intitulée "incertitude" comme le principe d'Heisenberg du même nom, principe qui régit le monde microscopique et qui fait qu'on ne peut à la fois connaitre la position et le moment (sa vitesse de déplacement) d'une particule. Tom Fetch refuse cet échec de la photographie. Il tente d'impossible devant cette incertitude. Il veut réconcilier la physique classique et la physique quantique. Cela fait un siècle que les artistes comme les scientifiques essayent de trouver les lois communes qui régissent macrocosme et microcosme.
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