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- Chronique -
Le multilinguisme en Bretagne
Le trilinguisme fait aujourd’hui partie des objectifs premiers de la politique linguistique de la région administrative Bretagne.
Par Yves-François Le Coadic pour Le Coadic le 17/05/19 16:28

Le Conseil de la région administrative de Bretagne a officiellement reconnu, aux côtés du français, le breton et le gallo comme langues de la Bretagne historique. Il a assorti cette reconnaissance d'un plan volontariste pour leur sauvegarde, leur transmission et leur développement. L'enjeu : les revitaliser et promouvoir leur usage dans tous les domaines.

La Bretagne deviendrait-elle comme la Suisse, la Belgique, la Bosnie-Herzégovine un pays trilingue? C’est en effet la seule région trilingue (français, breton et gallo) de France. 100 % de la population parle le français, langue officielle. 5,5% parle le breton, principalement en Basse-Bretagne, partie occidentale de la région et 3% parle le gallo, principalement en Haute-Bretagne, partie orientale de la région. Ce multilinguisme de juxtaposition soulève des questions politiques et sociales.

Premier constat, les deux aires linguistiques non-francophones s’interpénètrent très peu. Les relations entre les deux ensembles peuvent même être assez crispées, dans la mesure où les habitants brittophones font preuve d’un certain impérialisme à l’égard de leurs compatriotes gallophones. Les deux grandes villes de Haute-Bretagne, Rennes et Nantes, voient ainsi leur nom traduit en breton mais pas en gallo (Renn et Nauntt). Les noms des villes de Basse-Bretagne comme Brest et Lorient ne connaissent pas non plus de traduction gallèse (Brèst et L’Orient). Toutefois depuis 2012, gallophones et brittophones peuvent désormais chanter d’une seule voix l’hymne national Breton grâce à la traduction du Bro Gozh ma Zadoù en langue gallèse Le vieû païz de mes peres. Comme francophones, ils peuvent aussi le chanter en français!

De la même façon, la présence de ces deux langues dans l’espace public est inégalitaire. Les panneaux indicateurs sont le plus souvent bilingues français-breton et non trilingues. Aucune commune n’est officiellement trilingue. Rares sont les individus qui pratiquent les 3 langues.

Ceci concourt à corroborer l’hypothèse d’une claire séparation entre trois espaces “monolingues”, l’espace fédérateur et dominateur étant l’espace francophone. La non-officialité des langues bretonne et gallèse concourt à leur effacement et, dans ces conditions, l’hypothèse d’une Bretagne trilingue est très hypothétique.

Plus largement, à travers les langues, est mise en jeu la question de l’identité. Hauts-Bretons et bas-Bretons se sentent bien plus Français que Bretons. Et il est légitime de se demander si les deux entités linguistiques bretonne et gallèse souhaitent encore avoir un avenir en commun.

NOTE: Autre multilinguisme d’une autre nature, à l’ordre du jour à l’occasion des prochaines élections européennes, celui de l’Europe. L’Union Européenne considère que « les citoyens multilingues sont plus à même de profiter des opportunités économiques, professionnelles et en matière d’éducation offertes par une Europe intégrée » , c’est pourquoi le trilinguisme fait aujourd’hui partie des objectifs premiers de sa politique linguistique. La politique de l’Union Européenne préconise que chacun(e) maîtrise sa langue maternelle, une langue parlée dans un pays voisin ainsi qu’une troisième langue au rayonnement international. Pour la plupart des citoyens européens, cette langue internationale est l’anglais.

Comme le proclame un organisme de formation linguistique, l’avenir appartient à ceux qui parlent trois langues!

Voir aussi :
Yves-François LE COADIC Youenn-Fañch AR C'HOADIG
[ Voir tous les articles de Le Coadic]
Vos 9 commentaires
Yvon ollivier Le Samedi 18 mai 2019 07:01
Pas vraiment d accord. Je pense que les bretons sont également attachés à la Bretagne et à la France ce qui dans le contexte dominateur est déjà une bonne chose pour notre Bretagne. Et je crois qu' elle transcende la différence breton gallo. À chaque langue de se développer au mieux avec l appui de l ensemble des bretons. Nos élus en sont les premiers responsables.
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André Gilbert Le Samedi 18 mai 2019 11:56
Plus largement, à travers les langues, est mise en jeu la question de l’identité. Hauts-Bretons et bas-Bretons se sentent bien plus Français que Bretons. Et il est légitime de se demander si les deux entités linguistiques bretonne et gallèse souhaitent encore avoir un avenir en commun.
Vous savez bien que cette affirmation est totalement fausse et que le sentiment d'appartenance à la Bretagne est plus fort que celui d'être français
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Jacki Pilon Le Samedi 18 mai 2019 14:39
"Le Conseil de la région administrative de Bretagne a officiellement reconnu, aux côtés du français, le breton et le gallo comme langues de la Bretagne historique. Il a assorti cette reconnaissance d'un plan volontariste pour leur sauvegarde, leur transmission et leur développement. L'enjeu : les revitaliser et promouvoir leur usage dans tous les domaines. " -> La seule question à poser à nos élus est la suivante :
Êtes-vous d'accord pour admettre que la transmission de la langue doit être réactivée là où elle a été bloquée, c'est-à-dire à l'école ? puis au sein des familles ?
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Jacques Le Samedi 18 mai 2019 23:34
Je suis choqué de lire cet article...
Parfois, les militants bretons sont encore plus créatif que les jacobins...
Déjà qu'être occidental c'est être suspect de racisme, d'homophobie, de sexiste, de suprémacisme... maintenant voilà le Breton de ''basse Bretagne'' qualifié d’impérialiste au sein de son propre pays...
Et on s'étonne que les citoyens bretons ne votent pas nous..!
La langue bretonne est légitime dans TOUTE la Bretagne (cette langue a même été parlé au delà de nos frontières : Cotentin et le long de la Loire, également en Picardie).
Car si l'argument est que la langue bretonne a disparue de certaines régions depuis 1000 ans ou 200 ans... C'est un fait qu'aujourd'hui la langue bretonne à disparue de toute la Bretagne!
(les jeunes parents transmettant le breton dans le cadre familiale est anecdotique : aujourd'hui... car demain il en sera peut-être autrement!).
Au nom de quoi se réapproprier cette langue dans certaines régions (qualifiées de ''haute'' Bretagne) provoquent ces qualificatifs agressifs vis à vis des Bretons des autres régions?
A l'inverse, le Gallo n'a JAMAIS été une langue parlée dans ces autres régions de Bretagne... Au nom de quoi ses habitants devraient l'apprendre??? Un égalitarisme à la Française???
Tous standardisés sinon pas de salut?
Si les Gallos veulent sauver leur langue c'est à eux de faire ce travaille et à personne d'autres...!
Personnellement, le Gallo n'est en rien ma langue mais je soutiens toute initiative dans ce sens...!
Rien n'empêche d'enseigner aux enfants de ''basse Bretagne'' un verni... et plus si affinité..
Mais imaginer une Bretagne ou chaque breton serait autant britophone que gallophone celà n'a aucun sens!
Depuis l’apparition du gallo et le recul du breton, nos anciens n'avaient pas besoin de cela ni pour se sentir breton. La preuve : pour faire fonctionner les châteaux forts qui protégeaient les frontières, les brittophones n'étaient pas les plus nombreux...
Ma conclusion :
Le mouvement breton parle à qui veut l'entendre de sauver les langues...
Mais il est temps de se poser la question du pourquoi le mouvement breton met aussi peu de dynamisme à enseigner l'histoire tout en s'épuisant à vouloir créer une Bretagne ''nouveau genre'' qui n'existera jamais...
Apprenons nos langues et surtout CELLE qui convient à notre cœur... apprenons notre histoire et apprenons à parler les autres langues de ce monde qui nous permettrons de remettre sur pied notre économie...
Ainsi la personne qualifiée de nationalité bretonne (peut importe sa région) sera une personne dotée d'une identité, d'un héritage et capable d’évoluer avec aisance à l’international...
Je pense très sérieusement que nos fameux marins, sans être des littéraires, pouvaient s'exprimer dans bien plus de langues que le chiffre 3... incluant le breton ou le gallo suivant la région d'où ils provenaient...
Pour rappel : Un jeune bachelier de Diwan parle déjà au minimum 4 et souvent 5 langues...
(Mais j'ai peut-être mal compris l'article... du moins je l'espère)
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Luigi Barsagli Le Dimanche 19 mai 2019 12:10
Chronique consternante...
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Sebgi35 Le Dimanche 19 mai 2019 21:13
Dire qu'il y a une politique volontariste est consternant pour ma part car avec 2 euros par habitant nous sommes très en dessous de ce qui se fait en Corse et dans les autres régions. Les élus à la région n'ont pas compris qu'il faut s'opposer à la France parce qu'ils sont eux mêmes des français.
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boned ruz Le Dimanche 19 mai 2019 23:40
"La politique de l’Union Européenne préconise que chacun(e) maîtrise sa langue maternelle, une langue parlée dans un pays voisin ainsi qu’une troisième langue au rayonnement international. Pour la plupart des citoyens européens, cette langue internationale est l’anglais. " tst !!! tst !!! tst !!! L'Anglais Tsssst !!! Roparz Hemon vantait " l'Esperanto" et il avait bien raison... Si c'est en rapport avec les échéances Européennes prière de rappeler à tous l'existence de ce mouvement international qui soutient l'Espéranto... Ado, je trouvais cela ridicule... Aujourd'hui JE ME trouve ridicule d'avoir pu penser cela. Commencez donc par changer Anglais avec l' Esperanto déjà pour rééquilibrer la balance commerciale des pays Européens ( 4 Milliards de bénéfice pour les Anglais par an et jusqu'à 17 milliards par an si l'Anglais devient l'unique référence internationale selon le groupe de soutien à l'Espéranto)... Met en tu hont d'an dra-se ez eo anv amañ eus un doare peoc'hell da grouiñ darempredoù nevez etre ar broioù a c'hallfe padout evit gwir ha gant-se skarzhañ mestroni ar stadoù broadel da vat!!!
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Loïc.L Le Lundi 20 mai 2019 21:21
@ l'auteur
" l’espace fédérateur et dominateur étant l’espace francophone": en quoi la langue française est fédératrice de la Bretagne ?? N'importe quoi ! Fédérateur = qui favorise une organisation collective. Comme si l'histoire de la Bretagne, unie et forte, n'avait pas existé, et que l'union collective est arrivée par la langue française ; mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Dans ces propos vous nous la faite vraiment à l'envers.
Et puis Le sentiment d'être breton ne souffre pas de concurrence que l'on soit gallophone ou britophonne.
Quant au sentiment d'être français, vous omettez de rappeler que 20% ne serait pas contre l'indépendance, 30% chez les jeunes.
Quant à traduire Lorient en langue gallèse n'a aucun sens, sauf à brouiller les actions menées actuellement...
Article consternant, avec peu de logique.
Une langue pour l'Europe oui, l'anglais étant - de facto- la langue internationale d'échange (constat). Du coup pour la Bretagne ce serait aussi la langue du voisin :).
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Jacques Le Mardi 21 mai 2019 10:41
@ boned ruz
Une fois encore, en Bretagne nous ne parvenons pas à transmettre notre langue à nos enfants mais nos pensées vont vers un universalisme (bien français) qui n’intéresse en rien l’univers en question...
Don Quichotte se battait avec conviction contre les moulins à vent, il en est de même pour le militant breton...
J'imagine des hordes de commerciaux bretons partant faire du business avec la Chine, l'Inde, le Chili, les Philippines tous incapables de parler anglais mais tous convaincu de leur succès au titre qu'ils savent parler ''espéranto''...
A coté de cela, comme je l'évoquais : En Bretagne, nous avons une école dont les élèves sortent avec un profil très en accord avec le 21ème siècle (très bon niveau de connaissance générale et scientifique, parfaite connaissance de sa langue historique et bon maîtrise de 3 à 4 langues supplémentaires d'intérêt internationale)...
Malheureusement, il n'en sort que 130 bacheliers par an...
Mais pour cette école, peu d'articles pour valoriser et faire connaître auprès de la population ses qualités pédagogiques...
A l'inverse, le Mouvement Breton s'exprime sur des ''idées'' sur l'espéranto... sur la partition linguistique de la Bretagne (l'auteur), savoir s'il faut parler 2 ou 3 langues, etc... etc...
A quand des réflexions et des actions chez les militants bretons pour faire passer nos 130 bacheliers multilingues (moins d'1% des bacheliers annuels de Bretagne) à 10%, 20%, 50%......
Ce type d'ambition pour nos enfants est hors de porté du Mouvement Breton... d'où son échec calamiteux depuis 50 ans...
Le Mouvement Breton étant le mouvement d’émancipation le plus décalé d'Europe...!
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