Il y a peu de très grands ensembles industriels en Bretagne, hormis en agro-alimentaire. Sur les trois grandes galaxies industrielles bretonnes, nous parlons de galaxies car chaque noyau est environné d’une nuée de sous-traitants, deux sont très menacées ; la troisième, les Chantiers de Saint-Nazaire, semble pour l’instant bien repartie.
Le groupe Peugeot-Citroën est implanté à Rennes depuis les années 1960. Ses sous-traitants sont répartis tout autour, mais tout spécialement en Ille-et-Vilaine et Morbihan. C’est un ensemble gigantesque qui fait de l’Ille-et-Vilaine, en proportion, le département le plus industriel de Bretagne.
Or, le marché européen de l’automobile est stable, n’augmente pas, et la part des constructeurs asiatiques progresse chaque année. La part de marché de Renault et Peugeot-Citroën en Europe s’érode pendant ce temps et chacun de ces constructeurs réduit son outil industriel. Peugeot vient de fermer son usine en Grande-Bretagne, trop petite, ce qui lui donne un peu d’air, provisoirement.
Pour améliorer leur compétitivité Peugeot et Renault ont tiré sur les marges et entrepris la réorganisation de leurs sous-traitants. Ce processus semble désormais arrivé à son terme ; il n’y a plus grand’chose à obtenir des sous-traitants, d’autant que l’un des équipementiers, Faurecia, est contrôlé par Peugeot à 72% et pèse lourdement sur les résultats de la maison-mère.
La concurrence asiatique devient pressante ; que l’on imagine que la Chine peut produire deux fois plus de voitures que n’en absorbe le marché.
Alors, certes, la délocalisation automobile n’est pas si simple : il faut être un peu du pays pour vendre des voitures, être en relation avec le pouvoir politique, savoir si les phares sont jaunes ou blancs... Et puis la main d’oeuvre ne représente plus que 15% du prix d’un véhicule ; si on économise la moitié, cela ne fait que 7,50%.
Mais, à 10 ans, on peut penser qu’il n’y aura plus beaucoup d’usines automobiles, non seulement en France, mais même en Europe, à peu d’exceptions près. Les équipementiers et sous-traitants seront les premiers à se délocaliser. Ce serait un catastrophe pour la région de Rennes.
La deuxième galaxie menacée est celle d’Airbus (EADS) . Sait-on que ce groupe a deux grosses usines, avec elles aussi des quantités de sous-traitants, à Nantes et Saint-Nazaire ? Ces usines sont les héritières des constructions d’avant-guerre, des hydravions Loire, puis de la SNCSO, puis de la SNIAS.
Or, les dysfonctionnements récents chez Airbus, les gros retards de livraisons constatés depuis un an, ne sont plus supportables et donnent lieu à d’importantes pénalités. On peut penser qu’une fabrication répartie sur plusieurs sites et pays n’est plus compatible avec une bonne maîtrise du processus industriel : des tronçons dAirbus se baladent en avion, ou sur des routes, voire sur la Garonne à condition que la marée soit basse afin de pouvoir passer sous les ponts.... Cela ne durera qu’un temps. Il y aura sans doute reconcentration de l’activité sur un ou deux sites, probablement Hambourg ou Toulouse. Que deviendra « le reste » ?
Ne comptons pas sur l’Etat français pour anticiper ces questions ; il fonctionne sur des budgets à un an et, au mieux, sur la prochaine échéance électorale.
Encore un domaine où la sujétion bretonne à un Etat français irresponsable risque de nous coûter cher. Entre-temps l’on préfère parler de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy...
Pour le Parti Breton, la Commission d’études économiques (voir le site)