Voir plus bas : Ajout du 17 octobre : Xavier Grall et Yann-Kêl
Yannig Laporte, de Kemper, qui nous a envoyé la majeure partie de ce reportage et les documents annexes, est le fondateur du Komite Dalc'hit soñj eus Yann-Kêl / Comité du souvenir, en 2006 pour les 30 ans de la mort de Yann-Kêl ( voir notre article )
Il a convié les Bretons à se souvenir de Yann-Kêl Kernaleguen en cet anniversaire des 40 ans de sa mort accidentelle dans la nuit du 29 au 30 septembre 1976 à 22 ans (1).
Il a été dit que Y.-K. Kernaleguen " tentait de désamorcer la bombe qu'il venait de poser parce qu'une femme promenait son chien sur le lieu de l'attentat […] ".
À la demande de Yannig Laporte, plutôt que de faire mention de terrorisme (la citation ci-dessus, prise sur wiki, est tirée de Thierry Vareilles, l'Encyclopédie du terrorisme international, éd. l'Harmattan, 2001), nous mentionnons ici Lionel Henry (né en 1970), auteur du Dictionnaire biographique du mouvement breton, de 431 p., édité chez Yoran Embanner en 2013.
Car, comme disait Martial :"Stourmerien oamp, sponterien tamm ebet" : Nous étions des militants, pas du tout des terroristes.
https://br.wikipedia.org/wiki/Yann-Kel_Kernalegenn pour sa page en breton sur wikipédia. La page en français, plus développée, contient en notes plusieurs citations élogieuses.
Près de cinquante personnes s'étaient déplacées, malgré aucune annonce dans la presse locale, pour cet hommage.
Deux gwenn ha du étaient visibles.
Par Yannig Laporte :
- Celui de Martial Ménard, publié dans Al Lanv, n° 40, peu après l'hommage rendu pour les 10 ans de sa mort ;
- Celui de Per Denez écrit en 2006 (ci-dessous en pdf bilingue).
Yannig Laporte nous fait remarquer qu'" il était pertinent de le lire aussi en français parce que c'est ainsi qu'il l'avait transmis, et aussi parce qu'il a ajouté quelque chose de très fort en français : la dernière ligne n'apparaît pas en breton. Je pense que l'idée lui est venue en cours d'écriture ".
Voici :
" Je salue Yann-Kêl pour ce qu'il a été et pour ce qu'il voulait être ". Per Denez.
En alternance par Padrig An Habask, son beau-frère, et Dominig Jolived.
Le deuxième et le troisième d'Anjela Duval, ci-dessous en pdf ;
Et deux poèmes de Yann-Kêl dont l'un est à la suite du texte de Martial Ménard, scanné aussi, mais il vient de http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_24/Yann_Kel_Kernalegen_SkridoA_.pdf de la bibliothèque de l'Institut de Documentation Bretonne et Européenne (IDBE) de Guingamp, pour le pdf des écrits de Yann-Kêl en breton, p. 10 (2).
De la famille, ils ont interprété " Gwir Vretoned " puis " E dibenn miz Gwengolo " la chanson composée par Glenmor en souvenir de Yann-Kêl : ( voir notre article ) pour la vidéo d'Andrea Ar Gouilh l'interprétant lors du spectacle Glenmor l'insoumis, donné à Quimper en juillet 2013.
" Kan Bale an ARB " de Glenmor et notre hymne national, le " Bro Gozh va Zadoù ".
Relisant les oeuvres de et sur Xavier Grall depuis quelque temps, nous trouvons, dans Mikaela Kerdraon, " Xavier Grall, Une sacrée gueule de Breton ", la monumentale somme de 686 pages pour tout savoir et tout comprendre de ce poète, éditée en 2001 avec beaucoup de soin par An Here de Martial Ménard - car les repères en typographie ne sont pas simples - nous trouvons : " il assistera aux obsèques du jeune militant Yann-Kel Kernaleguen, en octobre 1976 " (p. 423), et on apprend ou redécouvre que Xavier Grall a choisi de terminer son " Cheval couché " sur un hommage au jeune militant, Jean-Michel Kernaleguen, tué par la bombe qu'il allait déposer, en guise de protestation, sur le chantier d'une caserne militaire que les gens du pays refusaient, à Ty Vougeret, près de Châteaulin ; il avait sacrifié sa vie pour éviter (...)
Comme Glenmor, Grall y était, et il s'interroge sur sa responsabilité d'écrivain, continue Mikaela (p. 411).
Voici le texte de Xavier Grall, dans Le Cheval couché, éd. Hachette, 1977, 235 p., pages 234-235.
"J'ai fini. Mon pays, je le sais en recherche, attentif au mouvement de la mer (…). Quel nom avait-il ce très jeune garçon, mort en septembre, déchiré par la bombe qu'il avait l'intention de déposer sous les fenêtres d'un officier français ? Ah, oui, Jean-Michel Kernaleguen... Je ne le connaissais pas mais ses amis m'ont dit qu'il avait plongé sur sa meurtrière charge de plastic plutôt que d'attenter à la vie d'une famille qui se trouvait sur les lieux de l'attentat. Il s'était insurgé contre la militarisation de la campagne de Dineault (en breton Din Heol, près du soleil). Il est mort pour l'arbre et la rivière, pour la Bretagne, face au Menez Hom. Je le salue en ces dernières lignes. Je le salue affectueusement alors que l'adagio, ce mouvement apaisé, déploie en cette IXe symphonie, toute la tendresse du monde, alors que les vents de suroît retombent une nouvelle fois sur les hauts de Botzulan, alors que les pigeons allègres, couleur de l'arc-en-ciel, accrochent le soleil par-dessus les toits.
Oui, ce jeune homme s'appelait Jean-Michel Kernaleguen. Un beau nom. Le lieu du saule. Je crois savoir qu'un de nos bardes vient de lui consacrer une chanson (*). Il ne s'agit pas de monsieur Pierre-Jakez Hélias… Les chevaux couchés ne vont pas à la mer. Sous la cavalcade des nuages, le Menez Hom celtique, magique, maritime, attend que nous érigions une stèle à la mémoire du dernier de nos princes.
Nous laisserons aux vents d'Occident le soin d'y écrire les mots rituels, naturellement, amoureusement...
Près du soleil !"
Automne-Hiver 1976-1977.
(*) Il s'agit bien sûr de E dibenn miz Gwengolo (À la fin septembre), de Glenmor.
(1) À ce sujet, voici un commentaire de Per Lemoine, qui a bien connu Yann-Kêl. Cette histoire est touchante mais le commentaire tardant à être mis en ligne par la rédaction sur ( voir notre article ) le voici :
" Malheureusement je n'ai pu me rendre au cimetière de Kerfeunteun en souvenir de Yann K/naleguen qui était un jeune ami lorsque j'habitais à Kemper. Je suis maintenant trop âgé pour me déplacer.
Yann était un fidèle de nos réunions quimpéroises , avec toujours 5 ou 6 autres lycéens des lycées publics ou privés auxquels je consacrais un après-midi par semaine pour leur parler, à mon domicile de la rue de Kergariou, de notre pays, de son Histoire, de nos devoirs à l'égard de notre pays annexé.
Sa mort m'a effondré, mais j'étais alors parti à l'étranger avec ma famille après ma longue incarcération FLB.
J'ai toujours son image présente et penserai à lui tout le temps qui me reste à vivre. Yann doit rester dans la mémoire des jeunes Bretons et dans la VRAIE histoire de la Bretagne.
Per Lemoine "
(2) Echu ar Fest
Glav a ra war Gemper
Er poulloù don
E c'heller c'hoazh klevout
Dameuc'h an tousmac'h
Echu ar Fest
T[r?]ec'het an douristed
Trech eo bet an abadenn-veur ?
Nan, ar glav a zo bet trec'h
Ar glav, an douar a nac'h an estren
Koeñvet eo hor pobl
Kousk a ra atav Arzhur
Ha n'eo ket deut d'he dihuniñ
Ar fest n'eo ket kroget
...abadenn abaf hiziv
La fête est finie
Il pleut sur Kemper
Dans les mares profondes
On peut encore entendre
L'écho du tumulte
La fête est finie
Vaincus les touristes
Reflué elle a, la grande représentation ?
Non, la pluie a été vaincue
La pluie, la terre nient l'étranger
Enflé est notre peuple
Arthur dort toujours
Et il n'est pas près de se réveiller
La fête n'a pas commencé
...La représentation est timide aujourd'hui
Traduction Maryvonne Cadiou