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- Communiqué de presse -
UPPB / Breizh-ImPacte : Liberté maintenant pour la Bretagne !
Nous ne commenterons pas ici l’invraisemblable déni de démocratie de cette semaine : si la Loire-Atlantique ne peut définitivement pas, comme par décret, rejoindre la Bretagne, c’est donc que nous
Simon Alain Par Université Populaire de Philosophie Bretonne (UPPB) le 5/06/14 22:50
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Nous ne commenterons pas ici l'invraisemblable déni de démocratie de cette semaine : si la Loire-Atlantique ne peut définitivement pas, comme par décret, rejoindre la Bretagne, c'est donc que nous sommes toujours sous la dictature de Pétain. Et qu'en l'état, la France est bien une dictature (définition du terme : « régime politique dans lequel une personne, ou un groupe de personnes, exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite »).

Il est extrêmement dangereux pour un pouvoir, de quelque nature qu'il soit, de se couper aussi radicalement de la population. Surtout quand celle-ci se rassemble, s'exprime et réclame depuis des mois, des années (voire des siècles) les mêmes choses.

Comment expliquera-t-on en 2016 aux étudiants des Universités de Bretagne et des Pays de la Loire (qui fusionnaient ce mercredi 4 juin, au moment même où Paris décrétait « qu'il n'y aura jamais de Bretagne à cinq départements ») qu'ils n'étudient pas « dans la même région » ? Ce « grand Ouest » que l'on appelait à l'époque du père de Descartes (1596-1650) « la grande Bretagne » ?

Le problème est certes actuellement, d'abord et avant tout, d'ordre économique, mais il est aussi politique et culturel. Le problème est certes "que l'emploi souffre en Bretagne", mais il est aussi "que la Bretagne ne peut plus supporter l'imposition française", et surtout cette suprématie arrogante et aveugle sur ce qu'elle peut, ou non, donner d'elle-même. Tant que la France ne reconnaîtra pas la Bretagne dans sa spécificité propre, celle-ci ne pourra rien lui donner en retour.

Dès lors, jamais le mot d'ordre des Bonnets Rouges n'a eu autant son sens que maintenant, en ce mois de juin 2014. Il s'agit, en effet, et plus que jamais, de « vivre, décider et travailler en Bretagne ». Autrement dit, si l'on traduit en termes philosophiques : "exister en Bretagne".

L'UPPB et Breizh-ImPacte demandent, de toute urgence, l'instauration d'une « Assemblée de Bretagne » : il est plus que temps que toutes les mouvances démocratiques bretonnes se réunissent et se mettent d'accord pour une immense manifestation unitaire sur un thème simple et admis par tous : une Assemblée de Bretagne, par la fusion des cinq conseils généraux et de la Région Bretagne. Une Assemblée dotée de pouvoirs réglementaires et législatifs. Car pour exister, il faut encore pouvoir décider ! Or, nous sommes actuellement, en tant que Bretons, dépossédés de toute marge de man½uvre sur nos propres existences !

Le hasard du calendrier a fait en sorte que notre séance du samedi 31 mai 2014 (vidéo ci-dessus) était précisément consacrée à la notion de « liberté ». Et cela, dans le cadre toujours de la confrontation Sartre / Descartes (qui nous occupe en ce printemps).

Comme l'affirmait le philosophe Kierkegaard (qui ne souhaitait pas, à son époque, voir son petit pays, le Danemark, disparaître dans la Grande Prusse) : « les gens ne se servent pas des libertés qu'ils possèdent et réclament celles qu'ils ne possèdent pas ; ils ont la liberté de pensée, ils exigent la liberté de parole ».

Que les Bretons se servent de leur liberté de penser ! Et ne réclament désormais plus à Paris celle de la parole ! Car cette liberté de parole, nous le savons depuis ce mercredi 4 juin 2014, ne leur sera jamais accordée.

Si nous avons la liberté de penser, pourquoi donc continuer à nous égosiller ? Faisons-en usage ! Comme le Rennais Descartes (qui a su inspirer toute la philosophie moderne jusqu'à Kierkegaard, ce dernier reconnaissant sa dette envers son prédécesseur assassiné par... un Français, en face de chez lui, à... Stockholm).

Dès lors, parce que Paris n'entend pas sa parole, et parce que Paris ne comprendra jamais rien à cette parole, la Bretagne se libère, la Bretagne se sépare, la Bretagne se protège : elle entre définitivement en dissidence.

Paris n'entend rien (et depuis trop longtemps) à la subtilité du symbolique, à la profondeur de la réflexion philosophique (« le cas Descartes » est trop malheureux pour que l'on y revienne une fois de plus ici) et, tant que l'on y est, "au sens même du politique". En effet, comment peut-on "sérieusement" décider du sort de toute une population sur un coin de table, en 45 minutes, entre un tweet et un coup de téléphone ? Le terme « politique » vient du grec « polis » : la Cité, la Communauté, l'Assemblée… Elle ne peut être le jeu de quelques hommes (oeuvrant, en outre, pour leurs seuls intérêts ou ceux de leurs semblables).

En France, décidément (et plus que jamais), tout repose sur le contrôle de la langue (qui est aussi, comme chacun sait depuis Richelieu, « le contrôle des esprits »). De fait, la langue conditionne la pensée (qui conditionne le comportement, qui conditionne à son tour l'existence...).

Or « la langue » n'est pas que l'idiome ! Elle est aussi "expérience concrète du monde", et même : "vision du monde". En l'espèce, Paris et la Bretagne n'ont jamais parlé « la même langue ». Et Paris ne pourra jamais empêcher la Bretagne de parler sa langue, ni même d'(y) exister !

Ne nous éternisons donc pas ici, et faisons simplement référence (ci-dessous) à cet article sur le français publié en 2000 dans le cadre de « l'Université de tous les savoirs » (initiée par le philosophe Yves Michaud en 1998).

Nous célébrons, ce 6 juin 2014, "la liberté retrouvée". Il est temps, en effet, de "débarquer".

Simon Alain.

Cf. Bernard Cerquiglini, « Renouveau des perspectives sur la langue française » in Yves Michaud, « Université de tous les savoirs », Volume 2, Odile Jacob, 2000 (extraits) :

" La langue française, qui fédère tant de pays dans le monde, est un idiome strictement normé. Il n'est pas sûr que ce caractère lui assure l'avenir le plus radieux.

L'histoire du français est celle de la construction, multiséculaire, d'une langue conçue comme unique, homogène, unitaire.

Les raisons en sont nombreuses. Politiques, tout d'abord : l'intérêt de l'Etat, qu'il soit royal, impérial ou républicain, pour la langue est une constante.

On peut penser que l'Etat en France s'est constitué au travers de sa langue : on rappellera l'amendement constitutionnel du 25 juin 1992, qui introduit dans l'article premier du texte fondateur des institutions, à côté des symboles de la République (drapeau, hymne, devise) la phrase : « la République a pour langue le français ».

Raisons institutionnelles, ensuite, qui découlent des précédentes (…). La France est des mieux fournies en organismes d'aide, de protection, voire de contrôle de son idiome.

Les dernières raisons sont idéologiques. Pureté et homogénéité de la langue coïncident, pense-t-on, dans l'unicité partout recherchée. Le thème, des plus mythiques, de la « clarté » inhérente à la langue française est bien connu ; il se lie à une normalisation stricte qui refuse la variabilité, et ignore les multiples variantes dont la langue est faite ; il dépend d'une conception fort resserrée de la langue. L'exemple du francien le montre à merveille. Il est partout admis, et reproduit, que le français national provient du dialecte (« le francien ») de l'Ile-de-France, région de Paris, promu « dialecte du Roi » et dont l'expansion a suivi le développement de la royauté. Cette idée plaisante et simple a le défaut d'être erronée.

« Le règne de la norme » : la norme est rétive à toute variation ; conçue comme unitaire et inflexible, elle est socialement définie. A la notion très générale d'« usage du peuple » (…), la grammaire classique (…) a substitué une conception éminemment stricte (…). Tout changement, toute nouveauté issue de l'extérieur est vécue comme une perte, ou une agression.

« Le piège monolingue » : une telle monoglossie a des effets que l'on peut regretter. Elle entrave, par conservatisme, une évolution saine de la langue (…) toute langue a le droit de pouvoir énoncer le monde moderne (…). Sait-on que le mot « logiciel » (anglais « software »), créé par des experts en informatique et que tout le monde utilise aujourd'hui, fut d'abord condamné par l'Académie Française ? Cette monoglossie isole la France au sein de l'espace francophone. Cette dernière (…) est le seul pays francophone « unilingue ». Dans tous les autres, le français est en présence d'une autre langue (…). Le français est une langue de contact, de dialogue".

Simon Alain est l'auteur de huit ouvrages publiés aux Editions Yoran Embanner. Il a créé dans le cadre de "Breizh-ImPacte" en 2012 une « Université Populaire de Philosophie Bretonne ».
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