C’est dans le cadre d’un voyage scolaire placé sous l’égide du lycée Renan de St Brieuc, qu’Apoline, émerveillée, effectue une visite de la célèbre salle de spectacles de la Comédie-Française, puis assiste, avec sa classe, à deux représentations théâtrales Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres et La vie de Galilée .
Enchantée par cette découverte et l’accueil qu’elle a reçu, Apoline décide alors d’écrire à l’administrateur général pour lui exprimer sa satisfaction et lui transmettre ses remerciements. À son grand étonnement Éric Ruf lui répond. S’engage alors une correspondance qui ne manque pas d’inspirer Apoline lors de son oral du Bac de français : « J’ai mentionné la teneur de nos échanges lors de mon entretien au Bac. Cela a permis de personnaliser mon oral et de surprendre aussi mon examinatrice qui paraissait interpellée par le caractère inhabituel et original de ma démarche", souligne Apoline, "De plus, comme par hasard, j’avais choisi de présenter lors de l'entretien, la dernière pièce de Molière intitulée Le Malade Imaginaire. Et cette œuvre se trouve être la pièce de Molière préférée d’Éric Ruf !", poursuit-elle, ravie.
Quelques mois après, Éric Ruf accorde à Apoline une interview dans les locaux de la Comédie-Française. Administrateur général depuis août 2014, ce natif du Territoire de Belfort voue une véritable affection à la Bretagne… Depuis sa région natale il n’y a que la France qui le sépare de la Bretagne comme le dit le proverbe !Ces quelques 850 kilomètres, il les franchit tout gamin alors qu’il se rendait en villégiature à Bénodet avec ses frères et sœurs : « J’avais 3 mois quand mes parents m’ont emmené en Bretagne pour la première fois » . C'est ainsi que se retrouve, dans une charmante maison de vacances, la famille élargie des cousins du côté paternel. Et tout ce joyeux petit monde passe l’été au bord de la mer, dans ce coin de paradis niché au sud de la pointe Finistère. Adolescent, Éric s'adonne à divers loisirs nautiques : la voile, la natation, la pêche à pied. « J’avais hâte d’être en vacances, se souvient-il, juillet rimait avec Bretagne, tandis que mon mois d’août était avec les Scouts». Malheureusement à 17 ans, son père décide de vendre la maison et cela attriste fortement Éric. Au fond de lui, il se promet de revenir un jour en terre Bretonne, quand la première opportunité lui sera donnée. Arrive cette opportunité : elle est d’ordre professionnel. Ayant intégré la Comédie Française à 23 ans en 1998, il parcourt à l’occasion de tournées théâtrales, plusieurs départements Bretons avec sa prestigieuse troupe. Il se produit ainsi à Quimper, à Rennes, à Brest et à Lorient. « Le public breton est toujours au rendez-vous » raconte Éric Ruf « Ce sont des spectateurs avertis et enthousiastes. J’aime beaucoup me produire en Bretagne et j’espère avoir encore d’autres occasions de côtoyer les spectateurs bretons » , souligne celui qui est le 498e sociétaire, aujourd’hui honoraire. Homme protée, Éric Ruf connaît parfaitement les rouages du métier de comédien mais aussi de toutes les fonctions qui gravitent autour du spectacle et de la dramaturgie. En effet, Éric Ruf n’est pas seulement un comédien talentueux mais aussi un metteur en scène et un scénographe recherché. Ses compétences multiples font de lui un homme apprécié et un administrateur général idoine. Il est ainsi renouvelé deux fois dans ses fonctions tant il excelle à réaliser la synthèse du monde théâtral, riche de nombreuses facettes. Et cela, en toute discrétion : Éric n’est pas du genre à se vanter, il reste humble malgré son éloquent palmarès.
Son histoire d’amour avec la Bretagne n’est pas terminée. Il achète une ancienne école primaire en désuétude à Penmarc’h. Il la retape et la rénove pour recréer l’ambiance qui a bercé son enfance : « La Bretagne, c’est ma madeleine de Proust » affirme-t-il. Éric Ruf a un avis éclairé sur la région : « La Bretagne, terre d’accueil exceptionnelle dispose de nombreux atouts. Je ne doute pas que les Bretons sauront conserver la beauté de leur territoire et la valeur de leur patrimoine car elles sont appréciées de génération en génération … J’en suis la preuve, s’il en est » conclut-il. Effectivement, il fait maintenant partager sa passion à ses enfants qui ont la joie de passer, eux aussi, des étés bretons au pays Bigouden, au bout du monde. Éric Ruf explique : « Ils sont ravis de la liberté que leur offrent les paysages de dunes et de rochers. Ils se sentent libres comme l’air… cet air breton si vivifiant que nous aimons tant » . Ainsi la relève paraît parfaitement assurée !
Apoline REDON
Sylvie LE MOËL