Samedi 28 mars, Rozenn Milin la directrice du programme Sorosoro de la Fondation Chirac est venue présenter à la Mission Bretonne ses actions pour la sauvegarde des langues en danger. Un exposé suivi d'un débat qui a suscité de nombreuses questions notamment sur l'avenir du breton.
« Si rien n'est fait avant la fin de ce siècle, la moitié des 6000 langues actuellement parlées dans le monde pourrait bien disparaître » . C'est en partant de ce constat effrayant que Rozenn Milin, la directrice du programme Sorosoro de la Fondation Chirac a présenté, samedi 28 mars à la Mission Bretonne dans le 14e arrondissement de Paris, son plan d'urgence pour la sauvegarde et la revitalisation des langues en danger. « Sorosoro est un mot araki qui signifie, souffle, parole, langue » a précisé l'ancienne présidente de TV Breizh en breton devant un parterre d'une cinquantaine de bretonnants d'Ile de France. Aujourd'hui, cette langue n'est plus parlée que par 8 personnes au Vanuatu, un petit État du Pacifique où l'on trouve la plus grande densité linguistique au monde. « Et le breton ? » lance quelqu'un dans la salle. Il est considéré comme « très menacé » et occupe l'avant dernière place sur l'échelle qui mesure la bonne santé des langues. Consternation et stupeur générale. Devant ces nouvelles alarmantes, Sorosoro décline son programme en trois volets. Un premier volet est patrimonial, avec la création d'une Encyclopédie numérique, c'est-à-dire une base de données en images, en sons et en textes, sur les langues et les cultures du monde. Un second volet est axé sur la diffusion avec la création d'un site Internet trilingue (français, anglais et espagnol) et d'une «Télévision des langues » destinés à informer le grand public sur la diversité culturelle et linguistique. Un dernier volet s'intéresse enfin au soutien des communautés autochtones, à travers la mise en place en partenariat avec Orange d'un concours récompensant le meilleur projet de revitalisation linguistique. Il sera attribué chaque année en juin et en décembre.
Diversité linguistiqiue
A l'image du cas de l'Afrique, la carte de la plus grande biodiversité naturelle, principalement autour de la ceinture équatoriale, coïncide également avec celle de la plus grande diversité linguistique. Ce sont des peuples à l'écart des grands axes de communication et qui vivent encore aujourd'hui au cœur de forêts profondes, à l'image des deux pays pilotes du programme le Gabon et le Guatemala. En France, Sorosoro devrait prochainement intervenir sur la préservation des langues de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. « Les populations qui retrouvent leur langue retrouvent également leur fierté et leur dignité. Il ne peut y avoir de paix sans le développement et la culture » a expliqué pour conclure Rozenn Milin. Et de cela, tout le monde à la Mission Bretonne en était bien sûr fermement convaincu.
David RAYNAL
Fondation Chirac 14 rue d'Anjou 75008 Paris