Put your name here

connexionS'accréditer | S'abonner | Se connecter | Faire un don
> Logo ABP
ABP e brezhoneg | ABP in English |
- Agenda -
Les délices de l'identité
LES DÉLICES DE L'IDENTITÉ Sommes-nous suffisamment au clair avec la nature et la place que prend l'identité dans la société bretonne d'aujourd'hui ? Il y a urgence à
marie-christine roussel Par kuzul bonedou ruz -groupe Identité le 25/06/15 16:37

LES DÉLICES DE L'IDENTITÉ

Sommes-nous suffisamment au clair avec la nature et la place que prend l'identité dans la société bretonne d'aujourd'hui ?

Il y a urgence à inscrire une approche de cette question dans les débats, précisément pour la débarrasser de déterminismes inconscients. Trouver des réponses sociales et économiques à cet enjeu sollicite légitimement notre attention d'autant que partout en Europe la question des identités locales devient aigüe.

La question de l'identité  bretonne ne peut s'évoquer sans le carcan administratif qui l'encadre voire la formate. L'histoire y joue un rôle naturellement, mais où en sont nos attentes spontanées ? Notre identité pourra-t-elle – pourrait-elle – rester la même dans un monde où les mutations sociales se forgent sans même nous consulter ?

Quels discours sont entretenus à l'endroit de l'identité bretonne qui la conditionnent, l'impactent au point de lui faire perdre des repères jadis assurés ?

Il y a nécessité d'interroger nos caractéristiques singulières pour s'ouvrir à de nouvelles opportunités tant pour humaniser notre organisation sociale que le développement économique local. Que l'on songe aux mutuelles de santé, à la retraite (les caisses françaises sont pratiquement vides), à une rémunération effective du travail (artisans, producteurs agricoles, entrepreneurs qui vivent à peine de leur labeur)... entre autres.

Tous en Bretagne ne partagent pas – à juste titre – les stéréotypes qui sclérosent notre culture ; bien des Bretons ne s' identifient pas aux pathologies de l'identité, qu'elle soit nationale ou régionale d'ailleurs. Néanmoins l'affirmation de notre région, géographiquement et politiquement, apparaît de plus en plus comme un nouveau trait identificatoire, hors influence parisienne ou mondialiste. A condition de rester au plus près de nos réalités pour nous assurer que nous ne sommes pas en train de délirer mais au contraire bien en prise avec les problèmes à traiter.

Exemple : quelles pratiques aujourd'hui pour la transmission de la culture bretonne ? Sur un cas concret : ne pourrait-on pas utiliser plus et mieux des TAPS au niveau scolaire pour diffuser la langue ? Pas besoin particulièrement d'argent : simplement la volonté de...

L'identité est souvent ressentie comme un concept incertain. Et pourtant, appréhendée à partir de ses composantes de base, elle devient un repère aussi fiable qu'un phare breton. La notion de fiabilité est bien intéressante pour parler d'identité. Je propose donc l'approche suivante.

Au préalable, je ferais remarquer que pour communiquer, se parler, il faut bien avoir un minimum d'identité qui fait que l'on se comprend à partir d'une certaine communauté d'idées. Que pour dialoguer, ce minimum s'impose à nous – et je dis bien « s'impose ». Que ça me plaise ou non, si je veux communiquer avec vous, je ne peux faire l'impasse sur l'emploi de cette plate-forme commune. Pour autant :

L'identité s'écrit dans un imaginaire de la relation à soi et à l'autre (identité imaginaire).

Premier pas dans l'identité, elle tient de ça : nous participons d'une forme commune implicite. Mon image de base s'est formée en miroir, par mimétisme. Ma propre subjectivité s'est imprégnée de cet autre qui représente l'environnement social qui m'a fait une place, qui m'a transmis sa manière de penser et de parler, mon monde mental de base, idéalement celui où je peux m'exprimer en étant compris (Moi idéal).

En quelque sorte, cet autre est en moi : je l'ai intégré, je m'y suis identifiée et il m'anime quand je parle et agis ; je participe d'une nécessaire altérité. Cet autre est là, menaçant ou plein de sollicitude... Si l'autre me constitue dès la naissance, qui suis-je alors ? Ce moi commun, comment devient-il mon moi individuel ? Comment est-ce que je me différencie de cette pâte commune ? Et cette différence qui apparaît, amie ou rivale de l'autre ? Toute différence évoque d'emblée la rivalité (« c'est lui ou moi ») voire la paranoïa... jusqu'où l'autre me poursuit-il ? Dans l'effort pour me réaliser moi, je suis obligée d'intégrer la dimension de l'altérité... pour ne pas dire une altération. Donc un certain aspect imaginaire de l'identité à propos de la compétition pour être soi en face de l'autre... chez toute personne normalement constituée. La constitution de notre moi impose toujours des traces de concurrence, de jalousie, pouvant aller jusqu'à déterminer une tendance profonde à la revendication (« C'est pas moi : c'est lui, l'autre... ») N'oublions pas que dans « imaginaire », il y a « image » : l'image de soi à travers le regard de l'autre.

La composante symbolique de l'identité.

Cette dimension imaginaire vient troubler l'aspiration à une identité assumée comme authentique. Nous ne sommes pas des caméléons calqués par mimétisme sur la communauté à laquelle on adhère momentanément, selon les circonstances ou les interlocuteurs du jour. Bon, alors l'identité nous sert de boussole. Elle donne un fil directeur, une sorte d'axe qui guide les comportements, une permanence à laquelle se fier. C'est celle-là qu'on a envie d'appeler l'identité. Cette dimension de l'identité s'est forgée sur fonds d'héritage de nos origines (famille, communauté, nom patronymique, culture) ; elle donne de l'assurance, on vient de quelque part, on a des repères, des méthodes, des règles, des rites, des savoirs...

L'envers de la médaille : cette transmission génère aussi le sentiment d'une dette de reconnaissance pour tout ce que nous avons reçu. Sous cet angle, l'identité peut entraîner une culpabilité inconsciente « de devoir quelque chose » ; l'idée pesante d'être en difficulté pour payer cette dette symbolique, de ne jamais être capable d'en faire assez.

La confrontation de ces deux composantes de l'identité, imaginaire et symbolique, peut être heureuse ou agitée. On peut dire qu'on est bien avec soi-même, tranquille ou qu'il y a des frictions, des tiraillements ; ces différentes tendances intimes ont du mal à s'accorder.

Amnésie d'identité

Dans le monde actuel, traversé de nombreuses modes, mouvements sociaux, migrations, les sources de discordances fourmillent. Les différences culturelles rencontrées, bousculant nos habitudes, renforcent ces tiraillements intimes, installant un malaise d'être diffus, difficile à cerner.

Pour échapper au malaise, la tentation est grande de s'oublier ; ce qui peut conduire si l'on peut dire à une amnésie de l'identité. Cette amnésie porte toujours sur l'aspect symbolique : celui qui nous fait tenir debout. Au demeurant « l'amnésique de l'identité » se comporte bien en société. L'autre n'est pas dérangé, c'est le soi qui s'efface, perdant ses repères : sa symbolique.

Du désir...l'identité cachée.

Deux composantes seulement dans l'identité, ce serait si simple... Mais à travers nos actes manqués, nos automatismes malgré nous, on sent bien qu'il y a encore autre chose auquel on tient et qui se répète indéfiniment, en boucle. Vous savez : quand on tourne en rond... rendant notre vie plus cyclique que linéaire, comme si le temps n'y faisait rien jusqu'à notre mort. C'est du style « je sais bien mais quand même... ». Ce « quelque chose » qui passe... A notre insu ce qui désire si fortement, qui dit notre vérité sans qu'on s'en aperçoive la plupart du temps. C'est que notre lien au désir d'être est bien ambigu, énigmatique voire équivoque.

On aura beau partir, fuir à l'autre bout de la planète, cela nous suit, pas besoin de valises pour l'emporter. On peut jouer avec son identité imaginaire, la travestir ; on peut aussi oublier son identité symbolique : on n'arrive pas à se défaire du désir. C'est notre identité cachée, repoussée, refoulée au fond de notre esprit, non reconnue à travers tant de déformations mais qui cherche toujours à se faire savoir.

Et c'est ce que l'on a de plus sacré ! Au plein sens, de ce qu'il y a de sacré pour l'esprit au cours des âges, dans toutes les cultures. « Le désir est l'essence de l'homme » Spinoza.

Le désir, la maîtrise nous en échappe mais on en laisse plein de traces à chaque instant. C'est la signature de notre humanité profonde (pas le rire, la station-debout ou la sagesse).

Le symptôme.

C'est comme ça que nous traduisons le désir. Mais le symptôme – chacun le sien propre – agit précisément pour se défendre contre le désir (ce qu'on peut être tordus quand même !). Ces expressions multiples du désir, tous ces fantasmes sont finalement assez communs, en ce sens qu'ils sont partagés par Monsieur-tout-le-monde mais aussi parce qu'ils sont plutôt stéréotypés, faisant preuve de peu d'inventivité : le formatage culturel les imprègne.

Ceci dit, c'est la marque propre à chaque individu qui le distingue des autres. Si le désir nous range dans une catégorie, le symptôme nous singularise. On pourrait dire : c'est « ma touche intime ». Il n'empêche que le symptôme nous renvoie toujours à la répétitivité d'actions plus ou moins ratées en voulant nous défendre du désir qui, lui, nous impliquerait bien plus sérieusement s'il était reconnu comme tel. D'où l'aspect cyclique de nos échecs qui nous donne l'impression de tourner en rond. Cette organisation défensive qui se signale par l'automaticité dans le comportement devrait nous alerter puisqu'elle signifie le désir en échec. Notre subjectivité en est impactée tout jeune, dès un an et demi, le pli est pris. La plupart de nos réactions se ramènent au prototype de la relation avec Papa-Maman (dans tous nos contacts : le patron, nos amours, l'Etat)... parfois même jusqu'à un âge très avancé ! Bref, le plus significatif de notre identité s'exprime par nos symptômes.

Quand l'individuel impacte le collectif...

Toute évolution de l'identité retentit naturellement sur le style de l'environnement social, économique, culturel. Les inquiétudes personnelles ainsi assemblées produisent une psychologie collective dont le spectre s'étend du marasme à l'explosion sociale.... avec dans l'entre-deux plein de bonnes choses, des opportunités valables, des constructions, des projets, fort heureusement.

Sans y mettre aucun jugement de valeur, les phénomènes migratoires, l'interpénétration de différentes cultures confronte l'identité locale à ses propres défauts et qualités, l'obligeant à repenser son style de vie, ses rites... Pour en sortir renforcés, cela suppose que l'intimité comporte une part inaliénable à préserver, qui échappe au regard de l'autre, qui lui permet de transcender toute saisie par autrui, car rien n'est plus sacré que l'intime d'une identité. D'autant que la culture bretonne se relève difficilement d'avoir été minorée parce que amenée à se désavouer, à renoncer à la maîtrise sur le réel pour les décisions qui concernent son développement. D'où l'intérêt d'accorder un regain de conscience à ce qui en fait l'identité. RE ZO RE : nous espérons de notre culture qu'elle nous délivre, qu'elle nous offre des appuis d'identification riches d'humanité, des clés de compréhension en cohérence avec les origines qui nous ont fait ce que nous sommes. Et fiers de l'être !

Document PDF delicesid.pdf texte sur l'identité . Source :
Voir aussi :
Vos 0 commentaires :
Commenter :
Votre email est optionnel et restera confidentiel. Il ne sera utilisé que si vous voulez une réponse d'un lecteur via email. Par exemple si vous cherchez un co-voiturage pour cet évènement ou autre chose.
ANTI-SPAM : Combien font 0 multiplié par 3 ?

ABP

Publier

Nous suivre

2003-2024 © Agence Bretagne Presse, sauf Creative Commons