PARTI BRETON : oui mais à l’Europe Le Parti Breton prépare sa position sur la constitution européenne
C’est à Lorient le 10 avril 2005 que le congrès du Parti Breton se prononcera officiellement sur le projet de constitution européenne, un mois avant le referendum sur son adoption.
Samedi, le mouvement a esquissé ce que pourrait être sa position à l’occasion de la réunion de son bureau exécutif à Lorient.
Avocat de nationalistes bretons, Me Yann Choucq est également représentant de la Conférence des Nations sans Etat d’Europe ; c’est en cette qualité qu’il était invité pour présenter les conclusions de son organisation non gouvernementale sur la future constitution de l’Europe.
Lui et le secrétaire général du Parti Breton, Jakez Arnol-Stéphan voient dans le projet européen « de légères pistes qui vont dans le sens de la reconnaissance des peuples et du principe d’égalité entre eux ». Le Parti Breton a toujours eu le désir que la Bretagne puise s’exprimer directement à Bruxelles en ayant des institutions au moins équivalentes à celles des Ecossais, des Gallois ou des Basques : nous en sommes encore loin, aussi le mouvement breton espère que la future constitution mettra au moins la France face à ses contradictions sur le respect des langues régionales et des minorités. En attendant, le Parti Breton choisit de s’inscrire dans « une dynamique de l’enthousiasme et de l’ouverture ».
Critique sur un certain nombre de points inscrits dans la future constitution européennes, le mouvement ne se reconnaît en revanche absolument pas dans le « repli » des opposants de toutes sortes : « nous ne sommes ni dans le camp de Chevènement, ni dans ceux de Laguiller ou de De Villiers, mais cela ne veut pas dire que nous sommes dans celui de Chirac » dit Jakez Arnol-Stéphan, qui pense que le temps peut arranger les choses : « une constitution est toujours évolutive… »
Rencontre avec Me Choucq :
Qu’est-ce que la CONSEU ? C’est un lieu de rencontre dans lequel se retrouve la majorité des mouvements des nations sans Etat, ce que le gens appellent les « minorités » ; c’est la réunion des personnes qui ont une langue, une culture et parfois un territoire en communs ; elle est très influente en Espagne et étudie de près tout ce qui touche à la constitution européenne. Nous essayons de voir ce que la future constitution peut nous apporter, pour nous autres Bretons et pour les autres peuples d’Europe, afin que ces nations puissent se développer. Au cœur d’une évolution de la construction européenne voulue démocratique, la CONSEU s’attache à recenser les principes fondamentaux qui permettront de garantir la liberté et l’égalité des peuples dans la diversité culturelle et linguistique qui est la leur.
La question est donc posée : l’Europe est-elle une bonne chose pour la Bretagne ? Ce n’est pas le traité constitutionnel tel qu’il est qui va changer la vie des Bretons, mais si on doit adapter quelque chose, autant aller jusqu’au bout des idées et changer les textes de la constitution française pour l’adapter à la constitution européenne. La France est à part en Europe ; c’est un état à structure centralisée et monochromatique. Même en Grande-Bretagne, l’Ecosse et le Pays de galles ont obtenu des avancées. La France ne respecte pas les normes européennes en matière de droit des peuples. Est-ce que la France pourra rester figée ainsi éternellement dans une Europe qui ne l’est pas ?
Quels sont les apports positifs du texte pour la Bretagne ? Il y a en particulier la reconnaissance de la diversité comme principe fondateur de l’union et la reconnaissance de la personnalité juridique de l’Union ainsi que l’affirmation du principe de non-discrimination en tous domaines et en particulier dans la sphère culturelle et linguistique.
D’après Ouest-France Dimanche et Le Télégramme Dimanche du 5 décembre 2004.