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La saga Bolloré continue : l'homme d'affaires breton se confie
Nouveau venu dans le PAF, Vincent Bolloré vient de lancer Direct 8, une chaîne de télévision de la TNT gratuite dédiée au direct. Il avait déjà crée l’évènement au salon de l’auto à Genève grâce à sa voiture électrique BlueCar équipée d’une batterie LMP produite à Ergué-Gabéric. Dans son parcours, la Bretagne n’est jamais très loin. Entretien avec l'homme d'affaires breton
Par Ronan Le Flécher pour Ronan Le Flécher le 14/04/05 16:11

Nouveau venu dans le PAF, Vincent Bolloré vient de lancer Direct 8, une chaîne de télévision de la TNT gratuite dédiée au direct. Il avait déjà crée l’évènement au salon de l’auto à Genève grâce à sa voiture électrique BlueCar équipée d’une batterie LMP produite à Ergué-Gabéric. Dans son parcours, la Bretagne n’est jamais très loin.

Héritier de l’entreprise familiale fondée en 1822 sur les rives de l’Odet, Vincent Bolloré se trouve à la tête d’un groupe de 5,6 milliards d’euros et de 33 000 salariés présent dans le papier, les films plastiques pour condensateur, l’énergie, les plantations, le transport, la logistique et le frêt maritime. Champion de la diversification mais aussi des coups de bourse juteux, il détient des participations dans Havas, Vallourec, Ingenico, Pierre et Vacances ou Gaumont. Dans son bureau perché au 17ème étage de la tour Bolloré à Puteaux, Vincent Bolloré décrit ses liens avec la Bretagne et détaille la stratégie de son groupe, notamment sur la BlueCar, les médias ou ses activités industrielles. Il se projette même jusqu’en 2022, année où il espère voir son groupe ancré en Bretagne.

"Ronan Le Flécher : Quel lien entretenez-vous avec la Bretagne ?"

Vincent Bolloré : Un lien très fort. C’est d’abord le berceau la famille Bolloré depuis 1822. C’est ensuite ma jeunesse et tous ces moments agréables passés en vacances. C’est aujourd’hui le travail puisque le siège du groupe est toujours basé à Ergué-Gabéric. Nous avons investi en Bretagne plusieurs centaines de millions d’euros et nous continuerons au fur et à mesure des opportunités qui se présenteront.

"Ronan Le Flécher : Vous avez décidé d’implanter votre usine de batteries hautes performances BatScap à Ergué-Gabéric. Pourquoi ce choix ?"

VB : Il était logique d’installer la première usine de batteries à Pen Carn qui abrite le centre de recherche du groupe Bolloré. Avec la batterie supercapacités au lithium, nous disposons d’un projet extrêmement ambitieux auquel peu de gens croyaient au début. Je suis extrêmement fier qu’il naisse et se développe en Bretagne et dans la région de Quimper, particulièrement riche en compétences. Nous y avons déjà obtenu de vraies réussites, avec les films pour condensateurs dont nous sommes le leader mondial ou dans les films plastiques pour l’emballage.

"RLF : La voiture électrique constitue l’une des applications immédiates de cette batterie. Ce projet a l’allure d’un pari, non ?"

VB : Cela fait douze ans que nous investissons temps et l’argent dans ce projet, dont plus de 25 millions d’euros pour cette seule année. C’est la preuve de notre persévérance. Ce projet est à la fois économique et écologique. La voiture électrique a jusque là été un échec car elle n’avait pas d’autonomie suffisante. La voiture équipée de notre batterie, rechargeable et durable, permettra de parcourir 250 kilomètres et sera capable de fortes accélérations.

"RLF: A quoi ressemblera cette voiture électrique ?"

VB : La BlueCar sera une voiture très surprenante au style original et aisément reconnaissable. Elle disposera de trois places de front et alliera la taille réduite de l’Austin Mini - à peine plus de 3 mètres - à un volume d’habitabilité et de transport considérable.

"RLF : Le groupe Bolloré s’est doté en décembre dernier d’une filiale qui regroupe tous vos actifs dans les médias et la communication. Ce métier semble devenir l’un des nouveaux piliers de votre groupe. Quelles sont vos ambitions dans les médias ?"

VB : Notre objectif est d’investir environ 10% de nos actifs dans les médias, c’est-à-dire plus de 500 millions d’euros. Nous détenons des positions actives ou d’observation dans ce secteur que nous jugeons porteur au travers de SFP et d’Euromédia et de notre participation dans Gaumont et dans Havas. Le 31 mars prochain, nous lançons une chaîne généraliste diffusée sur la télévision numérique terrestre, Direct 8.

"RLF : Avec cette chaîne, vous faites partie des nouveaux entrants dans le secteur de la télévision. Quels seront les grands traits de Direct 8 ?"

VB : Direct 8 se veut une chaîne ouverte sur la vie et les nouveaux talents. Diffusée 24h/24, cette nouvelle chaîne gratuite proposera 16 heures de programmes frais par jour, à 90% en direct. Direct 8 fera des choses étonnantes. Nous faisons le pari de l’intelligence. Vous n’y verrez ni séries américaines ni télé-réalité, mais des débats et des émissions originales et attractives. Elle fonctionnera avec 130 personne et un budget hors publicité de 25 millions d’euros par an. A l’instar de nos autres métiers, nous allons réaliser cette chaîne sans tambour ni trompette, mais avec vocation de faire partie des bons du secteur.

"RLF : Le grand public entend parler ici et là de Bolloré, mais l’image reste parfois difficilement lisible. Quels points forts se dégagent du groupe Bolloré ?"

VB : Solidité et détermination sont les maîtres mots de notre groupe créé en 1822. Je représente la sixième génération d’un groupe qui a traversé 183 ans d’histoire, deux guerres mondiales, des évolutions technologiques majeures, des conflits familiaux et des problèmes sociaux. Le groupe Bolloré mérite donc de continuer dans le temps. J’ajoute que nous nous sommes hissés parmi les 500 premiers groupes mondiaux sans jamais lever des capitaux en bourse. Lorsque je suis arrivé à la tête de ce groupe il y a 25 ans, j’ai fixé cet objectif de durer et, pour y arriver, d’être diversifié. Dans chacun de nos métiers, nous occupons des positions de leader français ou mondial, dans les machines d’enregistrement d’aéroports, dans les films pour condensateurs, dans les papiers fins, dans le transport nord-sud entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe ou dans les plantations d’hévéas. L’image de notre groupe est difficile à cerner puisque nos activités sont diversifiées et liées à des produits industriels ou à des services. Nous ne vendons pas sous la marque Bolloré ; pourtant chaque personne qui utilise son frigidaire, sa machine à laver ou sa voiture, prend l’avion ou ouvre un DVD, a recours à un produit de chez Bolloré.

"RLF : Vous avez donné rendez-vous au groupe Bolloré en 2022. Comment imaginez-vous votre groupe dans 17 ans ?"

VB : En 2022, je fêterai le début du troisième centenaire du groupe Bolloré. Avant le jour de mes 70 ans, si Dieu me prête vie, je laisserai ma place à mes enfants, héritiers du capital, et à mes successeurs pour le management. Si je peux, en 2022, le groupe Bolloré sera toujours basé en Bretagne, contrôlé par la famille Bolloré, diversifié et figurera encore parmi les numéros un.

Propos recueillis à Puteaux par Ronan LE FLÉCHER

Pour aller plus loin : (voir le site)

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Ronan LE FLÉCHER est consultant en stratégie de communication et d'influence, fondateur des Dîners Celtiques, blogueur sur Twitter et Blog Breizh.
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