Daté du 26 mars 2007, le document reproduit ci-dessous, signé de l'Inspecteur d'Académie de Haute-Corse, fait le point sur l'enseignement bilingue en Haute-Corse et présente les projets d'ouverture pour la rentrée 2007.
Sans doute le développement de l'enseignement bilingue dans l'Ile de beauté n'est-il pas à la hauteur des besoins. Nous laissons à nos amis corses le soin de l'apprécier... Cependant, au regard de la situation bretonne, des différences sensibles sont... à apprécier, surtout en cette période de rentrée. A quand une telle communication de la part des IA des départements bretons ou du rectorat à Rennes ? A vous d'en juger (c'est nous soulignons les éléments en gras)...
Par délibération unanime du 1er juillet 2005, l'Assemblée de Corse a affirmé « l'importance de la langue corse en tant que lien social, patrimoine et ressource du développement de la Corse » . Cette délibération constitue le fondement politique de l'action de développement linguistique à conduire dans tous les domaines et reste donc le point de référence auquel s'attache la lettre de cadrage académique. Sur la base de cette délibération, le PRDF propose de conduire le développement linguistique selon deux axes principaux :
- Une stratégie éducative visant à offrir à tous les élèves la perspective d'un bilinguisme ouvert au plurilinguisme (l'enseignement dit extensif)
- L'intégration de la langue et de la culture à tous les niveaux d'enseignement (l'enseignement bilingue à parité horaire)
L'enseignement extensif
C'est sur cet enseignement que la stratégie de familiarisation et de sensibilisation à la langue se fonde. Dans l'académie 79% des élèves recevaient cet enseignement en 1999, ils étaient 85% en 2002 et 95% en 2005. Selon l'enquête annuelle du rectorat 98.67% des élèves de Haute Corse reçoivent cet enseignement en 2006-(contre 96.64% en 2005). Pour être plus précis encore (toujours d'après l'enquête académique) 159 élèves de Haute Corse n'ont pas eu d'heures d'enseignement en langue corse contre 1005 en Corse du sud.
De fait plusieurs problèmes se posent à propos de cet enseignement : Normalement il consiste en 3 heures hebdomadaires. Or en Haute Corse il sont 45% à recevoir trois heures ou plus et 34% en Corse du Sud. La principale difficulté tient à la disponibilité des maîtres corsophones ou habilités à enseigner dans d'autres classes que la leur, en échange de service. Dans l'académie seuls 87 enseignants acceptaient un échange de service (50 en Haute Corse) pour un total de 186 heures (153 en Haute Corse). Le nombre de maîtres déclarant ne pas pouvoir enseigner le corse est passé de 27% en 2000 à 38% en 2005. Cela conduit parfois à faire intervenir des intervenants extérieurs qui n'offrent pas les mêmes garanties pédagogiques qu'un maître habilité. Sur les 285 interventions extérieures recensées en janvier 2006 par l'enquête rectorale 85 avaient eu lieu en Haute Corse pour un total de 186 heures hebdomadaires (488 au plan académique). Pour résumer ce premier point, il faut indiquer que les progrès viennent d'être rapides en Haute Corse, même si l'objectif des trois heures systématiques est encore à atteindre. Cet enseignement ne pose pas problème aux parents, aux élus non plus qu'aux élèves. Les réticences des enseignants doivent être analysées et les solutions recherchées au sein de l'école, voire entre des écoles proches lorsque cela est possible. Il conviendra que dans un avenir proche l'école trouve en son sein les ressources nécessaires à cet enseignement. A propos des sites bilingues :
Il existe 40 sites bilingues dans l'académie pour 58 écoles (30 en Corse du sud et 28 en Haute Corse). Les ouvertures de sites ont été lentes mais continues sur les dernières années : 3 ouvertures en 2000, 2 en 2001, 4 en 2002, 2 en 2003, 6 en 2004, 4 en 2005 et 3 en 2006. Pour la rentrée prochaine ce sont 7 sites nouveaux qui ouvriront dans le seul département de Haute Corse (Corbara, Aregno, Ile Rousse, Vescovato, Pietrapola, La Porta, Oletta) auxquels s'ajoutera la direction de l'école maternelle de Toga (secteur de Giraud) et deux classes à l'école de Prunelli Capanelle si les enseignants de l'école acceptent de ne pas lier leur accord à la création d'un poste supplémentaire d'enseignant.
Le travail accompli par les IEN et les conseillers pédagogiques de circonscription a donc très largement porté ses fruits puisque ouvriront à la rentrée prochaine autant de nouveaux sites que lors des quatre dernières années. Le travail résulte des rencontres avec les enseignants, les parents et les élus qu'il a fallu informer, convaincre.
Inversement lorsque ce travail n'a pu être entrepris l'opposition des équipes pédagogiques a été nette et immédiate. C'est ainsi que le travail sur la carte scolaire de la rentrée 2007 a conduit à prévoir l'ouverture de classes à l'école Desanti et à Calloni. Ces mesures ont été présentées au CTPD le 14 février dernier et ont entraîné les réactions d'opposition que l'on sait, y compris d'équipes pédagogiques qui peuvent partager l'idée générale de l'intérêt des sites bilingues. Le CDEN du 5 mars 2007 a pris en compte cette opposition puisque aucun élu, aucun représentant de parents ou des personnels ne s'est opposé au retrait des mesures proposées par l'inspecteur d'académie. Par contre trois postes ont été fléchés (l'un à Furiani, et deux postes de titulaires remplaçants).
Sur l'ensemble des secteurs de collège on trouvera donc l'an prochain une école bilingue ou à double filière. Mais l'essentiel est plutôt ici d'amener suffisamment d'élèves en CM2 pour permettre l'ouverture d'une 6ème bilingue dans de bonnes conditions (entre 22 et 26 élèves si possible).
A propos des centres d'immersion linguistique
Les trois centres se trouvent en Haute Corse (Bastia, Loretto et Savadhju). Bien qu'ouverts à tous les enfants de la région ces centres accueillent davantage d'enfants de Haute Corse que de Corse du Sud.
L'IA-DSDEN de Haute-Corse, Michel Reymondon
Le 26 mars 2007
Le document original peut être téléchargé en suivant ce lien (format doc (voir le site)
Aller sur le site de l'Inspection Académique de Haute-Corse (voir le site)