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« Mille et une Bretagnes et portraits de colonisés » , aucun peuple spécifique invité cette année mais l'humanité entière des minorités ethniques : le Festival du film de Douarnenez du 18 août au 25 a fêté son trentième anniversaire dans un " partage d'images d'un siècle de cinéma en Bretagne " et… dans les colonies, qu'importe la nationalité du colonisateur.
Huit jours de rencontres, de débats, de films muets, noirs et blancs ou sonores et colorés, images terribles et sans fioritures ; une éloquente exposition à la médiathèque affiche un titre provocateur : « Bécassine et Banania » . Saisissants parallèles du Breton et du noir dans la presse d'hier qui font que la « réclame » d'autrefois vient en boomerang aujourd'hui qui met en évidence des mépris identiques : une expo conçue par le chercheur Ronan Dantec.
Quatre écrans pour rompre les silences de la répression coloniale
Un écran de plus - avec celui de la médiathèque ouverte cet hiver – a porté ce festival de grande qualité.
« Le silence du fleuve » de Mehdi Lallaoui et Anne Tristan est l'enquête autour de la répression sauvage à Paris – et censurée - d'une manifestation pacifique des Algériens travaillant en France, en pleine guerre d'Algérie. Matraqués, les corps furent jetés dans la Seine… « L'insurrection de l'Ile Rouge » de Danièle Rousselier ou encore « L'évangile selon les Papous » de Thomas Balmès, les luttes des Amérindiens dans les Andes, des aborigènes, le néocolonialisme…
Il est impossible de citer tous les films, ces regards sur « l'ailleurs » et un siècle qui fut d'une si lourde violence.
Toutefois une mention spéciale pour cette projection étonnante de films muets en noirs et blancs du début de XXième siècle, tournés pour et à la gloire du colonialisme ! Les bobines mises bout à bout de cette « Chronique coloniale, Mother Dao, » de Vincent Monikendam, soulignées par des poèmes dits dans la langue du pays et venant en sous-titrages sur un fond musical discret, ont déroulé la misère criante de ces peuples écrasés, la culture bafouée.
« Bretons vus d'ailleurs, Bretons par eux-mêmes »
La Bretagne a inspiré et inspire toujours les cinéastes : tout au long du siècle passé « le pire côtoie le meilleur » ; une pépite avec « Finis Terræ » de Jean Epstein (1928) projeté à l'extérieur mercredi, place E. Vaillant. Toute la magie du muet sur une toile que le vent faseye ; le cliché qui revient, mais aussi ces classiques des luttes des années 70 : « Des pierres contre des fusils » de Nicole et Félix Le Garrec, « marée noire et colère rouge » de René Vautier, qui n'ont pas pris une ride. Et puis cet autre, « cochon qui s'en dédit » de Louis Le Tacon et Thierry Le Merre. Un film, sans doute le premier, qui déjà en 1979, dénonce le productivisme destructeur.
Beaucoup de films courts, de documentaires, d'enquêtes filmés sur le vif, au cœur de l'action, mais peu de films longs : pour cause de centralisme culturel, hors de Paris les moyens sont comptés. Cependant lors d'un débat Erwan Moallic, l'une des nombreuses chevilles ouvrières de ce festival de bénévoles, avec Caroline Troin, constate, « Il y a en ce début de siècle comme un road-movie breton qui peu à peu prend corps avec des longs-métrages : « Western » de Manuel Poirier, « Dancing » de Pierre Trividic, ou « Microclimat » de Marie Hélia. Nous, on y croit très fort. » dit-il.
Ce fut un magnifique anniversaire « en bottes de sept lieues par tous les continents » . La toile reste tendue : l'an prochain elle recevra les images des différents pays du Caucase.
Pour tout autre renseignement : www.festival-douarnenez.com
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