Samedi se tenait a Ploemeur l'assemblée générale du Conseil Culturel de Bretagne (CCB Kuzul Sevenadurel Breizh). Le Conseil Culturel qui représente 50 associations milite pour la sauvegarde de la culture bretonne . Son président, M. Patrick Malrieu a reconnu que des avancées avait été faites mais qu'il restait beaucoup à faire . Il a demandé à M. Le Drian, le président du conseil régional, qui était invité aux débats, de faire voter un pendant pour la culture à ce qui a été voté en 2004 pour la langue bretonne. Si la langue fait bien partie de la culture, il est évident qu'une culture est bien plus qu'une langue dit-il. Pour Le Drian " la langue n 'est pas tout mais elle est le début de tout, si nous ne preservons pas notre langue, le reste ne suivra pas " a t'il déclaré. Il reprenait ainsi l'adage bien connu des militants Hep brezhoneg, breizh ebed.
Effectivement depuis le début de son mandat, c'est là que le président du Conseil régional a mis son poids -- avec des aides signifiantes par exemple à l'Office de la Langue Bretonne ou aux créations audio-visuelles en langue bretonne. Le conseil culturel a rappelé que les association ont par contre perdu 15% en subventions en 6 ans et qu'elles ne sont pas mieux loties que sous la précédente administration. Jean Yves le Drian de son côté a déclaré avoir subordonné la signature du contrat état-region à une aide à la langue et la culture bretonne.
La culture bretonne c'est quoi ?
Au cours d'un entretien téléphonique avec ABP, Malrieu a repris la définition de UNESCO : "La culture est l'ensemble des trait distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle engloutit outre les arts et les lettres, les modes de vivre ensemble et les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances." A cela on pourrait ajouter les objets et les technologies transmises de génération en génération inclus dans la définition Larousse. Dans la culture, comme dans l'identité, il y a une dimension intemporelle, un aspect de transmission au delà du simple goût ou déclinaison d'une génération. On comprend que la culture bretonne va très au delà des coiffes bigoudènes, des gavottes échues d'un monde rural révolu, ou même les galettes de blé noire. C'est quelque chose de bien plus profond qui inclut une façon de penser, des valeurs, des liens sociaux et des archétypes ancrés dans l'inconscient collectif.
L'enseignement de l'histoire est primordial.
Pour le docteur Melennec, un chercheur independant, la connaissance et transmission de l'histoire d'un groupe humain qui a partagé pendant des siècles, parfois des millénaires, les même événements, les même thèmes, les même peines et les même joies, est essentiel à la survie d'une culture. "L'enseignement de l'histoire est primordiale. Il reste à nos élus d'en prendre conscience", dit-il. Joseph Le Bihan avait déjà réiteré cette demande de l'enseignement de l'histoire de Bretagne lors de l'Assemblée génerale de l'Institut Culturel qui s'etait aussi tenue a Ploemeur en 2006. Beaucoup se demandent comment Jean Yves Le Drian, ancien professeur d'histoire lui-même, n'a pas pu faire voter quelque chose à ce sujet?
La culture bretonne comme ciment de la cohésion sociale et symbole de la diversité face à la monoculture mondiale
Pour Patrick Malrieu, la culture est un choix de société . Il voit la culture régionale, d'une part comme le dernier rempart face a la déconstruction sociale française à laquelle on assiste dans les banlieues et, d'autre part, comme le dernier rempart devant la domination d'une monoculture anglo-saxonne mondialisée. Le choix est selon lui, entre un monde standardisé et monocultural, et un retour au dynamisme et au ciment de cohésion sociale que sont les cultures régionales . Affirmer la culture bretonne s'est selon lui affirmer la diversité. La diversité culturelle serait essentielle à la survie de notre civilisation, comme la diversité génétique serait essentielle à la survie d'une espèce animale.
ABP/PFA
Philippe Argouarch