Un épisode supplémentaire, ce jeudi 14 décembre, dans l'histoire déjà riche de l'affaire Seznec. Le dernier ? À quelques heures de l'arrêt de la cour de cassation prononçant la non réhabilitation de Guillaume Seznec, le petit-fils du bagnard nous livrait ses confidences. Denis Seznec promettait "un jour historique pour la Bretagne". Un témoignage plein d'émotions à découvrir sur ABP et sur Blog Breizh
Denis Seznec, nous voilà à quelques heures du verdict tant attendu…
Denis Seznec :Vers 16 ou 17 heures, une seule phrase va clore l'affaire ou conforter le jugement de 1924. Si la Justice décharge la mémoire de Guillaume Seznec, ce sera un grand jour pour la Bretagne, une grande victoire.
Quel soutien des Bretons attendez-vous ?
DS Les drapeaux bretons seront au Palais de Justice de Paris ainsi que le bagad de la Mission Bretonne, les Tri Yann, les Terre Neuvas et EV. Quand on est soutenu par des Bretons, généralement on tient le bon bout. Ce sera un jour historique pour la Bretagne.
Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous aujourd'hui ?
DS Très anxieux et très confiant à la fois. Très anxieux car nous sommes à la merci d'un vote à bulletins secrets. Je suis dans la situation d'une personne qui va se faire opérer du cœur avec 99,9 % de réussite et 0,1 % d'échec. C'est la première fois que les plus hauts magistrats sont appelés à déjuger d'autres juges et à désavouer le peuple français. Ils n'ont jamais reconnu une erreur de cette façon-là. Très confiant, car les professionnels sont persuadés que la réhabilitation va avoir lieu. Je reste tout de même très prudent.
Et si le verdict est négatif ?
DS Si par malheur, c'est non, ça va être terrible pour la Justice qui se discréditera. Beaucoup plus que pour moi. Ce serait une folie furieuse de sa part. Ce que j'aurai alors à dire ce jour-là ne serait pas agréable pour tout le monde. Même si la réhabilitation n'est pas prononcée officiellement, c'est déjà gagné moralement. Le laboratoire scientifique de la gendarmerie a reconnu que la police a fait des faux. L'avocat général de la cour de cassation a dit sa profonde conviction de l'innocence. Il n'existe pas de preuve de la culpabilité de Seznec. Mon grand-père était déjà réhabilité aux yeux de l'histoire et de l'opinion.
Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur la justice française ?
DS Si la Justice réhabilite mon grand-père, elle remontera dans mon estime. Dans le cas contraire, … Sans une famille opiniâtre comme les Seznec, sans moyen de payer de grands avocats, la justice est une vaste loterie. Je me rappelle avoir entendu Benoît Duquesne dire à l'antenne d'Europe 1 : « Ce n'est pas Seznec qui n'a pas eu de chance, mais la justice qui est tombée sur des Bretons. »
Qu'est-ce que ce long combat vous a appris sur vous-même ?
DS Ce combat a fait ressortir mon caractère de Breton de Cornouaille qui fait dire que lorsqu'on se cogne la tête contre un menhir, c'est la pierre qui se fend. Même si je m'exprime comme un Parisien avec ce débit assez vif, j'ai un caractère très breton par ce côté opiniâtre dans la cause que je défends. Lorsque vous portez le nom d'une famille comme la mienne, vous avez l'obligation de ne pas les trahir sur le plan moral. Ne pas mentir, ne pas transformer la vérité, c'est ma plus grande découverte.
Quels sont vos projets après le 14 décembre ?
DS Si le verdict est positif, je compte me marier, probablement en 2007. Ce sera une grande fête. Il y aura un bout de Bretagne à Paris. J'inviterai Le Lay, Poivre d'Arvor, Pinault, Lebranchu et tous les Bretons que vous connaissez. Enfin, enfin, enfin, je vais vivre pour moi-même. Mais, je préfère ne pas trop en parler, car je n'ai pas encore gagné. Pourvu que je gagne !
Avel mad, bon vent Denis Seznec.
Propos recueillis par Ronan Le Flecher
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