Des prises de position d’élus qui sentent les prochaines échéances électorales
Nous sommes à la veille de plusieurs échéances électorales pour les départements et les régions. Les partis politiques traditionnels comme disent les nationalistes corses fourbissent leurs armes et montent au créneau sur plusieurs sujets qui leur paraissent porteur en termes de votes potentiels en leur faveur. Le Prince de Machiavel qui était le livre de chevet de de Gaulle et Mitterrand semble être partagé par beaucoup d’élus, aujourd’hui.
Il en est ainsi de la réunification de la Bretagne. Nous sommes heureux de voir monter au créneau des associations telles que A la Nantaise et maintenant A la Bretonne. Ils semblent profiter d’un bon écho dans les médias français en Bretagne. Ouest-France particulièrement leur ouvre facilement ses pages. Nous en sommes heureux pour eux mais quand on connaît l’ostracisme de cet organe de presse envers le mouvement breton, on peut s’étonner de ce retournement. Peut-être sentent-ils le vent tourner comme les élus en Bretagne ?
Ça c’est la version optimiste !
Bien sûr si j’écris ces lignes c’est que j’ai une certaine expérience. En 1980 à 21 ans j’étais insoumis breton, embastillé et adopté par Amnesty International et à 50 ans en 2008 je devenais, par accident, maire de la Remaudière en Pays du Vignoble Nantais. Commune de 990 habitants à l’époque et je finissais mon unique mandat avec une population de 1284 habitants.
Ce fut le combat contre une usine TMB -Tri Mécano Biologique- qui me propulsa très rapidement à la tête d’une liste pour la mairie. Les Renseignements Généraux ne virent rien venir et contre toute attente je fus élu. Je devais payer très cher ce mandat mais c’est une autre histoire que je raconterai plus tard.
Sachez toutefois que Ouest-France commença à me dézinguer 1 an avant les élections municipales de 2014 et continua pendant ces 6 dernières années.
Pour OF je devenais un maire UDI et ce journal le répétait à l’envie à dessein, ne voulant pas être accusé de faire la peau à un militant breton ! Pourtant, je ne pris cette carte qu’une année en rencontrant Joël Guerriau alors conseiller général et maire de St Sébastien sur Loire, bien connu pour sa position intangible en faveur de la réunification. C’est lors d’un mariage d’amis en sa mairie où je faisais la version en langue bretonne de la cérémonie ceint de l’écharpe Gwenn ha Du que je faisais sa connaissance. Je l’ai soutenu pour les sénatoriales et une fois élu il est intervenu au Sénat en faveur de la réunification… puis plus rien !
Puis je refusais d’être en position éligible aux élections régionales des pays de Loire, la condition qui m’avait clairement été signifiée étant : « La Bretagne tu oublies » .
L’ancien insoumis breton, refusant de servir l’armée française, n’est pas à vendre !
Ces thèmes porteurs, telle que la réunification de la Bretagne, deviennent parfois des thèmes interdits d’aborder lorsque son parti détient le pouvoir au niveau de l’État. Il en est ainsi de la réunification de la Bretagne. Surtout en région d’État des pays de Loire où l’ordre anti-breton règne.
Alors, si la région administrative de Rennes ou région d’État -vous aurez compris que je me refuse d’appeler « Bretagne » cet amalgame de 4 départements de leur république- donc si ce Conseil régional crée des liens avec Nantes c’est qu’ils sont tous deux dirigés par le PS, parti politique moribond qui espère retrouver son lustre d’antan avec la déconfiture possible de LREM. Leur agitation récente, alors qu’à Rennes la mise en place des 13 points proposés par Bretagne Réunie au bout de 4 ans n’est toujours pas actée, ne peut qu'interpeller. Ces treize points faciles à appliquer devaient renforcer les liens entre la RAR -Région Administrative de Rennes-et la Loire-Atlantique. Une subvention substantielle devait aussi être versée à BR Bretagne Réunie.
Rien de tout cela n’a été fait.
Faut-il en déduire que toute cette agitation entre Nantes et le CR à Rennes ce n’est que du vent ou plutôt une stratégie électorale ?
Si la région d’État des pays de Loire était aux mains des PS-Verts seraient-ils aussi volontaires ?
Car si le président de la République et le gouvernement étaient PS-Vert cela aurait du sens et on pourrait espérer. Ce n’est pas le cas et étant dans l’opposition au niveau hexagonal, ils ne s’interdisent rien puisque les promesses d’aujourd’hui ne les engagent en rien si ce n’est à faire endosser la responsabilité du blocage à Macron et à Le Drian, chose utile pour empêcher ce dernier de revenir aux affaires en Bretagne !
Nous assistons donc à une opération machiavélique dans la pure tradition française.
Bretons, militants bretons, nous sommes tellement naïfs !
Après 35 ans de notables gaullistes, 40 ans de notables PS aurons-nous demain une nouvelle génération de notables roses-vert ou pastèques, vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur, mais surtout nouveaux notables français en Bretagne ?!
On peut le penser lorsque l’on voit avec quelle facilité les élus de tous bords se soumettent à l’ordre établi !
Ainsi, pendant longtemps l’élu du vignoble nantais qui représentait le combat pour la réunification était Franck Nicolon. Conseiller municipal d’opposition puis adjoint EELV au maire PS de Clisson, il continuait à défendre la réunification. Ensuite il devint de nouveau conseiller municipal d’opposition face à un maire LR qui n’a jamais caché son opposition à toute idée bretonne, sa culture étant d’autre part limitée.
Franck Nicolon est devenu conseiller régional des Pays de Loire.
A l’occasion des signatures de la pétition pour la réunification je le croisais à Clisson lors du nouvel an du muscadet en novembre 2018. Je le sollicitais pour signer et c’est en ces termes qu’il me dit :
- Ce n’est plus une question d’actualité. Je suis conseiller régional et nous réalisons un travail formidable, pour les lycées et pour de nombreux dossiers qu’il faut faire avancer.
Ma réponse fut :
- Tu sais Franck, moi je devais être en position éligible sur la liste avec l’UDI. J’ai refusé car il me fallait renier notre combat pour la Bretagne réunifiée.
Sa réaction :
- Bon, je vais te la signer cette pétition.
Je peux citer aussi Maurice Perrion de l'UDI, maire de Ligné -44- et Vice-Président du CR des Pays de Loire ex signataire de la charte des élus pro b5 en 2002 et maintenant hostile à la réunification.
La liste des reniements pour cause de carrière politique serait très longue si je voulais qu'elle soit exhaustive.
A Nantes c’est Le Teuff, un vert EELV, qui est nommé adjoint aux affaires bretonnes par Johanna Rolland. Il a adhéré à Bretagne Réunie un an avant les municipales et avec quelques acolytes a envahi les réseaux sociaux et les médias locaux avec l’association A La Nantaise puis en prenant les commandes du comité local de Nantes de Bretagne Réunie.
La maire de Nantes manœuvre parfaitement, dans la droite ligne de son maître à penser, Jean-Marc Ayrault, élève de Machiavel donc. Ainsi, elle nomme un PCF adjoint à la culture.
Stratégie qui permettra de réduire à néant toute tentative de l’adjoint EELV d’avancer sur la question bretonne. Cette longue liste d’adjoints nantais est un peu comme une liste à la Prévert. Fait de tout et de son contraire. Ils s’annihileront les uns les autres, en tout cas pour les dossiers bretons c’est à craindre. L’adjoint UDB Pierre-Emmanuel Marais aura fort à faire lui qui n’est qu’à la 19e place sur 26 adjoints.
En conclusion, Bretagne Réunie a réussi l’exploit de réunir 105 000 signatures manuelles sur papier pour sa pétition. A travers les dernières décennies, un travail formidable a été réalisé. La commission Balladur avait acté la réunification dans son rapport, confortée par un sondage qu’elle avait diligenté qui donnait la Bretagne comme première région pour son sentiment d’appartenance et 67 à 68 % favorables à la réunification, respectivement en région administrative de Rennes et en Loire-Atlantique.
Ce résultat, on le doit à Bretagne Réunie qui avait organisé une rencontre avec des personnalités bretonnes et approché Balladur.
Malheureusement un journaliste avait diffusé l’information prématurément.
Grâce à cette information, Jean-Marc Ayrault aidé par Mauroy ont réagi en activant leur réseau et ont fait retirer la préconisation du rapport de réunifier la Bretagne. Sarkozy n’y était pas du tout opposé, lui qui travaillait sur un projet de conseiller territorial qui devait être à la fois conseiller départemental et conseiller régional. Façon adroite d’aller vers la fusion départements-régions car la suppression de postes d’élus ne pouvait se faire que de cette façon afin d’éviter la fronde des rémunérés !
D’aucuns disent que Balladur a cédé sous la menace de faire ressortir l’affaire de Karachi, ce financement occulte de sa campagne électorale de 1995 sur la vente d’armes au Pakistan et qui entraîna la mort de nombreux ingénieurs français.
L’affaire de Karachi doit son nom à l’attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la direction des chantiers navals (ex-DCN) qui travaillaient à la construction d’un des sous-marins Agosta vendus au Pakistan. L’enquête antiterroriste a exploré depuis 2009 la thèse – non confirmée – de représailles à la décision de Jacques Chirac, vainqueur d’Edouard Balladur à la présidentielle de 1995, d’arrêter le versement de commissions pour ces contrats après son élection.
Sous la présidence Hollande, faire croire qu’il y avait un espoir de réunification est un mensonge.
La volonté de la haute administration française était bien de faire d’immenses régions afin de noyer les identités des minorités nationales, Alsace dans Grand Est par exemple. Suivant ainsi la ligne nationaliste française de domination initiée par les révolutionnaires de 1789.
A cette époque, la France étatique fragmente et crée des confettis de cantons et de départements sous la vigilance et l’ordre étatique des préfets qui remplacent les gouverneurs de l’ancien régime. Puis en 2014, les hauts-fonctionnaires, héritiers de la révolution, noient les minorités dans d’immenses régions.
Quant au retour aux années 60 de l’ordre préfectoral, il est acté par ce pouvoir actuel dans sa loi de déconcentration qui fait de nouveau de l’élu un supplétif du préfet – pour ne pas employer un terme plus fort et plus direct- et qui transforme un président de département ou de région en subalterne du préfet. Ce dernier, est-il utile de la rappeler, étant un fonctionnaire obéissant aux ordres du pouvoir central à Paris.
Tout cela accompagné par une forte augmentation des rémunérations des élus. On appelle cela des indemnités. La soumission ça s’achète. L’État français l’a toujours compris, que ce soit sous les rois ou les républiques.
La pétition des 105 000 signatures manuscrites sur papier organisée par Bretagne Réunie a démontré que cette cause restait plus que jamais populaire auprès des Nantais. Elle a aussi intéressé le milieu politique politicien qui dans sa démarche marketing d’étudier le marché et les attentes des consommateurs a vu là l’opportunité de gagner des voix.
La réunification de la Bretagne comme la langue bretonne est un bien commun à tous les Bretons. Elle ne doit pas être instrumentalisée par des partis politiques français en quête de voix aux élections.
Quant à Bretagne Réunie qui a toujours su réunir les Bretons par-delà les clivages partisans, elle doit rester dans son rôle et les militants bretons doivent être vigilants afin d’éviter que des tentatives de récupération par des partis politiques français mettent à mal son combat.
Une fois ce danger écarté, il faudra réactualiser la stratégie. Je pense qu’il faut durcir le combat, exiger un décret présidentiel. Le président détient le pouvoir d’un monarque absolu avec cette Constitution de 1958. Le cynisme, le machiavélisme et la puissance de certains réseaux clairement liberticides, farouchement anti-bretons souhaitant notre mort en tant que peuple ne peuvent nous faire prendre le risque d’un référendum. Avec le relai des médias c’est une tempête de haine, de mensonges, d’opérations barbouzes et de manipulation de l’opinion publique qui s’abattrait sur la campagne pour un oui à la réunification. Je ne cautionnerai pas une telle aventure car je me refuse d’être moralement un des responsables en cas d’échec avec la conséquence de pérenniser pour longtemps une Bretagne écartelée.