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Pierre-Yves Jestin (à droite) "Chez Savéol, nous avons pris une avance certaine avec notre démarche sans pesticides, n'en déplaise aux donneurs de leçons. Nous allons dans la bonne direction." A gauche, le producteur Adrien Quentel.
- Reportage -
Le hors-sol et le bio vont t'ils sauver l'agriculture bretonne ?
ABP a visité SAVEOL (lever de soleil en breton), une Société coopérative spécialisée dans la production de fruits et légumes. Crée en 1962, elle est devenue au fil des ans le premier producteur de tomates en France
Par Philippe Argouarch pour ABP le 21/04/18 5:17

Pour l'élevage et la production laitière bretonne, beaucoup de choses les ont rendues de moins en moins compétitives. En particulier, le marché agricole est devenu mondial. Cette mondialisation a amené une forte dose d'instabilité des prix et des marchés. Les cours du mouton, du porc et du lait dépendent de ce qui se passe en Nouvelle Zélande, en Allemagne ou aux Pays-Bas ! Si l'élevage et la production laitière sont malmenées, pour les maraichers de la ceinture dorée du Léon et au-delà, les productions restent rentables car elles ont su s'informatiser et se moderniser et la traçabilité plait aux consommateurs. Les produits frais ne peuvent pas vraiment être mondialisés et le marché reste cantonné à l'Europe et le Maroc. Plus çà vient de loin, moins c'est frais ! Sauf que pour les tomates, les producteurs ont réussi à développer des variétés de longues conservations (environ 25 jours pour les tomates hors-sol marocaines qui sont exportées jusqu'en Europe centrale).

Les producteurs de fruits et de légumes bretons se convertissent de plus en plus à des productions bio ou sans pesticides avec un développement prometteur dans le hors-sol . D'autant plus que le frais présente une traçabilité que les produits carnés de l'alimentation industrielle n'offrent pas malgré les demandes répétées de la FNSEA pour que l'Europe légifère sur le sujet. Si vous achetez une boîte de chili con carne vous n'avez aucune idée d'ou vient le boeuf ou même si c'est vraiment du boeuf. Tout au contraire, le client peut choisir ses fruits et légumes, choisir du local, des marques "Produit en Bretagne" ou des circuits courts. Il sait que les tomates SAVEOL ou PRINCE de BRETAGNE, sont produites ici et pas en Andalousie ou au Maroc. Même si d'autres peuvent produire moins cher, le consommateur reste sensible au local. Il a confiance dans des produits issus de son terroir et quand le hors-sol pourra produire des tomates avec les mêmes qualités gustatives que les tomates cultivées en pleine terre, la partie sera gagnée pour les tomates bretonnes.

La Bretagne, premier producteur de tomates en France

ABP a visité SAVEOL (lever de soleil en breton), une société coopérative spécialisée dans la production de fruits et légumes. Créée en 1962, elle est devenue au fil des ans le premier producteur de tomates en France avec 188 millions de chiffre d'affaire. SAVEOL regroupe 130 maraîchers de la région brestoise et est basée à Plougastel-Daoulas. Elle produit tomates, fraises, concombres et même salicornes. Les tomates représentent 90% de la production, soit 80 000 tonnes par an. En pleine saison elle emploie jusqu'à 800 personnes. A Guipavas on produit des tomates de mars à fin octobre avec des plants qui peuvent atteindre 8 mètres de long. Les plants qui poussent à partir d'un substrat de fibres de noix de coco, sont effeuillés et enroulés manuellement régulièrement pour permettre la cueillette à hauteur d'homme. Un plant produit environ 25 kg de tomates.

SAVEOL fait partie de Produit en Bretagne et a aussi obtenu le Label rouge pour ses fraises, les fameuses garriguettes de Plougastel.

Sans pesticides

Les immenses serres de Guipavas s'étendent sur 21 600m2 . Elles devraient passer à 35 000 m2 fin 2019. Ici on produit des tomates hors-sol sans pesticide "qui ne peuvent êtres classées bio car les règlements européens interdisent le label bio aux cultures hors-sol" explique Pierre-Yves Jestin, le président de Saveol. L 'hors sol présente pourtant des tas d'avantages, pas besoin de désherbant genre glyphosate et pas de contamination par le sol. Un contrôle total du micro-climat de la serre par ordinateur permet une optimisation de la production. Les serres sont en verre et la lumière peut être filtrée. Des vitres avec des cellules photovoltaiques transparentes sont à l'étude. On est loin de la pollution des terres par des déchets de feuilles de plastiques qu'on trouve à tout bout de champs et jusque sur les plages en Andalousie.

Des fermes d'insectes

Pour éviter l'utilisation de pesticides, SAVEOL a introduit le concept de contrôle biologique par des insectes. Pour lutter contre la mouche blanche qui pond ses oeufs sur les feuilles des plants de tomates et les affaiblis, SAVEOL gère une ferme à insectes. La ferme produit des macropholus . Le macropholus mange les oeufs du ravageur et même les mouches blanches. Le haut des serres est aussi garni de pièges aux insectes ravageurs. La ferme produit aussi les bourdons, les bons gentils bourdons nécessaires à la pollinisation des fleurs de tomates pour en faire des fruits.

Energies renouvelables et recyclables

En hiver il faut chauffer les serres. Saveol a diminué sa consommation d'énergie de 40% en 10 ans et 18% proviennent aujourd'hui d'énergies renouvelables. 35% est produite par la cogénération de gaz naturel. Le reste est produit par des chaudières conventionnelles et le gaz carbonique produit est réinjecté dans les serres pour y favoriser la photosynthèse.

SAVEOL montre que la Bretagne a encore des cartes à jouer dans la production agricole. Que ça soit l'industrie des algues, une de nos ressources naturelles pleine d'avenir ou des productions de légumes frais tirant profit d'un climat très tempéré où il ne gèle pratiquant jamais et où les pestes ravageuses sont moins prolifiques que dans les pays plus chauds, le végétal est une terre d'avenir.

modifié le 24/04/2018

Cet article a fait l'objet de 1610 lectures.
logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 4 commentaires
Paul Chérel Le Samedi 21 avril 2018 10:03
Bonne "leçon de choses" ! C'est ainsi que l'on appelait les "Sciences de la Vie de la Terre (SVT)" dans des temps devenus anciens. Egalement, bonne pub pour la Bretagne et ses productions. Un bel exemple à suivre pour les périodiques qualifiés de bretons que dévorent chaque jour les Bretons au petit déjeuner. Merci pour avoir rectifié la signification du nom SAVEOL dans lequel certains informateurs journalistiques avaient cru voir une référence écolo au vent faisant tourner des EOLiennes. La Bretagne, sur le plan agricole, a son savoir-faire et peut rester compétitive sans trop se laisser envahir (embobiner) par les fantaisies élucubrées par de prétendus écologistes, seuls protecteurs de la NATURE. Peut-être lui manque-t-il tout simplement de bons commerciaux qui savent vanter et vendre ses produits URBI et ORBI ?
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jo charruau Le Samedi 21 avril 2018 17:43
C'est la bonne direction pour notre agriculture. Nous devons nous démarquer de la production de masse car il y aura toujours des pays qui produiront moins cher avec cette mondialisation rampante et le libre échange.
j'ai toujours été bercé dans la production des fruits (pommes).
La production et la transformation représentent la moitié du parcours (50 %). L'autre moitié est représentée par le conditionnement et la vente du produit. Ce raisonnement n'est pas toujours admis y compris chez les producteurs, habitués à produire, produire. Il faut aussi comprendre, à sa décharge, que l'agriculteur ne décide pas le prix de vente de ce qu'il produit ( excepté pour les circuits courts).
Et le bon écoulement des produits est primordial pour assurer un revenu pérenne au producteur. Je pense qu'il faut privilégier - sur les emballages destinés aux consommateurs- le marque Bretagne connue internationalement et aussi l'hermine stylisée qui correspond.
Il y a eu -il y a quinze ans- une étude réalisée chez Leclerc-Rezé (44) portant sur des bouteilles de muscadet présentées en deux rayons . Un rayon avec des bouteilles herminées, les autres avec des étiquettes ordinaires. Au bout de deux jours il a fallu ravitailler le rayon des bouteilles herminées. Il en manquait toujours. L'étude a duré deux mois et il restait des bouteilles ordinaires présentes depuis le départ.
Il a été constaté que les bouteilles estampillées avec une seule hermine sont parties plus vite que celles qui avaient un champ d'hermines. Une seule et grande hermine sur l'étiquette ou l'emballage est plus visible pour le consommateur lambda qui sait reconnaître, d'un coup d'oeil, l'appartenance bretonne du produit présenté. Conclusion : l'Hermine fait vendre. Produit en Bretagne également, etc...
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Emilie Le Berre Le Samedi 21 avril 2018 22:04
Si on peut saluer la démarche sans pesticides, ce qui est une énorme avancée, quand j'ai lu l'article j'ai tout de suite pensé aux recherches de Irakli Loladze. Pour les plus courageux :
Le vivant est très bien fait, le bidouiller peu couter très cher. Le hors sol et l'injection de CO2 peuvent créer des surprises.
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P. Argouarch Le Dimanche 22 avril 2018 09:48
@ Emilie : Merci pour ce lien. Les recherches de Irakli Loladze semblent super intéressantes comme l'article que vous citez et que j'ai lu entièrement. Ce passage résume le tout "Across nearly 130 varieties of plants and more than 15,000 samples collected from experiments over the past three decades, the overall concentration of minerals like calcium, magnesium, potassium, zinc and iron had dropped by 8 percent on average. The ratio of carbohydrates to minerals was going up.". Une des causes de l'obésité mais pas la seule car en plus les industriels en rajoutent dans tout ! Ca affecte aussi la mer et les algues et aussi le pourcentage de protéines. La baisse du zinc me consolide dans ma direction de manger plus de fruits de mer car riches en zinc comme les huitres et les huitres sauvages sont gratuites ici en Bretagne !
L'augmentation du C02 dans l'atmosphère veut aussi dire la diminution de l'oxygène ce qui donne une seconde raison de vivre en Bretagne : il y a plus d'oxygène au niveau de la mer.
En ce qui concerne SAVEOL, je dois confirmer dans quelle proportion le C02 est reinjecté ou si c'est juste un projet.
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