Le 15 décembre dernier, des patriotes bretons demandant la réunification administrative de la Bretagne ont défilé dans les rues de Morlaix, le fief de Madame Lebranchu, ministre de la réforme de l'état, de la décentralisation et de la fonction publique.
C'est au titre de l'acte III de la décentralisation, dont elle a la charge que Madame Lebranchu était interpellée, en particulier par les responsables de Bretagne Réunie.
Nous savons tous ce dont souffre l'administration du territoire dans ce pays, l'empilement des strates, la confusion des rôles quand ce n'est pas leur duplication et les financements croisés sources de gaspillages et d'obscurités préjudiciables à la bonne gestion de l'argent public.
Voici comment le gouvernement actuel se propose d'y remédier.
Création d'un « haut conseil » chargé du dialogue état-collectivités et présidé par le premier ministre.
Mise en place de « conférences territoriales de l'action publique » dans chaque région, associant l'Etat et les collectivités concernées.
Accroissement des responsabilités du « bloc local » c'est-à-dire les communautés de communes et d'agglomération.
Emergence de trois Eurométropoles, Lille, Lyon et Marseille et le Grand Lyon a déjà annoncé sa volonté d'autonomie au sein du département du Rhône.
Seraient créées en parallèle des communautés métropolitaines, nouveaux noms des communautés urbaines de Bordeaux, Grenoble, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse avec des responsabilités accrues.
Le Grand Paris est laissé, pour le moment, à l'écart de ces projets, il est vrai que le gouffre financier qu'il représente, par exemple 32 milliards d'euros pour le « Grand Paris Express », fait sans doute réfléchir le pouvoir.
Finalement, Madame Bricq, ministre du commerce extérieur, veut s'appuyer sur les régions pour promouvoir les exportations nationales, un partenariat état-région a d'ailleurs été signé récemment.
D'où un nouveau niveau décisionnel, s'ajoutant aux plans de l'état, des CCI et des entreprises elles-mêmes, les « plans régionaux pour l'internationalisation des entreprises ».
Il est aussi permis de se demander ce que sera dans ce contexte le rôle des CESER ?
Il est à craindre que cette accumulation de nouvelles structures avec l'embauche des nombreux fonctionnaires qui y seront affectés ne soit pas compensée par des réductions concomitantes au niveau de l'Etat et que tout cela, contrairement à ce que souhaite le premier ministre, n'aille ni dans le sens de « la simplification de l'action publique », ni dans celui « de dépenser mieux ».
Mais il restera toujours la possibilité de faire monter les citoyens de ce pays, encore plus haut sur le podium des contribuables les plus taxés du Monde, voilà au moins un domaine dans lequel ce pays ne craint pas la concurrence !
Il faut souhaiter de tout cœur que les 41% des électeurs inscrits qui ont voté en mai dernier pour l'actuel président de la République se retrouvent dans ce programme d'aménagement administratif du territoire qui n'est, en apparence en tout cas, pas celui que souhaitaient beaucoup des partisans de la réunification administrative de la Bretagne.
Jean Cévaër