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Mur peint LU à Trentemoult (Rezé-lès-Nantes); Maryvonne CADIOU pour ABP.
Mur peint LU à Trentemoult (Rezé-lès-Nantes); Maryvonne CADIOU pour ABP.
Enseigne des Caves du Beffroi  15 rue de la Paix à Nantes. Le beffroi est peut-être le clocher de Sainte-Croix, couronné d'une horloge civile qui fut avant 1848 au Bouffay. Maryvonne CADIOU pour ABP.
Enseigne des Caves du Beffroi 15 rue de la Paix à Nantes. Le beffroi est peut-être le clocher de Sainte-Croix, couronné d'une horloge civile qui fut avant 1848 au Bouffay. Maryvonne CADIOU pour ABP.
Compagnie Phospho-Guano près de la gare d'Issé (Bro Naoned).
Compagnie Phospho-Guano près de la gare d'Issé (Bro Naoned).
Ancienne enseigne de la boulangerie du bourg de la Trinité-sur-Mer - rafraîchie.
Ancienne enseigne de la boulangerie du bourg de la Trinité-sur-Mer - rafraîchie.
Ici jadis était un des chantiers navals de Chantenay. Rue des Usines (partie pavée) à Chantenay-lès-Nantes.
Ici jadis était un des chantiers navals de Chantenay. Rue des Usines (partie pavée) à Chantenay-lès-Nantes.
L'inscription rappelle la présence d'un ancien lavoir municipal près du boulevard Stalingrad à Nantes.
L'inscription rappelle la présence d'un ancien lavoir municipal près du boulevard Stalingrad à Nantes.
Les vêtements de travail du Mont-saint-Michel au Petit-Auverné; confins du pays de la Mée (Bro Naoned).
Les vêtements de travail du Mont-saint-Michel au Petit-Auverné; confins du pays de la Mée (Bro Naoned).
Ce garage est toujours en activité !
Ce garage est toujours en activité !
Mais cette teinturerie-ci n'est plus à rue de la Paix; la société créée en 1958 existe toujours.
Mais cette teinturerie-ci n'est plus à rue de la Paix; la société créée en 1958 existe toujours.
Une peinture durable? L'enseigne restaurée récemment ne nous permet pas d'en juger. La solution est à Rennes.
Une peinture durable? L'enseigne restaurée récemment ne nous permet pas d'en juger. La solution est à Rennes.
Rennes : la peinture Ripolin  ça tient ! A condition d'y mélanger du vin au quinquina Dubonnet.
Rennes : la peinture Ripolin ça tient ! A condition d'y mélanger du vin au quinquina Dubonnet.
Un entrepôt au Pouliguen près du port.
Un entrepôt au Pouliguen près du port. "Prix modérés" dit l'enseigne. Au détail ou pour tout le bâtiment?
Près de la prison à Rennes...
Près de la prison à Rennes...
Vedettes Armoricaines : aujourd'hui  c'est la Penn Ar Bed qui occupe les locaux !
Vedettes Armoricaines : aujourd'hui c'est la Penn Ar Bed qui occupe les locaux !
Capitainerie de Brest : le petit minou rougit...
Capitainerie de Brest : le petit minou rougit...
LU le petit beurre à la conquête de la France. A Orléans  depuis la rue Bannier face à une église dont le saint patron est breton (Saint-Paterne). La rue Bannier est l'axe de la RN20 vers Paris.
LU le petit beurre à la conquête de la France. A Orléans depuis la rue Bannier face à une église dont le saint patron est breton (Saint-Paterne). La rue Bannier est l'axe de la RN20 vers Paris.
- Reportage -
Les murs peints publicitaires de Bretagne : la mémoire du capitalisme sur nos maisons
Les publicités sont maintenant partout, dans les médias comme sur d'envahissants 4x3. Jadis, elles s'affichaient sur les murs, et dans les tunnels du métro, elles étaient peintes pour longtemps, surtout si elles vantaient la résistance d'une peinture.
Par Louis-Benoît Greffe pour ABP le 20/12/11 4:11

Les publicités sont maintenant partout, dans les médias comme sur d'envahissants 4x3. Jadis, elles s'affichaient sur les murs, et dans les tunnels du métro, elles étaient peintes pour longtemps, surtout si elles vantaient la résistance d'une peinture.

Dans la deuxième moitié du XIXe et jusque dans l'immédiat après-guerre, les murs des maisons près des grands axes de circulations - routes de grande importance et voies ferrées – mais aussi de certains hôtels ou de places de centre-ville, se sont ornées de publicités pour des grandes marques de l'époque, comme LU, le petit beurre breton qui s'est lancé à l'assaut de la France. Au-dessus de certains grands magasins, les façades pouvaient être aussi ornées d'enseignes peintes, comme aux Caves du Beffroi, rue de la Paix à Nantes. Enfin, nombre de murs peints se trouvent aussi près des garages, ou encore près d'entreprises de peinture, qui ne perdaient pas une bonne occasion de prouver la durée de vie excellente de leurs peintures, comme on peut encore le voir à Brest, dans le quartier de Recouvrance ou à Rennes, où le Ripolin partage un mur en plein centre-ville avec Dubonnet, Byrrh et autres vins toniques au quinquina.

On trouve des murs peints aux États-Unis, et dans toute l'Europe jusqu'en Russie, avec le développement du capitalisme et des grandes marques. Les reconstructions haussmaniennes ou qui s'en inspirent, le développement des immeubles de rapport créent des grands pignons surplombant des maisons basses ou des rues, espaces privilégiés pour la publicité. Celle-ci est propulsée par les entreprises d'alcools en tous genres, de produits d'hygiène, mais aussi de diverses entreprises locales. A partir de 1943 en France, une loi essaie de lutter contre la prolifération de ces publicités en imposant des contraintes de taille et de hauteur (voir le site) ; des lois similaires sont peu à peu prises dans d'autres pays européens. Après-guerre, le développement de l'affichage publicitaire remplace les murs peints, parfois au même endroit si l'emplacement est bien visible, il n'est pas rare en démontant un 4x3 de retrouver une ou plusieurs publicités peintes au-dessous. Les villes du centre de la France assez figées (Chateauroux, Bourges, Dreux, Orléans) et les vieux quartiers industriels décatis (Paris, Faubourg saint-Antoine, 11e et 12e arrondissements) permettent d'en découvrir des dizaines ! Au milieu des friches urbaines et des usines à l'abandon, le fan d'UrbEx (voir le site) peut faire du tourisme postmoderne au cœur du capitalisme triomphant.

Dans les pays anglo-saxons, on appelle ces publicités délavées des « ghost ads » , des publicités fantômes. On peut trouver sur la Toile de nombreuses photos, notamment en Angleterre (voir le site) (en) ou encore aux Etats-Unis (voir le site) et (voir le site)

Les murs peints sont la mémoire de la vie économique de l'époque. Philippe CÉLERIER l'a bien compris et récolte sur son blog les photos envoyées par de nombreux contributeurs (voir le site) Ainsi, un mur peint route de Rennes près du Pont du Cens à Nantes, au-dessus d'un café, rappelle l'emplacement d'un garage de la Régie Renault, qui est le nom de l'entreprise depuis sa nationalisation en 1945 jusqu'à sa privatisation en 1990. Qui se souvient de la Teinturerie Richard rue de la Paix, si connue qu'elle occupe tout un coin de mur sur la D164 à Nort-sur-Erdre ? Ou encore d'une autre marque bretonne – peut-être bien que oui, peut-être bien que non – celle des vêtements de travail Mont-Saint-Michel ? La marque existe toujours, mais ne fait plus dans le bleu de travail (voir le site)

Et ces usines, vidées, frichues ou presque disparues, mais dont les murs portent encore les lettres de la gloire passée ? De Lecoq à Redon jusqu'aux Ateliers et Chantiers de Nantes, en passant par les Vedettes Armoricaines sur le port de commerce de Brest ou encore un entrepôt quasiment incongru dans le vieux bourg du Pouliguen, face à La Baule et devant le port ?

Les murs peints connaissent aujourd'hui un renouveau. Outre le rafraichissement et la conservation de nombreuses publicités peintes anciennes, la tendance est maintenant aux fresques en trompe l'œil ou encore aux enseignes qui tiennent aussi de l'œuvre d'art. A Nantes, à Rennes ou à Brest, on peut voir des fresques et des trompes l'œil qui redonnent vie aux pignons disgracieux des immeubles : un pignon aveugle sur le cloître saint-Nicolas, à Nantes, est ainsi orné de quelques fausses fenêtres et de deux ou trois non moins fausses échoppes. Quant à la capitainerie de Brest, elle a fait dessiner une carte marine des approches du port. Au visiteur ravi revient l'expression des almanachs du marin, au temps des murs peints, et qui permettait aux gens de la mer de se rappeler du secteur rouge du phare du Petit Minou, à l'entrée du port de Brest quand il couvre une roche immergée, le plateau des Fillettes : Le Minou rougit quand il couvre les Fillettes.


Louis Bouveron

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 3718 lectures.
Délégué départemental de la SPPEF (Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France), association d'utilité publique qui a pour but de défendre, depuis sa création en 1901, le patrimoine historique, architectural et naturel français.
[ Voir tous les articles de de Louis-Benoît Greffe]
Vos 3 commentaires
Yvan Le Gall Le Mardi 20 décembre 2011 07:31
Beau travail, chapeau. Le choix du titre est audacieux " la mémoire du capitalisme sur nos maisons "
Vous êtes un archéologue de la publicité.
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Ar Vran Le Mardi 20 décembre 2011 10:20
La publication d\'un livre à ce sujet se justifierait.
Bravo !
Dans un autre chapitre, il serait intéressant de faire l\'inventaire des murs où sont écrits des phrases nationalistes (cf Pays basque, Irelande, peut être que cela a existé en Bretagne ???)
(0) 
MATHIAS Le Mardi 20 décembre 2011 22:25
un beau trompe-l'oeil aussi à Fougères :
(0) 
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