Un article publié dans La République du Centre du mercredi 14 septembre 2011 en page 48, par Mathieu Villeroy et intitulé « Des engrais naturels bretons » ébauche une solution à moyen terme pour les algues vertes qui empoisonnent les côtes bretonnes.
En effet, en juin 2011 a été inauguré un nouveau site, celui de Geotexia à Saint-Gilles de Méné : cette unité de méthanisation, alimentée par 35.000 tonnes de lisier et 40.000 tonnes de déchets agroalimentaires produira « 13 millions de KWh d'électricité, 4 millions de KWh de chaleur et 5.000 tonnes d'engrais azotés secs » (1).
Le projet a été initié depuis 1995 et est assez connu localement puisque l'implantation du site a fait l'objet d'un soutien sans faille des élus contre les réticences locales, et a été relayé par un article du Paysan Breton en 2002 (voir le site)
Or, ce sont ces engrais azotés, « particulièrement équilibrés en azote, phosphore et potasse » , d'après Dominique Rocaboy, ancien président de la Cuma de Méné et PDG de Géotexia (2), qui intéressent tout particulièrement les agriculteurs de Beauce et de Brie.
Leurs terres sont épuisées par l'agriculture intensive pratiquée depuis près d'un siècle, la nappe de Beauce, qui alimente Paris, est particulièrement polluée par les nitrates ; une cinquantaine de communes de Beauce, aux confins de l'Eure-et-Loir, du Loiret et du Loir-et-Cher, ne peuvent plus boire de l'eau de cette nappe. Diminuer les entrées azotées est donc une nécessité pour la Beauce.
Actuellement, les engrais azotés tirés des algues vertes bretonnes, passées à haute température pendant le processus de fabrication pour permettre leur stérilisation, sont en phase de tests et seront épandus sur plusieurs parcelles de Beauce, de l'Orléanais et de la Brie. Un statut juridique pour le digestat , résidu pâteux ou solide issu du processus de méthanisation et considéré aujourd'hui comme un déchet non valorisable, doit encore être trouvé. À terme, les exploitants bretons envisagent sérieusement de substituer ce digestat formé d'algues vertes valorisées localement aux engrais fossiles (phosphates et dérivés) importés. La Bretagne deviendrait ainsi indépendante dans un domaine de plus et aura transformé un handicap en atout de taille grâce à sa capacité d'adaptation et au foisonnement d'idées dont elle n'a jamais été avare.
Louis Bouveron
Notes :
1 – Plus d'infos sur le procédé de fabrication sur le site de l'entreprise : (voir le site)
2 – Il n'est pas le Dominique Rocaboy est décédé le 4 janvier 2011 et qui fut, lui, président de l'ADAPEI 22 et correspondant de Ouest France : (voir le site)