La poésie est parfois plus forte que la politique et l'économie, dirait Édouard Glissant. Dans les années 70, Storlok ne faisait pas de politique, il parlait du monde en breton, de Bobby Sands, de Jorj Jackson, et de Plogoff.
Quarante ans plus tard, le cheval a blanchi mais il galope toujours : Bernez Tangi a de nombreux projets et de nombreuses colères.
Dans une longue interview en breton, Bernez parle de ses débuts de poète, en français d'abord, de ses années de voyage aux quatre coins du monde qui lui ont "sauvé la vie", de la maladie, des frontières de la folie.
Quatre recueils de poèmes seront édités, ils seront traduits en plus de dix langues, dont Rod an Avelioù traduit intégralement en islandais. Toutes ses expériences se mêlent : le poète est aussi chanteur de rock ou de kan ha diskan, intéressé par toutes les expériences musicales, du slam au reggae, il réunit autour de lui des musiciens différents, et après le disque « Storlok,toujours au top des ventes bretonnes malgré ses 32 ans d'âge »,sort Eured an Diaoul et Lapous an tan.
Il fait le lien entre Taliesin et la période actuelle, poète de l'immémorial, d'un temps antérieur aux hommes, et rockeur d'aujourd'hui qui dénonce, il est aussi amoureux et célèbre à sa façon le printemps et les jeunes filles qui sont piégées par le cadre du miroir. Le bestiaire breton, les métamorphoses, la proximité de la terre et de la nature ne tombent jamais dans la sensiblerie ou l'artificiel.
Planté dans la terre, droit dans ses bottes, Bernez voit le monde comme il est. Il n'est pas là pour donner des leçons, et pour lui la seule façon de sortir de la prison, c'est la création.
Sculptures de la vidéo : Olwen Manac'h