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Gwyn Griffiths au Festival du livre en Bretagne à Guérande en nov. 2007.
Gwyn Griffiths au Festival du livre en Bretagne à Guérande en nov. 2007.
Dr Mary-Ann Constantine.
Dr Mary-Ann Constantine.
Buste de Thomas Price
Buste de Thomas Price "Carnhuanawc".
Jenefer Lowe.
Jenefer Lowe.
Robert Dunbar.
Robert Dunbar.
- Communiqué de presse -
La journée d'études de Cardiff 'Nos cousins celtiques' ou Les langues des pays celtiques, histoire, actualité
La journée d'étude de Cardiff sur le thème ''Nos cousins celtiques'', organisée par la ''Société Carnhuanawc'' a traité du développement de l'irlandais en prison en Irlande du Nord, du voyage en Bretagne de Carnhuanawc le Gallois, de la situation du cornique et du gaélique d'Écosse actuellement, par quatre éminent(e)s spécialistes des langues celtiques, de leur histoire, de leur littérature.
Par Gwyn Griffiths pour Gwyn Griffiths le 29/02/08 22:50

La journée d'étude de Cardiff sur le thème ''Nos cousins celtiques'', organisée par la ''Société Carnhuanawc'' http://uk.geocities.com/ajcouch/Carnhuanawc/ à la mairie de Cardiff le samedi 16 février, a traité des langues des pays celtiques, leur histoire, leur actualité.

Gwyn Griffiths, notre correspondant au Pays de Galles, nous a envoyé le compte rendu qu'il a fait de cette « Day school » , qu'il avait déjà annoncée sur ( voir notre article ).


I — Le 'Jailtacht' ou Comment l'irlandais s'est développé en prison

Un des développements remarquables des langues celtiques est celui de la langue irlandaise, en relation avec ce qui se produisit à Belfast. Son renouveau, a dit Diarmait mac Giolla Chríost, du département de gallois de l'Université de Cardiff, commença au début des années 70 à la prison de Long Kesh(1) en Irlande du Nord.

Il expliqua comment un grand nombre de jeunes nationalistes républicains furent emprisonnés par le gouvernement britannique dans la prison de Long Kesh. Traités en prisonnier politiques, beaucoup trouvèrent le moyen d'apprendre l'irlandais.

La plupart étaient totalement débutants, mais parmi eux quelques-uns parlaient la langue. Ils réalisèrent que quelque chose de spécial émanait de cette langue, et que le fait de l'apprendre était un moyen d'empêcher leur esprit de sombrer. Ils commencèrent en se criant des mots et des phrases de cellule à cellule. Une sorte de patois irlandais de développa, le « Jailtacht » (2). Alors, les Britanniques, en 1976, estimèrent qu'ils étaient trop bien à l'aise en prison et on leur retira leur statut de prisonniers politiques. On en plaça alors beaucoup en isolement. Cela leur rendit l'apprentissage de l'irlandais encore plus difficile. Néanmoins, ils réussirent à inventer des moyens de communication en se passant des bouts de papier et en se criant des leçons d'une cellule d'isolement à l'autre. L'irlandais devint un symbole de résistance.

« Quand ils furent finalement libérés et retournèrent chez eux, ils conservèrent leur enthousiasme à l'extérieur et démarrèrent une révolution de la langue » dit Diarmait mac Giolla Chríost. « Ils retrouvaient leurs communautés avec le message que la langue est le moyen de continuer la lutte » , dit-il.

De nos jours, il y a de nombreuses écoles en irlandais, surtout dans Belfast Est et la situation de l'irlandais en Irlande du Nord a changé spectaculairement.


II — Carnhuanawc et la Bretagne. Les relations entre les Gallois et les Bretons

En 1829 Carnhuanawc – le révérend Thomas Price(3) – se rendit du Pays de Galles en Bretagne. En 1819 il avait essayé de persuader la Société de la Bible de financer une traduction de la bible en breton. Il avait même offert son concours pour la traduction.

En 1824, lors de l'Eisteddfod tenu à Welshpool, il avait gagné un prix pour son Essai sur les relations entre les Gallois et les Bretons ; c'était un premier pas pour que les Gallois redécouvrent la Bretagne.

Le voyage de Carnhuanawc – et sa description dans A Tour through Brittany (Un voyage à travers la Bretagne), a été publié dans le Cambrian Quarterly magazine en 1831 et, plus tard, à nouveau dans The Literary remains of the Rev Thomas Price, 1854 (Les Œuvres posthumes du révérend Thomas Price).

Ce fut le sujet de la conférence du Docteur Mary-Ann Constantine du Centre des études galloises et celtiques avancées de l'Université du Pays de Galles à Aberystwyth.

La vision de la Bretagne de Carnhuanawc était inhabituelle. Il ne sembla pas remarquer les magnifiques églises ni les délicieuses petites chapelles – étrange car il était prêtre. Il ne mentionna jamais la beauté des costumes, bien qu'il déplorât le fait que les gens portaient des sabots et que leurs claquements sur les routes indisposaient ses oreilles. L'utilisation de la terre, l'agriculture et les petits champs l'intéressèrent bien plus que les belles côtes sauvages.

Et bien sûr la langue. Même s'il avait proposé son aide pour la traduction de la bible en breton, il s'aperçut bien vite qu' un Breton et un Gallois ne pourraient se comprendre en parlant chacun sa langue – ou du moins qu'ils ne pourraient avoir une conversation d'un niveau élevé. « Pour être juste envers lui » dit le docteur Constantine, « il fut plutôt heureux d'admettre son erreur » . Elle ajouta qu'il avait inclus de larges portions de son essai primé à l'Eisteddfod de Welshpool dans la description de son voyage.
Quelques années plus tard, il se lia d'amitié avec le Breton François-Alexis Rio qui avait épousé Apollonia Jones, la fille de Llanarth Court, près d'Abergavenny. Ils coopérèrent et furent à l'origine de l'invitation de représentants de la Bretagne à l'Eisteddfod d'Abergavenny en 1838. Parmi les Bretons se trouvait le jeune Hersart de La Villemarqué qui devint célèbre peu après dans toute l'Europe pour son recueil de chants et ballades bretons, le Barzaz Breiz(4).

Le docteur Constantine compara La Villemarqué, le romantique à Carnhuanawc, plus modéré.
La Villemarqué était enchanté du respect et de la considération manifestés envers la langue et la culture galloises par l'assistance présente à Abergavenny, comparé au traitement infligé au breton dans son pays.
Alors que Carnhuanawc voyait les différences entre les deux langues, le jeune Breton, sur l'estrade de l'Eisteddfod, chanta un chant de sa composition – un mélange étrange de gallois et de breton – et il déclara que tous avaient compris. Les Gallois le reçurent certainement avec enthousiasme.

Lady Llanover et Lady Charlotte Guest – la traductrice des ancients récits gallois Les Mabinogion en anglais – le fêtèrent spécialement et il fut enchanté d'être reçu dans le Gorsedd gallois lors de l'Eisteddfod d'Abergavenny. « Maintenant je suis barde... » annonça-t-il avec une immense fierté.


III — Le cornique

Jennifer Lowe, directrice du premier Bureau jamais créé pour la langue cornique au Conseil du comté de Cornouaille, dit qu'un accord était attendu dans le mois à venir, sur une orthographe standard pour le cornique [PDF1] . « Bien que seulement 400 personnes parlent couramment le cornique et que 3 000 déclarent qu'elles le connaissent un peu, il y a quatre orthographes différentes et les tenants de chacune ont plaisir à s'attaquer les uns les autres » dit-elle.

Le cornique a maintenant un statut semi-officiel dans la Convention des Droits pour les langues minoritaires et il y a espoir que la langue soit progressivement introduite dans des écoles, en commençant par la maternelle, pour s'étendre au primaire par la suite. Elle dit que « parmi les jeunes se manifeste un vrai désir d'apprendre la langue » .


IV — Le gaélique d'Écosse

Robert Dunbar, de l'Université d'Aberdeen, dépeignit une situation bien plus sombre pour le gaélique en Écosse. Pendant les cent dernières années, le déclin a été régulier, bien qu'il ait un peu ralenti entre 1991 et 2001. On dénombre maintenant 58 000 locuteurs gaéliques seulement.

Le problème est grave par le fait que, parmi les familles où les deux parents parlent gaélique, seulement 67 % le transmettent à leurs enfants. Et, dans les familles où un seul parent le parle, la transmission tombe à 21 %.

De nos jours, c'est seulement dans les Îles Hébrides que l'on trouve des groupes où la majorité parle gaélique. Et là, il y a les problèmes du vieillissement de la population et des départs des îles. Seulement un quart des enfants des îles reçoit un enseignement en gaélique. Bien que l'offre télévisée en gaélique augmente – avec plus à venir encore puisque la Grande-Bretagne se tourne vers la télévision numérique – cela n'entraîne pas une situation très optimiste. Il y a une pénurie de gaélicisants parmi ceux qui élaborent les programmes de télévision. Et, alors que le gouvernement soutient la langue, sur les 129 membres du parlement écossais, seulement deux parlent gaélique.

Gwyn Griffiths

http://www.bbc.co.uk/cymru/tramor/straeon/carnhuanawc.shtml qui propose le texte de Gwyn Griffiths en gallois.

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Notes :

— (1) Long Kesh, ou la prison de Maze de sa Majesté, ou encore le Block H, d'après la forme de ses bâtiments, a joué un rôle de premier plan dans l'histoire récente de l'Irlande. À une quinzaine de kilomètres de Belfast, c'est l'un des symboles de l'occupation britannique dans le Nord de l'Irlande. Notamment pour les très longues détentions de soldats de l'armée républicaine irlandaise et par les grèves de la faim de 23 d'entre eux, dont 10 moururent, parmi lesquels le député Bobby Sands, en 1981.
La prison fut fermée en septembre 2000. Elle vient d'être démolie. Dans quelque temps, un stade national s'élèvera à son emplacement. Il y aurait cinémas, restaurants, pubs... Toutefois, ce lieu restera un lieu de mémoire car les cellules où sont morts les grévistes de la faim républicains de 1981 seront conservées.

— (2) Le Jailtacht : Les prisonniers républicains inventèrent ce jeu de mot sur jail, prison, par allusion au Gaeltacht, les régions où l'irlandais est encore parlé. En Irlande du Nord, l'irlandais n'était pas enseigné dans les écoles protestantes, tout affichage public de la langue était banni.

— (3) Le révérend Thomas Price (1747 – 1848) naquit et vécut dans le Breconshire. Il eut le gallois pour langue maternelle. Il fut une figure de la littérature galloise. Carnhuanawc est son nom bardique.

— (4) Première édition du Barzaz Breiz en 1839.

— (5) Voir les tout récents documents publiés :
——
[PDF1] Notes of the Cornish Language Advisory Panel, 23rd February 2007 at 9.30 am in the Members Meeting Room, Council Offices, Dolcoath Avenue, Camborne. (Notes du comité consultatif sur la langue cornique).
——
[PDF2] An Outline of the Standard Written Form for Cornish (SWF) as agreed on 15 December 2007...(Les grandes lignes de la forme écrite standard du cornique, accord du 15 décembre 2007).


Les intervenants :

Diarmait mac Giolla Chríost :
Né en Irlande, il fait autorité dans le domaine des langues minoritaires. Il est depuis 2004 maître assistant au département de gallois de l'Université de Cardiff. Ses domaines de recherche comprennent la nature de la relation entre langue et conflit, ainsi que la langue dans le cadre urbain. Auteur de plusieurs ouvrages. Langue, identité et conflit, La langue irlandaise en Irlande... http://www.cf.ac.uk/cymraeg/english/academicStaff/dGiolla.shtml . (Pas de photo disponible).

Dr Mary-Ann Constantine :
Sa thèse de doctorat porta sur la tradition des ballades en Bretagne. Outre son appartenance au Centre des études galloises et celtiques avancées de l'Université du Pays de Galles, le docteur Mary-Ann Constantine à travaillé dans le domaine de la littérature celtique pendant douze ans, étudie la tradition orale [PDF3] et dirige depuis 2002 le projet d'étude sur « Iolo Morgannwg et la tradition romantique au Pays de Galles » . http://www.wales.ac.uk/defaultpage.asp?page=E4046

Jennifer Lowe :
Très impliquée dans la culture cornique, elle est co-fondatrice du plus ancien groupe de danse cornique (Ros Keltek, créé en 1980).Une des supporters les plus infatigables du cornique. Elle est directrice du développement à l'Association pour la langue cornique (Cornish Language Partnership, http://www.magakernow.org.uk/index.aspx?articleid=38570 ). En mars 2006 elle a été choisie à l'unanimité comme directrice du premier Bureau pour la langue cornique créé par le Conseil du comté de Cornouaille (Cornwall County Council, in Truro). Elle parle cornique et gallois. Jenefer Lowe est aussi barde du Gorseth Kernow, dont les 500 membres s'emploient activement au renouveau du cornique. Par exemple, http://www.gorsethkernow.org.uk/english/news/corlangdev06.htm

Robert Dunbar :
Venant du Canada et d'ascendance celtique, il arriva en Écosse en 1995. Il s'est engagé dans plusieurs organisations et initiatives pour le gaélique. Après avoir enseigné aux universités de Glasgow puis d'Edinburgh, il rejoignit celle d'Aberdeen en octobre 2004 où il est chargé de cours de littérature celtique et de droit. Il a publié de nombreux articles et livres sur les langues des minorités et le droit, il contribue à des émissions de radio et télévision en gaélique... http://www.abdn.ac.uk/celtic/staff/details.php?id=r.dunbar


Traduction, introduction et notes, Maryvonne Cadiou

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Gwyn Griffiths est correspondant ABP pour le Pays de Galles. Délégué gallois du "Comité international de sauvegarde de la langue bretonne", il est aussi ancien journaliste de BBC Cymru, collaborateur de plusieurs journaux et magazines gallois, dont Cambria, auteur de nombreux livres en gallois et en anglais sur la Bretagne. Il est grand connaisseur et ami de la Bretagne où il est déjà venu une quarantaine de fois. Il est co-éditeur (au sens anglo-saxon) avec Jacqueline Gibson, du livre "The Turn of the Ermine. An Anthology of Breton Literature". (London, Francis Boutle Publishers, 506 p., 2006).
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