Elue socialiste, l’ex-Présidente des Baléares Francine Armengol, catalanophone et connue pour sa volonté de dialogue avec le mouvement catalan, a été élue Présidente de l’Assemblée Nationale d’Espagne, les Cortes.
Les résultats de l’élection du 23 juillet en Espagne ont créé une situation politique nouvelle. L’alliance « droite-extrême droite » , donnée largement gagnante par les sondages, n’a pas obtenu le succès escompté. Les résultats sont très serrés, et une possibilité existe de porter à nouveau au pouvoir le socialiste Pedro Sanchez avec une majorité qui intégrerait les élus des différentes nationalités reconnues par la Constitution Espagnole, 26 députés au total, basques, galicien, et catalans. Ces derniers sont 14, 7 pour ERC, dont fait partie Père Aragonès, l’actuel Président de la Generalitat de Catalunya, et 7 pour Junts dont le principal dirigeant est Carles Puigdemont.
ERC avait déjà soutenu indirectement par son abstention Pedro Sanchez lors de la précédente mandature. Junts avait voté contre. Pour que Francina Armengol soit élue, il était indispensable que Junts vote aussi en sa faveur. Son élection est donc le signe concret qu’un dialogue est établi, et qu’il évolue favorablement.
De cette négociation il est ressorti une première mesure que l’Espagne, qui préside durant six mois à Bruxelles le Conseil Européen, va introduire lors de sa prochaine réunion de septembre : la possibilité d’utiliser le catalan, le basque et le galicien dans les institutions européennes, en sus des vingt-quatre langues officielles de l’UE.
Cette première victoire symbolique a permis d’obtenir le vote du 17 août à Madrid qui a élu Francina Armengol. Courant septembre la négociation va rebondir pour décider, ou non, de l’investiture de Pedro Sanchez comme premier ministre et chef de l’Exécutif espagnol.
La principale revendication de Junts et ERC, exposée lors de l’Université d’Eté de RPS, par Tonì Comin, député européen de Junts, qui vit exilé à Bruxelles, est l’amnistie pour tous les poursuivis suite à l’organisation du referendum d’autodétermination du 1er octobre 2017. Plusieurs milliers de catalans sont en ce moment victimes de poursuites judiciaires dès l’instant qu’ils ont participé à l’organisation du scrutin, élus comme fonctionnaires. Les condamnations pleuvent à des amendes de dizaines et même centaines de milliers d’euros contre des maires qui ont ouvert les bureaux de votes, les fonctionnaires qui ont participé, avec les élus de la Generalitat, à la diffusion d’information sur le referendum, les imprimeurs ayant accepté d’en imprimer des appels à voter, etc… La pression de ces procès sur la société catalane est immense et la satisfaction de cette revendication sera essentielle, au-delà des élus les plus en vue comme ceux qui sont exilés.
S’y ajoute l’attente d’engagements politiques clairs pour purger le conflit en cours entre l’Etat espagnol et le mouvement catalan, et aller vers un processus d’autodétermination.
Les négociations sont en cours. Comme toute négociation elle peut échouer, et les espagnols iraient alors voter à nouveau. Mais, face à la spirale de plusieurs scrutins européens qui ont vu d’importantes victoires de l’extrême droite aussi bien en Suède, en Finlande qu’en Italie, l’échec de Vox en Espagne est une importante victoire pour la démocratie et l’avenir de l’Europe.
Le 12 septembre Pedro Sanchez viendra tenir un important discours devant les députés européens à Strasbourg. Au lendemain de la Diada en Catalogne, il sera particulièrement important.
Ce communiqué est paru sur François Alfonsi
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