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- Chronique -
Politique linguistique : il est temps de vouloir !
Le vote de la loi Paul Molac par le Sénat est une étape sur le chemin de la généralisation de l'enseignement de nos langues, à condition bien sûr qu'elle soit adoptée par l'Assemblée nationale. Mais elle ne servira à rien si la volonté politique de s'en saisir fait défaut. Aujourd'hui, plus que jamais, il est temps de vouloir !
Par Yvon Ollivier pour ABP le 17/12/20 8:32

La loi Paul Molac vient d’être votée par le Sénat. C’est une étape sur le chemin de la généralisation de la proposition d’enseignement de nos langues, et de l’immersion. Il faut encore que ce travail trouve sa concrétisation par une adoption définitive à l’Assemblée nationale. Nos députés devront être fortement mobilisés et répondre présent, pour passer outre le refus gouvernemental.

Il va de soi que ce travail législatif imposant ne dispensera pas nos responsables politiques de faire preuve d’une volonté sans faille pour développer l’enseignement de nos langues et sortir du marasme actuel.

Le cadre juridique est intéressant lorsqu’on est désireux de s’en saisir. Or c’est sur le terrain de la volonté politique que le bât blesse en Bretagne, au regard de ce qui se passe au Pays basque nord et ailleurs. Les filières bilingues basques nord expérimentent déjà l’immersion et de manière officielle, après avoir forcé la main du rectorat. L’immersion est déjà en voie de généralisation là-bas.

Comment se fait-il que nous nous n’en soyons pas au même niveau en Bretagne ? A quoi bon obtenir la consécration du principe de généralisation de l’offre d’enseignement bilingue si les offres ne suivent pas, ou ne trouvent pas preneur ?

Interviewé dans Le Télégramme, Paul Molac, répondant à la tribune de la semaine passée où nous évoquions, avec Yannig Baron, l’échec de la politique linguistique en Bretagne, a repris les mêmes arguments employés pour justifier l’échec : la dimension du territoire et le manque d’enseignants. La grande taille de la Bretagne au regard de l’étroitesse du territoire Basque, comme si la taille était le critère essentiel du succès d’une politique publique. Il y a des grands territoires qui font des choses remarquables et dont les responsables sont capables d’assurer l’enseignement de leur langue aux enfants du pays. La dimension d’un territoire n’a jamais été le facteur explicatif déterminant du succès ou de l’échec d’une politique linguistique.

L’Education nationale qui n’en fait pas assez en matière de formation d’enseignants. Bien sûr. Mais le problème que nous soulevons est le suivant : comment se fait-il qu’au Pays basque nord, le problème du manque d’enseignants ne se pose pas ou beaucoup moins ? Comment se fait-il que la Corse bénéficie d’un plan massif de formation d’enseignants (700 ) et pas nous ? Comment se fait-il que la région Bretagne signe avec l’Etat des Conventions spécifiques portant sur le recrutement d’un nombre dérisoire d’enseignants ? Sur le terrain de l’égalité républicaine, ces pratiques divergentes entre des territoires périphériques constituent un véritable scandale.

Nous ne pouvons pas accepter que nos langues ne bénéficient pas de la même considération que les autres langues.

Il est temps de vouloir.

Le Pouvoir politique en Bretagne ne veut pas assez. C’est une évidence. Et c’est lui le principal responsable en la matière. Le Président Chesnais-Girard aurait dû investir personnellement la politique linguistique, or il ne l’a jamais fait, tout comme son prédécesseur. On ne le voit pas sur ce terrain-là.

La recette employée par la majorité politique au Conseil régional reste la même. Elle tient dans la captation de figures régionalistes pour lui donner une couleur bretonne qu’elle n’a pas, avant les élections, et dans les beaux discours sur la diversité. Pour le reste, la sauvegarde de nos langues n’est pas une priorité politique. Et là encore, ce sont les chiffres qui le prouvent : moins de 1¨% du budget régional consacré à la politique linguistique. Une légère hausse du budget pour 2021, qui ne dépasse que de très peu l’inflation. 8 millions d’euro pour sauver deux langues menacées ? Les Pouvoirs publics accordent chaque année plus de cent millions d’euro au titre du budget de fonctionnement de l’opéra de Paris. C’est dans cet univers-là que nous nous débattons. Et nos grands élus y contribuent de leur inaction.

On ne peut plus consentir à des politiques pareilles ! Et il est temps d’ouvrir les yeux, même si ça fait mal.

Si nous n’avons pas de prise de conscience collective forte et rapide, il en sera bientôt fini de nos espérances. Les Bretonnes et les Bretons valent beaucoup mieux que ça.

Yvon Ollivier

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Yvon OLLIVIER est juriste, auteur de l'ouvrage "la désunion française essai sur l'altérité au sein de la République" ed l'harmattan 2012 et membre de la coordination des juristes de Bretagne blog associé desunion-francaise.over-blog.com
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Vos 1 commentaires
Robert Perroud Le Vendredi 18 décembre 2020 03:20
Gwir eo ha spontus eo.
Kontant e vefen lenn ali Loig chesnay Girard War ar pennad-man!
(0) 
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