Ce week-end aura lieu la 10ème édition du Motocultor à Saint-Nolff, les 18, 19 et 20 août 2017. Elu meilleur festival de taille moyenne en 2015 par les internautes, l’édition 2016 a néanmoins failli sonner le glas de l’événement, accumulant un nouveau déficit malgré ses 3 dernières bonnes années. Les annonces tardives de têtes d’affiche, récurrentes et associées à la trésorerie fragile des caisses pour pouvoir booker des artistes dès septembre, les attentats dont celui de Nice en juillet, un mois avant l’édition, paralysant les réservations, sont quelques-unes des explications du déficit 2016. L’absence aussi de partenaires privés, ceux-ci, nombreux dans le Metal business, ne bougeant vraiment qu’à partir du moment où le festival atteint un seuil intéressant pour eux, au moins 50 000 festivaliers pour 3 jours. Quant aux partenaires privés locaux, pas évident de vraiment les motiver car les têtes d’affiche du Motocultor sont moins « attractives » , voire grand public que celles du Hellfest. Et pourtant, pour le public averti, la qualité est là, elle s’affine même, car la niche du Motocultor est une mine d’or pour le public las des grands événements où se côtoient dorénavant fans inconditionnels et publics venus pour faire la foire et profiter d’une ambiance que nul autre festival que… le Hellfest, évidemment, propose, grâce à son développement pur entertainment. Et dieu sait si ce choix de développement stratégique lui a été bénéfique, et tant mieux par ailleurs. A noter que le Hellfest et le Motocultor sont tous les deux des associations à buts non lucratifs, indépendantes et non reliées ou détenues par des grosses sociétés, de plus en plus gourmandes à vouloir toutes les parts de marché, dérégulant parfois ce même marché en aidant à une inflation des cachets.
Et pourtant des progrès dans l’organisation avaient été réalisés au Motocultor, stabilisant notamment enfin, et intelligemment le site par des tentes, ou dans l’organisation avec ses bénévoles, le développement des subsides avec les institutions locales, l’accueil, etc. Malgré une conférence de presse un peu sombre le dimanche en fin d’édition, les organisateurs ont une nouvelle fois relevé leurs manches, renégociant les passifs, évitant même un redressement en fin d’année 2016, qui aurait pu paralyser une édition 2017. Puis le lancement d’un judicieux crowdfunding qui devrait s’avérer un succès, démontrait indéniablement l’intérêt du public pour que le festival perdure et se développe. Une grande, très grande victoire morale pour ses fondateurs.
A deux jours de l’édition 2017, nous avons choisi d’interviewer un festivalier plutôt qu’un organisateur ou un groupe, rendant hommage à ceux sans qui rien ne serait possible, le public. Arno le Gallo, 22 ans a accepté de répondre à l’Agence Bretagne Presse. Demain nous publierons une interview plus institutionnelle, celle de Nadine le Goff-Carnec, la Maire de Saint-Nolff, que les métalleux connaissent puisque chaque année elle est présente le dimanche au Festival, et défend cet évènement sincèrement. En photo, Arno le Gallo et Nadine le Goff-Carnec, qui se sont rencontrés l’année dernière le dimanche, pendant le concert de Vektor, à côté de la Massey Ferguscène.
ABP : Arno, quel âge as-tu, où as-tu grandi ?
Arno le Gallo : Je viens de fêter mes 22 ans et j'ai grandi dans le Morbihan, particulièrement dans la région vannetaise, comme à Saint Avé, Ploeren ou encore Auray. Je suis très heureux d'avoir vécu et grandi dans cette merveilleuse partie de la Bretagne, pleine d'histoire et de festivités.
ABP : Quelles études poursuis-tu et si oui où ça ?
Arno le Gallo : Après avoir voulu m'orienter dans l'informatique pour devenir ingénieur, je me suis orienté vers l'enseignement. Actuellement, je suis en train de préparer le concours de l'agrégation de mathématiques, pour devenir professeur de mathématiques. La préparation de ce concours se fait au sein de l'Université de Rennes, dans un Master 2 prévu à cette épreuve.
ABP : Depuis combien d'années viens-tu au Motocultor Open Air ?
Arno le Gallo : Ma première édition du Motocultor Open Air fut celle de 2014, où j'ai vécu un week-end absolument hors du commun ! Je viens chaque année depuis cette édition, ce sera donc ma quatrième fois cette année, et sûrement pas la dernière !
ABP : Viens-tu seul ou avec des amis, sont-ils aussi fan de Metal ?
Arno le Gallo : Toujours avec des amis, qu'ils aient les mêmes goûts que moi ou non. La plupart de mes amis festivaliers sont aussi fan de Metal, mais cela arrive très souvent que d'autres amis se joignent à nous pour découvrir cette culture qu’ils n'auraient pas l'occasion de découvrir ailleurs.
ABP : Vas-tu à des festivals de musiques généralistes, electro, pop, etc ?
Arno le Gallo : Ces festivals ont été les premiers que j'ai pu faire, et je continue d'en faire certains. Évidemment, je passe plus de temps dans les festivals de Metal, qui m'intéressent beaucoup plus maintenant. Le public y est différent et l'ambiance y est meilleure mais certains groupes que j'admire ne pourront jamais passer en festival Metal.
ABP : Quelles sont les différences pour toi entre le Hellfest et le Motocultor ?
Arno le Gallo : Le Hellfest est la référence Metal en France, qui l'a démocratisé et qui a un impact incontestable. C'est un festival relativement énorme en terme de taille, ce qui est selon moi un point noir. Le Motocultor, que l'on nomme d'ailleurs "petit frère du Hellfest" en raison de sa proximité, est beaucoup plus humain. Les têtes d'affiches sont moins populaires aux yeux de tous, mais l’éclectisme est bien présent. Je préfère un festival à taille humaine, où l'on peut découvrir une dizaine de groupes en l'espace de 3 jours.
ABP : Au Hellfest, es-tu plutôt Altar, Temple, War Zone ou Valley ?
Arno le Gallo : Au vu de mes goûts musicaux, c'est une question très difficile ! Étant un grand fan de Thrash Metal, l'Altar est mon lieu de prédilection. Chacune de ces scènes possède son lot de groupes impressionnants et de styles différents, mais je pense que je passe la plupart de mon temps sous l'Altar et la Temple, sans bien sûr dénigrer les deux autres.
ABP : Quels concerts vas-tu privilégier cette année à Saint-Nolff ?
Arno le Gallo : Kreator bien sûr, j'ai très hâte d'entendre les titres du nouvel album en live, puisque je n'ai pas pu les voir au Hellfest cette année. Je compte aussi voir Dust Bolt, Insanity Alert, Possessed ou encore Obituary, qui me plaisent beaucoup. L'avantage du Motocultor est aussi de pouvoir des véritables ovnis musicaux tels que Paradise Lost ou Devin Townsend qui sont immanquables, j'y serai !
ABP : Quels sont les points forts du Motocultor pour toi ?
Arno le Gallo : Au fil des années, j'ai remarqué que les programmations étaient très recherchées et surtout variées. Je suis également très heureux de voir comment le public se comporte ici, car c'est un véritable paradis pour faire la fête avec des personnes respectueuses et passionnées. Le camping du Motocultor est de loin, le plus festif que j'ai pu faire !
ABP : Joues-tu d'un instrument et dans un groupe ? Si oui comment s'appelle le groupe et quelles sont ses références ?
Arno le Gallo : Je joue de la basse et de la guitare depuis plusieurs années et je peux m'exercer à la guitare au sein de Philip's Revenge. C'est un groupe de Metal, qui se base sur l'énergie du metal hardcore tel que celui de Body Count, ou le funk metal de Rage Against the Machine, mais aussi sur la complexité et la richesse de la musique rap. Le chanteur étant polonais, il chante dans sa langue natale pour apporter un véritable plus à la scène Metal. Les compositions sont en cours d'écriture !
ABP : Quel sont tes 5 albums fétiches de metal ?
Arno le Gallo : Je pourrais en citer 50 au lieu de 5, tellement la scène Metal est vaste. Mais, sans ordre de préférence, je dirai :
« ...And Justice for All – METALLICA »
“Rage against the machine - RAGE AGAINST THE MACHINE”
“Reign in Blood – SLAYER”
“The Way of All Flesh – GOJIRA”
« Bloodlust - BODY COUNT »
ABP : As-tu participé au crowdfunding pour aider le Motocultor à se développer ?
Arno le Gallo : Pour un festival comme le Motocultor, en danger financièrement, je trouve normal qu'après tous les bons moments que j'ai vécus là-bas, je donne de l'argent pour que l'évènement perdure. C'est donc avec plaisir que je l'ai fait.
ABP : As-tu participé à d'autres festivals depuis le Hellfest, en France ou en Europe ?
Arno le Gallo : Oui, j'ai eu la chance de pouvoir aller au festival de Dour, en Belgique, qui possède sa scène Metal mais qui est surtout orientée vers les musiques électroniques telles que la Drum n'Bass ou la Techno. J'ai aussi pu faire une semaine en Slovénie avec le festival Metaldays, de vraies vacances paradisiaques pour métalleux !
ABP : Que représente le Metal pour toi ?
Arno le Gallo : Pour moi, c'est le style musical le plus complet et le plus attrayant de par son histoire et sa richesse. C'est aussi un style de vie, une véritable passion car on ressent quelque chose d'indescriptible en écoutant et en comprenant cette musique. Même si c'est une contre culture pour la plupart des gens, cela plaît à nombre de personnes à qui on fait découvrir le Metal de la bonne manière.
ABP : Peux-tu nous donner un concert qui t'a vraiment assis par terre ?
Arno le Gallo : J'ai plusieurs concerts qui m'ont vraiment marqué, mais je dirais qu'un de mes meilleurs souvenirs serait Emperor, cette année au Hellfest. C'est un pilier du black métal norvégien, que j'ai déjà eu l'occasion de voir en 2014 mais le concert ne m'avait pas convaincu, faute d'intérêt pour le Black Metal. Mais cette année, la puissance, la qualité du son et l'ambiance crée par le groupe d'Ihsahn, m'a vraiment scotché ! Mention spéciale également au concert de Soulfly, l'année dernière au Motocultor, quelle énergie, un concert poussiéreux sous le chapiteau que je ne pourrai oublier !
ABP : Quelle est, s'il y en a une, pour toi, la différence entre le public de Coldplay et celui de Vektor ?
Arno le Gallo : Je n'ai jamais vu Coldplay, difficile de juger, mais je pense pouvoir cerner le type de public qui va voir ce groupe. En tout cas, pour avoir vu Vektor 3 fois, je peux vous dire que le public se déchaîne sur tous les riffs et la communication entre le groupe et le public est incroyable. Il y a une énergie hors du commun, portée par la rapidité du jeu des musiciens et la violence du chant. On ne peut retrouver ce public, fou et heureux de voir le concert en question, dans un live d'un groupe de Pop-Rock tel que Coldplay.