Le 7 avril , comme chaque année, le Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants (GNIS), organisme officiel et interprofessionnel qui réunit toutes les familles professionnelles de ce secteur d'activité a proposé une table ronde avec des spécialistes et des agriculteurs autour du sujet des semences. Un sujet de plus en plus controversé. Environ 150 professionnels avaient fait le déplacement à Paris mais aussi Thierry Momont, le président de la section céréales à paille et protéagineux du GNIS, Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA, Nicolas Bouzou, économiste et essayiste. Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, est intervenu en clôture des échanges. Le rendez-vous s’est articulé autour de trois thématiques : l’innovation variétale en céréales, la filière semences en agriculture biologique et l’économie collaborative en agriculture.
Pour cette rencontre Gnis avait invité: David Gouache : Chef du Service Biotechnologie à Arvalis, Isabelle Goldringer responsable d'équipe DEAP-INRA de Moulon et Raphaël Dumain directeur de projet pour développement de blé hybride entre 2013 et 2014 chez Bayer CropScience.
Bien noter tout d'abord que les variétés de semence génétiquement et artificiellement modifiées par le biotechnologie ne sont pas considérées comme OGM mais elles éveillent encore beaucoup de doutes chez les consomateurs.
La pratique des modifications de semences hybrides existe en France depuis 1957 sur le maïs . Dans les années 70 de nombreuses variétés de semences ont été modifiées: des asperges, des aubergines, des carottes, des endives, des choux, des concombres, des courgettes , des épinards, des melons , des oignons, des poivrons, des tomates ou encore des betteraves amenant sur le marché des variétés plus performantes. Puis dans les années 80, les légumes suivants ont été modifiés par la biotechnologies: des tournesols, des chou- fleurs, des pastèques, des dactyles. Dix ans plus tard, des modifications sur les plantes suivants : des poireaux, des radis, sur le colza. Finalement dans les années 2000, des semences d'artichauts ont été modifiées, avec des répercussions en en Bretagne.
Les variétés hybrides sont issues du croisement de deux ou trois espèces de la même plante. Des chercheurs choisissent les meilleurs caractéristiques de chaque plant « parent ». Ce peut être le rendement, la qualité gustative ou les résistances aux maladies. Ensuite, ils génèrent « un super plant ».
Le problème c'est que les variétés hybrides ne sont pas stabilisées et les agriculteurs sont obligés d'acheter chaque année des semences. Ils deviennent alors dépendant du semencier . Ces variétés hybrides de semences sont de plus beaucoup plus chères que les variétés classiques.
Des plants peuvent être aussi greffés comme on le voit en Bretagne ou les grandes surfaces vendent pour les jardiniers du dimanche des plants de tomates "greffés" qui résistent au mildiou et qui peuvent être plantés hors serre. Chaque plant coute plusieurs euros mais ils se vendent. Depuis quelques années, on trouve aussi des plants greffés d’aubergine, le melon, le concombre et le poivron.
A coté des semences classiques, greffées et hybrides, il y le marché des semences biologiques. Autour de la table pour parler de ce sujet, GNIS avait invité Jérôme Fillon , Responsable Multiplication Semences du Centre Bio chez Axereal Bio et Rémi Haquin, Président Section Céréales France chez Agri-Mer.
Le secteur bio est très innovant et se développe très vite. Il ne va pas pas remplacer l'agriculture traditionnelle. Les deux secteurs sont complémentaires et répondent à des marchés différents. Ces types d'agricultures, agriculture conventionnelle et agriculture organiques, peuvent et doivent co-exister.
Les semences bio peuvent être traitée avec des substances naturelles et non synthétiques. Une des principales maladies qui touche les semences bio et qui refait son apparition est le champignon qui provoque des caries sur le blé. D'après Jérôme Fillon « On maîtrise maintenant ce champignon de la carie et de l'ergot » Pour traiter la carie par des méthodes naturelles, on utilise de la farine de moutarde, le traitement à l'eau chaude ou l'enrobage des semences avec de la poudre de lait .
Un troisième volet de ces rencontres annuelles fut la présentation de nouvelles plate-formes et applications pour financer les projets du monde de l'agriculture ou pour mettre en réseau les agriculteurs. Il s'agit de sortir les agriculteurs de leur isolement. Un isolement qui peut avoir des conséquences graves en période de crise comme la dernière, l'effondrement des cours en 2015.
Crée en 2014 par Florian Breton, la plate-forme MiiMOSA (voir le site) est un crowd funding ou financement participatif. Miimosa s'adresse tout particulièrement aux agriculteurs mais aussi aux petites entreprises du secteur de l’alimentaire.
Le site So-Buzz (voir le site) crée en 2011 par Alexandre Durain offre des solutions marketting. So-buzz trouve "des ambassadeurs de la marque qui partagent nos valeurs". C'est la relation directe entre le producteur et le consommateur.
La dernière start-up présentée pendant ces rencontres fut WeFarmUp
C'est un site de location de matériels agricoles entre agriculteurs, où ces derniers peuvent trouver des prix très intéressants.