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- Chronique -
Les Bretons et leurs déchets : Les vraies solutions existent
Elle est passée presque inaperçue cette semaine de la réduction des déchets... Un kilo en moyenne par jour, soit deux fois plus qu'il y a vingt ans. Allons, encore un effort pour doubler dans quarante ! Je plaisante. Du pain non consommé dans les poubelles : inimaginable hier.
Par Jean-Charles Perazzi pour JCP le 4/12/11 12:21

Plomelin/Ploveilh.- Suite du journal de campagne de J.-Ch. Perazzi.

Elle est passée presque inaperçue cette semaine de la réduction des déchets (du 19 au 27 novembre). Tout juste, ici et là, un bout de texte… à côté d'une pub proposant de gagner plus pour consommer plus, suggérant la (bonne) manière d'éliminer, d'évacuer ou de recycler tout ce qui peut l'être. Exemples : les produits biodégradables à disposer dans un bac à compost, les petits appareils ménagers électriques usagés - ils sont conçus pour ne pas durer - à déposer dans certains magasins, etc.

On nous a rappelé aussi qu'un Français dépose chaque jour à la poubelle plus d'un kilo de déchet. En moyenne, bien sûr, suivant ce qu'il jette et… la manière dont il le fait, s'il recycle ou non. Rappelez-vous la recommandation pleine de bon sens de nos parents ou de nos grands-parents : « On ne jette rien ! »

Un kilo en moyenne par jour, soit deux fois plus qu'il y a vingt ans. Allons, encore un effort pour doubler dans quarante ! Je plaisante.

La sonnette d'alarme a été tirée pourtant depuis vingt, trente ans ou plus. Ainsi en 1993, lors d'une réunion de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Bretagne, nous entendons un spécialiste nous expliquer que la montagne des ordures ménagères s'élève chez nous à 1, 2 millions de tonnes par an ; celle des déchets agricoles à 38 millions. Avec les conséquences que l'on sait pour la qualité de l'eau, de l'air, des sols.

Pour tenter d'endiguer le flot sans cesse grossissant, des collectes sont engagées ici et là par des volontaires. Un reportage sur des scolaires ramassant en fin d'été les déchets de leurs aînés sur une plage de la baie de Saint-Brieuc - pas encore des algues vertes à l'époque - me valut une sévère remontée de bretelles de lecteurs. En substance : « Ce n'est quand même pas aux gosses de nettoyer les cochonneries des adultes ! » Mais qui allait le faire, alors ?

Rassurez-vous. Dans une chronique locale on découvrait l'autre semaine la photo d'un groupe de volontaires du deuxième ou du troisième âge nettoyant les fossés d'une voie rapide devenue poubelle à ciel ouvert. Et ils sont loin d'être les premiers à se livrer à ce type d'opération. Dans les bois, les jardins publics, les maisons abandonnées, sur les estrans, les terrains vagues…

Se multiplient aussi un peu partout des réunions d'information et de sensibilisation des consommateurs - ou des sur-consommateurs que nous sommes - pour montrer que l'on peut faire mieux, aujourd'hui dans le domaine de la réduction et de l'élimination des déchets.

Du pain non consommé dans les poubelles : inimaginable hier. Le quart des produits alimentaires des grandes surfaces, non vendus, à la décharge : inacceptable. Du plastique pour tout emballer, tout transporter, tout protéger : à interdire. Définitivement.

En refusant la centrale nucléaire de Plogoff (voir la chronique du 26/11), les Bretons avaient imaginé un plan, des mesures permettant d'éliminer « en douceur » , « intelligemment » , « économiquement » , les déchets d'origine agricole et autres. Tout en produisant de l'énergie, du gaz, de l'électricité, à moindre coût. Tout simplement par le procédé de la méthanisation. Pas dans des usines gigantesques, mais à l'échelle de deux, trois, quatre cantons.

Nous fûmes alors invités à accompagner des élus bretons pour découvrir en divers endroits de l'hexagone la manière de mettre tout cela en musique. Des petites unités expérimentales virent bientôt le jour. Dans le Cap Sizun, à Arzano, en d'autres lieux encore.

Aujourd'hui, il en existe une petite dizaine en France. Et qui marchent. Mais entre temps, l'Allemagne en a installé… plus de six mille. Cherchez l'erreur.

Pour des raisons politiques et économiques plus ou moins avouables -ah la puissance des lobbies !- l'élimination par le feu a balayé tous nos projets basés sur de la technique et du simple bon sens.

A qui fera-t-on croire que les solutions pour la réduction de la majeure partie des déchets par les propositions faites après Plogoff, n'est pas à encourager au maximum aujourd'hui ?

Non, M. le Président. Soyez honnête. Convenez avec nous que nous ne sommes pas pour le retour à la bougie. Et que nous ne l'étions pas plus il y a trente ans. Nous proposions simplement avec un peu d'avance des solutions aujourd'hui plus valables que jamais.

Jean-Charles Perazzi

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