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- Communiqué de presse -
Politique linguistique du Conseil régional: encore un effort!
Le Président du Conseil Régional de Bretagne propose en ce moment que soit définie une politique linguistique claire et ambitieuse en Bretagne. Le texte définissant les bases de cette politique appelle de notre part les commentaires suivants. · Nous saluons l’existence même de
Par Gérard Olliéric pour Parti Breton le 14/12/04 8:49

Le Président du Conseil Régional de Bretagne propose en ce moment que soit définie une politique linguistique claire et ambitieuse en Bretagne. Le texte définissant les bases de cette politique appelle de notre part les commentaires suivants.

· Nous saluons l’existence même de ce projet, qui s’attache à proposer quelques mesures concrètes, non limitées à la seule question de l’enseignement, et fait référence aux normes internationales du droit et aux modèles de « bonne conduite » dont d’autres pays européens sont porteurs.

· Nous nous interrogeons en revanche sur la volonté réelle que recèle ce projet d’aller au-delà des déclarations d’intention, en particulier devant l’absence d’indications chiffrées claires et vérifiables, devant l’ambiguïté des propositions concernant le statut et le rôle de l’Ofis ar Brezhoneg, devant les blocages juridiques et institutionnels sans parler de l’hostilité plus ou moins déclarée de plusieurs secteurs du monde politique et social y compris en Bretagne.

· Nous dénonçons enfin sans réserves certains aspects de ce texte, dont, en particulier, le fait que le Conseil régional croie bon de « s’excuser » par avance de devoir soutenir la langue bretonne, alors même que ce serait plutôt à la France, ainsi d’ailleurs que l’avait affirmé en son temps le candidat François Mitterrand, de s’excuser de sa politique d’éradication des langues autres que le Français !

Au-delà de mesures à caractère « technique » , le Parti Breton propose que la volonté politique du Conseil Régional se traduise par trois actions simples et à forte portée symbolique :

· pour rendre LISIBLE et VÉRIFIABLE la politique de la Région en faveur du Breton, nous proposons que l'ensemble des mesures financières liées au développement de la langue bretonne soient CONSOLIDÉES sur une ligne budgétaire unique, annoncée chaque année publiquement et faisant l’objet d’un bilan en fin d'année, lui aussi publié.

· pour rendre CONCRET l'engagement en faveur du Breton, nous proposons l’usage systématique du bilinguisme dans les travaux du Conseil Régional. A ce titre, l’usage d’une traduction simultanée, rendue possible par les travaux récents de l’Ofis ar Brezhoneg, lors des séances du Conseil régional serait une mesure forte pour donner confiance aux bretonnants. De la même façon, les textes importants du Conseil Régional devraient être disponibles en français et en breton.

· pour FACILITER l'usage de la langue bretonne dans la vie quotidienne et en particulier dans les rapports avec les administrations, le Président du Conseil régional doit s’engager dans une action résolue en faveur de la révision de l’article 2 de la Constitution française. A ce sujet, nous rappelons qu’une révision constitutionnelle aura probablement lieu avant que le traité constitutionnel européen soit soumis par référendum à la ratification. Nous proposons à Jean-Yves Le Drian de s’engager à nos côtés, plus particulièrement pour ce qui le concerne en direction des présidents des groupes socialistes à l’Assemblée Nationale et au Sénat, pour que cette révision constitutionnelle englobe l’article 2, ainsi que les différents articles qui font aujourd’hui barrage à ce que la France s’aligne sur les autres démocraties européennes en termes de respects des langues et des minorités nationales.

« La vérité de l’intention, c’est l’acte » . Nous souhaitons vivement que le bilan que pourront tirer les Bretons dans un an montrera qu’au delà des paroles, le Conseil Régional veut réellement sauver notre langue !

Pour le Parti Breton

Jakez Arnol-Stéphan

Secrétaire Général

mobile : 06 21 69 07 19

et la Commission Langue Bretonne du Parti Breton

Réflexions, réactions et propositions du Parti Breton

Ce que salue le Parti Breton

1) Le Parti breton salue la mise en place d’un projet de politique linguistique globale, qui ne se limite pas à un secteur ou à un autre comme l’enseignement, et qui repose en grande partie sur le diagnostic de terrain mené par l’Office de la Langue Bretonne et les associations bretonnantes.

2) Le Parti Breton apprécie le fait que le Conseil régional rompe avec la pratique des grandes déclarations de principe sur la diversité et s’attache ainsi à proposer des mesures concrètes et tournées vers l’avenir plutôt que de simplement déplorer un état de fait.

2) Le Parti Breton reconnaît et salue le travail mené par le Conseil régional pour donner un caractère solennel, officiel et médiatique à ce plan. Cette approche reflète l’importance du breton pour une majorité des bretons. Elle permettra en outre de juger à moyen terme des résultats obtenus.

3) La référence aux modèles extérieurs de « bonne conduite » concernant les langues minoritaires et aux normes internationales du droit est à souligner avec satisfaction.

4) Le Parti Breton salue la volonté des auteurs du texte de mener une politique sur les cinq départements bretons, ce qui est fondamental et à souligner, compte tenu des réticences qui s’expriment, y compris au sein du Conseil régional (cf : le rejet du plan en l’état par le Conseil économique et social de Bretagne).

Ce qui rend le Parti Breton perplexe

1) Le Parti Breton considère que ce texte est pavé, comme l’enfer, de bonnes intentions, mais que très peu d’indications chiffrées et mesurables sont données sur la manière dont le Conseil régional compte mener sa politique, en matière de formation, de médias, de soutien au bilinguisme, etc.… Nous connaissons les moyens énormes déployés en Europe pour ces politiques avec des résultats parfois décevants. Le Parti Breton regrette donc que le Conseil régional ne soit pas plus précis sur les moyens qu’il compte mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs.

2) Le Parti Breton constate que le Conseil régional envisage d’utiliser les possibilités d’expérimentation proposées aux collectivités locales par les nouvelles lois de décentralisation. Il rappelle cependant que la majorité socialiste actuelle rejette largement ces projets de transferts de compétences pour la raison simple qu’elles ne sont pas assorties de garanties financières pour les mener à bien.

3) Le Parti Breton s’interroge sur le sens de la volonté de transformation de l’Office de la Langue Bretonne en établissement public régional. Situé entre le grand public et les pouvoirs publics, l’Office apparaît pourtant comme un modèle de proximité et de souplesse qui doit être conforté et développé. Plutôt que d’un nouveau statut juridique, l’Office a besoin de missions nouvelles : pourquoi ne pas le charger d’évaluer la réussite de la politique du Conseil régional dans la mise en place de ce plan ? pourquoi ne pas l’associer aux contrats Etat-Région ?

4) Le Parti Breton émet de sérieux doutes sur la capacité et les moyens du Conseil régional à influer sur la politique culturelle jacobine relayée en Bretagne par France 3, les radios de services publics, le rectorat ou encore l’université. D’une télévision régionale bretonne de service public, annoncée pendant la campagne électorale, la majorité régionale est passée à un projet de convention avec France 3. Ce système existe déjà et le Parti Breton rappelle que les Bretons financent plusieurs fois la pitoyable place du breton sur France 3, par la redevance et par l’aide au doublage versée par la région. De plus, rien dans le plan proposé n’indique que le Conseil régional puisse à l’avenir inciter France 3 à reprendre la diffusion d’émissions en Loire-Atlantique ……

5) Le Parti Breton note que le plan de la région insiste fortement sur la promotion du bilinguisme dans l’enseignement. Le Parti Breton rappelle le succès et l’efficacité de la méthode d’enseignement dite de l’immersion utilisée par les écoles DIWAN et regrette l’absence d’un soutien beaucoup plus appuyé à ce réseau qui, à condition d’être soutenu massivement est le plus à même d’assurer un renouveau au breton. Le Parti Breton note également que l’objectif de 12% d’augmentation par an des filières bilingues pour 2010 annoncé est inférieur à la moyenne de 16% des 15 dernières années annoncée en première page, ce qui semble révéler des doutes et un manque d’ambition quant à la capacité de ce plan à influencer le cours des choses.

6) Le Parti Breton note l’introduction de mesures de soutien ambitieuses (programmes de télé…) à destination du gallo en Haute-Bretagne. Le Parti Breton s’inquiète devant le danger d’aboutir à un effet de miroir gallo-breton qui conduirait à une nécessaire égalité des mesures de soutien accordé aux deux langues alors que la demande sociale et leur situation sociolinguistiques sont profondément différentes. Le Parti Breton rappelle que le breton est la langue de toute la Bretagne et qu’il y a davantage de locuteurs de breton que de gallo en Loire-Atlantique, par exemple. Le Parti Breton considère qu’il est impératif de soutenir les associations de promotion du gallo, où qu’elles soient, même en Basse-Bretagne. A l’inverse le breton a vocation à être soutenu avec des moyens et des instruments constants, sur tout le territoire de la Bretagne historique. Le Parti Breton rejette la suggestion que semble suggérer le plan de diffuser des émissions en gallo à la place d’émissions en breton en Haute-Bretagne. De la même manière, le Parti Breton s’opposerait à un bilinguisme français-gallo plutôt que français-breton en Haute-Bretagne car il s’agirait d’un choix basé sur des considérations historico-linguistiques plutôt qu’une réponse à une demande sociale, un projet d’avenir et un impératif : sauver la langue de tous les Bretons.

Ce que le Parti Breton dénonce

1) Le Parti Breton est attristé de constater que le Conseil régional s’excuse en préalable de devoir soutenir la langue bretonne en expliquant qu’elle ne menace en rien l’unité nationale. Le Parti Breton considère déplacé dans un document de cette importance de contraindre les Bretons à justifier leur attachement à leur langue et à rassurer ceux qui feignent de croire que le breton puisse attenter à l’unité de la République. Si des excuses doivent être faites, elles devraient plutôt concerner la politique d’éradication des langues régionales assumées par toutes les forces politiques hexagonales.

2) Concernant les médias, le Parti Breton regrette le manque d’ambition du Conseil régional, à l’heure de l’explosion des moyens de diffusion et où le retard sur nos voisins est particulièrement criant. Le Parti Breton regrette que le Conseil régional ne s’engage pas fermement à soutenir TV Breizh pour l’obtention de fréquences hertziennes et le développement de programmes en breton. Elle est le seul média breton qui dispose de la volonté et de l’indépendance politique pour le faire, à condition d’être soutenu financièrement vu le public restreint de brittophones.

3) Le Parti Breton refuse l’opposition relevée dans le texte entre militants culturels et population bretonne et s’interroge sur la notion de breton populaire d’autre part. Le Parti Breton rappelle que sans le travail de ces milliers de militants culturels, le breton ne serait pas redevenu la langue maternelle de milliers d’enfants en Bretagne. Le Parti Breton considère qu’il n’appartient pas au Conseil régional ou à quelconque forme d’autorité (à moins de ne vouloir singer le modèle français) de déterminer la nature, le type, l’accent breton à soutenir plutôt qu’un autre. Le Parti Breton considère qu’il faut tendre vers un juste milieu entre le breton utilisé quotidiennement par la population rurale de Bretagne au cours de ce siècle et une langue enrichie par les travaux des linguistes, l’apport de néologismes et modifiée par les conditions nouvelles de son utilisation (scolaire, contexte ultra minoritaire). En Irlande le gaélique qui s’est imposé est à mi-chemin entre les dialectes traditionnels et la langue dite littéraire de l’école et du renouveau.

3) D’une manière générale, le plan de la région Bretagne est un exercice de realpolitik qui intègre toutes les contraintes financières, administratives, légales et même culturelles imposées par le modèle français. Les ambitions du Conseil régional sont d’emblée limitées au domaine du « possible » dans le cadre français et ne tracent pas de perspectives de remises en cause ou de transformation du système, en dehors de mécanismes existants (charte et décentralisation). Ce constat est logique car l’équipe au pouvoir s’inscrit dans le cadre d’une politique régionale ou régionaliste, ayant l’Etat français pour cadre. Sur toute une série de mesures de promotion de la langue mises en place chez nos voisins (généralisation de l’enseignement, prime à l’emploi de bretonnants, mesures fiscales pour inciter le création de zones bretonnante, breton dans les services publics, les relations commerciales), le Conseil régional se montre conservateur et dans le droit fil des politiques des équipes précédentes. Le Parti Breton rappelle qu’à moins de bouger on ne risque pas de sentir le poids de ses chaînes …

Ce que le Parti Breton propose

Tout en souhaitant sincèrement que ce premier plan de programmation linguistique donne des résultats concrets, le Parti Breton souhaite faire une série de propositions complémentaires sans lesquelles une politique linguistique cohérente a peu de chances d’atteindre son but.

- Régionalisation de France 3 Bretagne

- Mise en place de Radio Breizh, radio bilingue français-breton sur les 5 départements

- Généralisation de l’enseignement du breton, à l’instar du Pays de Galles et de l’Irlande, en sus des filières bilingues et d’immersion.

- Faire du breton une des deux langues de travail des collectivités locales en Bretagne avec publications en breton des documents à l’attention du public, traduction simultanée disponible en permanence pour les sessions du Conseil régional.

- Aide à l’embauche de personnels bretonnants dans les services publics du quotidien (poste, hôpitaux, maisons de retraite, CPAM, etc.…)

- Promotion des vertus du bilinguisme dans les maternités

- Approfondissement du lien avec le monde du travail lancé par la campagne Ya d’ar brezhoneg (signalisation bilingue dans les zones industrielles, mise en valeur des entreprises prêtes à utiliser le breton dans leur relation d’affaires)

- Mesures fiscales pour inciter les familles bretonnantes à recréer des noyaux de population où le breton est utilisé couramment

- Prise en compte du breton dans la politique internationale de la région (aide à l’enseignement du breton dans les Alliances françaises des pays celtiques, à l’instar du galicien et catalan dans les Instituto Cervantes).

- Campagne pour parvenir à l’utilisation du breton dans les tribunaux, les relations avec l’Etat (Trésor public), etc.… A l’instar de ce qui se pratique chez nos voisins.

- Au lieu de rappeler des ex-gendarmes à la retraite pour verbaliser les citoyens comme le fait l’Etat, le Parti Breton propose d’embaucher des retraités bretonnants quelques heures par semaine pour assister les structures qui utilisent le breton (écoles, centres culturels, maisons de retraite…)

..onur du probl mais elles permettent de saisir l'r les sessions du Conseil régional.

Ces propositions sont loin d’être exhaustives mais elles permettent de saisir l’ampleur du problème.

Commission Langue bretonne du Parti Breton

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1253 lectures.
Le Parti Breton a pour but de rassembler, d'unir et d'organiser tous les bretons et amis de la Bretagne décidés à réveiller la conscience nationale du Peuple Breton afin que celui-ci se dote enfin des structures politiques, économiques, sociales et culturelles lui permettant d'assurer en tant qu'entité internationalement reconnue, son avenir et son épanouissement dans le cadre d'une Europe des Peuples et de la Solidarité
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