Paskal Laizé : demande de libération conditionnelle examinée le 30 novembre. Coordination Anti-Répressive de Bretagne Communiqué de presse C‘est le 30 novembre 2004 que la demande de libération conditionnelle du prisonnier politique breton Paskal Laizé sera finalement examinée. Arrêté le 2 mai 2000 par la police politique française, ce militant indépendantiste breton a été jugé en mars 2004 par la très spéciale et très politique Cour d’Assises de Pariz. Il a été condamné à huit ans de prison pour des attentats de l'Armée Révolutionnaire Bretonne ayant entraîné uniquement des dommages matériels. Mis en examen avec trois autres militants dans la tragique, magique et toujours très mystérieuse Affaire de Quévert, il avait été acquitté , mais le parquet aux ordres du ministre français de la Justice a fait appel contre lui. Dans une déclaration de mai 2003, les « Quatre de Quévert » avaient dénoncé la « chasse aux sorcières contre le mouvement breton et particulièrement la Gauche Indépendantiste » et réaffirmé « avec force être totalement étrangers à cette action tant dans sa préparation que dans sa réalisation » . les audiences de mars 2004 avaient complètement ridiculisé l’ instruction de l’Affaire de Quévert menée par le juge Gilbert Thiel, militant chevènementiste notoire. Il est également poursuivi dans le dossier du vol d’explosifs de Plévin, Côtes-d’Armor (28 septembre 1999). En janvier dernier, nous avions publié un poignant témoignage de son co-détenu, Jérôme Bouthier, sur le calvaire subi en détention par Paskal Laizé. Jérôme Bouthier, après avoir subi deux ans et demi de détention « provisoire » , a été totalement blanchi par la Cour d’Assises de Pariz le 26 mars dernier. Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Le porte-parole, Claude Le Duigou. Témoignage de Jérôme Bouthier Français / English Document diffusé par la CARB 15/01/2004 Mauvais traitements infligés à Paskal Laizé: Jérôme Bouthier témoigne. Dans un courrier daté du 10 janvier 2004, le prisonnier politique breton Jérôme Bouthier confirme l'absence de soins pour son camarade de détention Paskal Laizé et les mauvais traitements dont il est victime. Ce courrier est parvenu à la Coordination Anti-répressive de Bretagne le 15 janvier 2004. "Paskal t'en a sûrement parlé, depuis deux ou trois mois, je suis dans le même bâtiment que lui, et, plus précisément, je me situe à deux ou trois cellules de la sienne. Nous pouvons donc nous voir quotidiennement même si durant la semaine je ne peux pas toujours être présent car je suis les cours de DEUG Lettres Modernes proposés par l'université de Paris VII. Mais nous pouvons très souvent faire nos "promenades" ensemble. Si je te parle de cela, c'est aussi pour une chose bien précise... Me voilà donc voisin de Paskal, ce qui fait de moi un témoin privilégié de la manière dont l'administration le traite et le "soigne"(dans tous les sens du terme). Je commence à bien connaître leur fonctionnement car voilà plus de deux ans et trois mois que je subis la "geôle française"; je connais sa manière de s'occuper des prisonniers, notamment politiques, dont elle a la charge. Voilà ci-après ce que j'ai vu, et vois chaque jour, à propos des (non)-soins donnés à Paskal. comme tu le sais Klaod, Paskal a été victime quelques semaines avant sa mise en détention, d'un accident de la route dont il est sorti gravement blessé. Atteint aux jambes, il reste heureusement tout à fait à la hauteur de la médecine. Médecine dont, théoriquement, les prisonniers de l'Etat français peuvent bénéficier, au même titre que tout un chacun. Effectivement, depuis quelques années, les services hospitaliers sont présents à l'intérieur des enceintes des prisons et sont (normalement) indépendants de l'administration pénitentiaire. Ce faisant, les prisonniers sont soignés à l'intérieur de la prison ou, le cas échéant, les hôpitaux publics accueillent et soignent les prisonniers dans leurs bâtiments. Mais voilà... l'administration pénitentiaire a toujours le dessus vis-à-vis des médecins et infirmières/ers, en tout état de cause le dernier mot. Paskal subit depuis le début de son incarcération, non pas un simple dysfonctionnement de la part de l'administration pénitentiaire, mais une réelle volonté de le mettre hors de portée des soins dont il a chaque jour de plus en plus besoin. Je vous assure être témoin direct d'une mise en danger d'autrui. Bien sûr, Pascal ne subit pas une torture physique directe, mais au final, au niveau éthique, il s'agit bien de la même chose. Ainsi, dernièrement, les médecins soignant Paskal lui ont prescrit le port de genouillères de soutien spéciales afin d'atténuer ses douleurs mais aussi la "progression de l'usure prématurée et rapide de ses genoux" (... en attendant une opération chirurgicale qui serait faite "ultérieurement"...dernier mot qu'il faut entendre par "dehors". Vous noterez la subtilité des sortes de soins que peuvent recevoir les prisonniers: seuls les soins immédiats et urgents dans le temps sont pris en compte... après c'est chacun pour soi!). A cette première anomalie s'en greffe aussitôt une seconde: le financement de ces genouillères est à la charge de Paskal. Ces genouillères coûtent très cher et pascal n'a plus de ressources financières puisque privé de liberté notamment de travailler ... (mais cette bizarrerie a été palliée par la solidarité bretonne, il me semble, via Skoazell Vreizh). Ayant vers lui une autorisation des médecins (une ordonnance en quelque sorte) avalisée pour l'administration pénitentiaire (!) (via le chef de division ) Paskal fait donc acheter de l'extérieur ces genouillères et tente de se les faire entrer par les voies officielles du parloir. Voies toutes officielles qu'impénétrables puisque Paskal n'aura pas ces genouillères: l'humeur d'un responsable des parloirs en aura décidé ainsi. A ce jour, aucune raison n'a été donnée par ce responsable sur les motivations de son refus. Aujourd'hui, Paskal souffre de plus en plus de ses jambes. Lors des promenades, qui durent environ une heure, Paskal (homme en pleine force de l'âge: 37 ans) est contraint de faire de multiples arrêts afin de reposer ses genoux. Idem lorsqu'il monte les escaliers: souvent, je le vois contraint de faire des pauses pour monter jusqu'au ... deuxième étage! Mais ce n'est pas fini, l'administration pénitentiaire a des ressources que l'on n'ose même pas imaginer: elle réserve des perles d'horreur qui font froid dans le dos. Ainsi, il y a quelques jours, alors que Paskal et moi allions en "promenade", nous avons été priés de présenter nos "cartes d'identification de détenu", chose qui nous est très rarement demandé... et pour cause: cela fait si longtemps que nous sommes maintenus en détention provisoire que tous les surveillants nous connaissent et donc n'ont plus besoin de demander notre identité. Toujours est-il que le hasard a fait que, pour ma part, j'avais ma carte avec moi, Paskal, lui, l'avait laissée en cellule. Voici la réaction des deux surveillants: "Hé, Laizé, allez chercher votre carte... sinon, pas de promenade!" Surpris, nous faisons remarquer aux deux surveillants qu'ils viennent d'appeler Paskal par son nom, l'inutilité de la carte devient alors flagrante; carte, en outre, totalement inutile pour une "promenade". Les deux compères ne bronchent pas et insistent pour voir la carte de Paskal. Je leur explique alors que Paskal souffre des jambes et que retourner jusqu'à sa cellule représente un effort terrible pour lui. J'obtiendrai pour réponse ... deux sourires! En près de trente mois de détention, j'en ai vu des horreurs, mais là, j'avais vraiment envie de vomir en les voyant. Ce qu'ils ont fait était purement gratuit. Pire, en attendant Paskal, qui était donc retourné dans sa cellule chercher sa carte (évidemment, je ne pouvais aller à sa place...), j'ai pu voir deux autres détenus aller tout droit en promenade sans que leur carte ne leur soit demandée. Quand Paskal reviendra avec sa carte... ils daigneront à peine la regarder. Je ne veux pas supplanter Paskal pour dire ce qui lui arrive, il le fait très bien lui-même. A travers ce témoignage, j'ai juste voulu apporter un regard extérieur à lui-même. Je t'avoue avoir été heureux d'apprendre qu'Amnesty International s'était saisi de son dossier... je n'ai pas parlé ici de l'hernie que Paskal a à son abdomen (sur le côté), mais c'est exactement du même tonneau: il n'est pas soigné alors qu'il le faudrait, et de manière urgente. Voilà, Klaod... je ne sais pas si mon témoignage peut contribuer à faire comprendre au monde de l'extérieur ce qui se passe ici, ce qu'ils font de nous mais... il faut bien comprendre que c'est 24 heures sur 24. Mais attention, pas de confusion possible: notre moral n'est absolument pas touché, leur travail de sape n'a aucun effet sur nous; je puis t'assurer qu'ils se fatiguent inutilement." Jérôme Bouthier Ill-treatments inflicted on Paskal Laizé: Jérôme Bouthier testifies In a letter dated 10 January 2004, Breton political prisoner Jérôme Bouthier confirms the lack of medical care for his detained comrade Paskal Laizé, and the ill-treatments he is the victim of. This letter reached the CARB on 15 January 2004. “Paskal certainly already told you, we have been in the same building for two or three months now, and, more precisely, I am two or three cells away from him. Therefore, we can see each other every day, even if, during week days I cannot always be present since I have to go to class to study for my degree. But we have very often the opportunity to take our “walks” together”. If I mention all this, it is also for a quite precise reason. I happen to be Paskal’s neighbour, which makes me a close witness of the way the administration treats him and “takes care” (in all senses of the word) of him. I am getting to know how the systems works, since I have been undergoing the “French gaol” for more than two years and three months, and I know how they care take of the prisoners, and especially the political ones, they are in charge of. Hereafter is what I saw and keep seeing everyday regarding the (non existent) medical care for Paskal. As you know, Klaod, Paskal was the victim, a few weeks before being imprisoned, of a road accident, in which he was seriously injured. His legs were affected, but luckily medicine could still improve his condition. Medicine which, in theory, prisoners of the French State can have access to, as everyone else. Actually, hospital services have been inside prison walls for a few years now and are (normally) independent from prison administration. Therefore, prisoners have treatment inside the prison or, if needed, public hospitals take care of prisoners in their buildings; The problem is… prison administration always gets the upper hand on doctors and nurses, and anyway has the last word. Since he was imprisoned, Paskal not only undergoes a malfunction of the prison administration, but a real will to prevent him from having access to the medical care he needs more and more everyday. I assure you I am a direct witness of his endangering. Of course, Paskal is not subjected to direct physical torture, but in the end, from an ethical point of view, it amounts to the same thing. Thus, recently, the doctors treating Paskal prescribed him to wear special knee supports in order to attenuate the pain but also the “progression of the premature and fast wearing of his knees” (… while waiting for a surgical operation which will be carried out “later”… the last word meaning “outside”. You may note the subtlety in the kind of treatment available for prisoners: only immediate and urgent treatment is considered… after that it’s every man to himself !). A second anomaly adds up to this first one: these knee supports are charged to Paskal. They are very expensive and Paskal does not have any financial resource since he is deprived of his freedom, and notably his freedom to work… (but this queer situation was made up for by Breton solidarity, I think, through Skoazell Vreizh). Having an authorisation from the doctors (some kind of prescription), endorsed by the prison administration (!) (via the chief of division), Paskal therefore asks someone from outside to buy these knee supports and tries to get them inside via the normal ways of the visiting room. These ways look as impenetrable as official since Paskal will not get his knee supports: so one of the man in charge of visits decided. To date, no reason as to why he refused to let the knee supports inside was given by this person. Now, Paskal’s legs get more and more painful. During walks, which last about one hour, Paskal (a man in the prime of life: 37) has to stop several times in order to allow his knees to rest. Same thing when he climbs the stairs: often, I see him forced to stop on his way up to the…. second floor ! But there is more, the prison administration has resources you don’t want to imagine and that send shivers down your spine. Thus, a few days ago, as Paskal and I were going for a “walk”, we were asked to show our “detainee identification card”, a thing which is very seldom required from us….and for good reason: we have been kept in provisional detention for so long that all warders know us and don’t need to check our identity. Anyway, as luck would have it, I had my card on me, while Paskal had left his in his cell. Here is the reaction of the two warders “Hey, Laizé, go fetch your card…. Or else no walk”. Quite surprised, we point out to the two warders that they just called Paskal by his name, therefore the card is useless; and all the more since this card is of no use for a “walk”. The two fellows won’t move and they insist on seeing Paskal’s card. I then explain them that Paskal’s legs are painful and that going back to his cell means a terrible effort for him. As an answer, I’ll get… two smiles ! In nearly thirty months of detention, I have seen quite a number of horrors, but these guys really made me want to vomit. What they did was absolutely wanton. Worse, while I was waiting for Paskal, who had gone back to his cell to get his card (of course, I could not go there on his behalf), I saw two other detainees go straight for their walk without anyone requesting to see their cards. When Paskal comes backs with his… they hardly look at it. I don’t want to say what happens to Paskal on his behalf, he does it very well himself. Through this testimony, I just wanted to bring an external point of view. I can say I was happy to hear that Amnesty International was looking after his case… I did not mention here the hernia Paskal has on his abdomen (on the side), but it is of the same kind: he gets no treatment, while he should, urgently. Well Klaod… I don’t know whether my testimony may contribute in getting the outside world understand what is going on here, what they are doing to us…. But you have to understand that this happens 24 hours a day. But caution, make no confusion: we remain in fighting form, their insidious undermining work has no effect on us, I can assure you they are wasting their time.