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- Communiqué de presse -
Le militant breton avait failli mourir en garde à vue: l'Etat français est condamné
L'émotion causée par la mort de Laurence Turbec, employée au restaurant McDonald's de Quévert (Côtes-d'Armor) suite à l'explosion d'une bombe le 19 avril 2000 avait été cyniquement utilisée par l'Etat français pour déclencher une série d'arrestations visant, outre les auteurs supposés de cette infraction pénale extrêmement grave, des personnes qui
Par Klaod An Duigou pour CARB le 24/10/07 10:36

Le militant breton avait failli mourir en garde à vue: l'Etat français est condamné.

Communiqué de presse de la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Lorient, le mercredi 24 octobre 2007.

Le 17 octobre 2007, la Cour d'Appel d'Angers a donné raison à Fulup Bonnet face à l'Agent Judiciaire du Trésor représentant l'Etat. Pour cet appel, les intérêts de Fulup Bonnet étaient défendus par Maître Vicart, avoué à la Cour, assisté par l'avocat rennais à l'origine de ce dossier au nom de Skoazell Vreizh, Maître Bouessel du Bourg. Cet arrêt du 17 octobre 2007 a été rendu suite à l'appel de Philippe Bonnet, mis sans raison deux fois en garde à vue à Rennes, et condamne l'Etat français à lui verser 7 000 € à titre de dommages et intérêts et 2 000 € pour ses frais de procédure…

En décembre 1999 et en juin 2000, Fulup Bonnet avait été placé en garde à vue par les policiers de la Division Nationale Anti-Terroriste. Sa situation de santé (Monsieur Bonnet souffre en effet d'une forme grave de diabète) n'avait fait l'objet d'un soin particulier. Les médecins sollicités par la police en application des lois réglementant la garde à vue avaient tous estimé son état de santé compatible avec la garde à vue...

Le 16 juin 2000 dans la soirée, Fulup Bonnet fait un malaise. Le médecin appelé le fait hospitaliser d'extrême urgence. sa garde à vue est levée pendant son hospitalisation.

En juin 2000, c'était la "gauche plurielle" qui était au pouvoir, le Premier Ministre était Lionel Jospin, la Ministre de la Justice était Elisabeth Guigou, le Ministre de l'Intérieur était Jean-Pierre Chevènement. Le Parti Socialiste, le Mouvement Des Citoyens, les Verts, le Parti Communiste Français et le Parti Radical de Gauche faisaient partie de la majorité de l'époque et participaient au gouvernement.

Extraits de l'arrêt de la Cour d'Appel d'Angers :

« Statuant publiquement et contradictoirement, après envoi de cassation ;

Vu l'arrêt de la cour de Cassation (1ère chambre civile) du 7 juin 2006 :

Rejette des débats la pièce n°86 produite par Monsieur Bonnet ; Infirme partiellement le jugement déféré ;

Condamne l'Etat français à verser à Monsieur Bonnet une somme de 7 000 € à titre de dommages-intérêts ;

La condamne à lui verser une somme de 2 000 € par application de l'article 100 du Nouveau code de procédure civile ;

Le condamne aux dépens de première instance et d'appel, en ce compris ceux de l'arrêt cassé et dit qu'ils seront recouvrés conformément aux dispositions de l'article 699 du Nouveau code de procédure civile. »

(Signé par le Greffier et le Président de la Cour d'appel d'Angers).

Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Le porte-parole, Claude Le Duigou

Ce communiqué a partiellement utilisé le compte-rendu d'une conférence de presse de l'association Skoazell-Vreizh.

Annexe:

" J'ai failli mourir en garde à vue " : le témoignage édifiant de la garde à vue d'un militant breton

Extraits du compte rendu de la garde à vue les mardi 13, mercredi 14 et jeudi 15 juin 2000 de Fulup (Philippe), Bonnet membre du bureau national d'Emgann, dans les locaux de la police politique de l'Etat français et à l'hôpital de Rennes du jeudi 15 juin jusqu'au lendemain matin 16 juin 2000.

"Jeudi 13 juin 2000 à 7 heures 45 du matin lorsque je m'apprêtais à partir à mon travail, j'étais d'ailleurs déjà sorti de chez moi, la porte était fermée à clé et je me trouvais donc dans l'escalier lorsque j'aperçus par la fenêtre huit personnes avec police sur le blouson qui sortaient de plusieurs voitures garées sur le parking de mon HLM . et voilà.(...) Alors, commission rogatoire du juge parisien Thiel vous êtes bien M. Bonnet, si vous avez des médicaments à prendre allez y !

Ils me demandent si je veux voir un docteur, oui bien sûr et après sa visite, on referme la porte à clé direction les voitures et l'on repart à trois dans une vieille clio usée vers Rennes. Les voitures de la PJ de Nantes sont quand même plus vieilles et moins rapides que celles de la DNAT, ils ne se privent pas d'ailleurs de le dire. Sant Nazer Redon, la poisse avec les camions, arrivés au commissariat de Rennes, direction les étages, interrogatoires d'une heure où deux sur la bagarre avec les flics au salon des bières bretonnes à Nantes, ils me font voir des photos, etc...

Direction une cellule de 4 m sur 4 ;sale, crachats et sang par terre, ainsi que sur les murs. Ils m'ont amené des sandwichs au jambon. Pour boire, il fallait frapper à la porte ainsi que pour aller aux toilettes. Je n'ai eu aucun problème pour prendre mon taux de sucre pour mon diabète et pour prendre mes médicaments. Pour boire, j'avais emmené une bouteille d'un litre cinq de chez moi, elle a duré une journée, après il a fallu que j'en fasse acheter ou que j'aille aux toilettes pour boire au robinet.(...)

Ils me remmènent dans ma cellule, me ramènent devant une juge d'instruction, qui me signifie une prolongation de la garde à vue de 24 heures. J'avais demandé à faire prévenir mes parents, oui bien sûr mais cela n'a pas été fait...

Le soir tard resandwich au jambon je peux faire sans problèmes mes soins pour le diabète, je vois un docteur à ma demande à qui je fais remarquer entre autres que j'ai du interrompre un médicament pour la tension le Renitec, et que je devais revoir mon docteur habituel ce mardi. Ma tension était élevée mais ce n'est pas grave c'est le stress soit disant. Je suis entre 16 et 17 un diabétique qui d'après les cardiologues ne doit pas dépasser le 12... Donc ce n'est pas grave! Avez vous déjà été en garde à vue ? Non, alors essayez de dormir sur une planche de 21 cm de large, il fait froid, pas de couverture, lumière allumée en permanence... et du bruit...

Donc trois petites heures de sommeil et petite forme, je peux faire une toilette de chat, avoir à mes frais des croissants car pour les médicaments je dois manger. Le soir resandwich au jambon, je vois toujours passer et repasser les amis, je revois la juge d'instruction qui me confirme que ma garde à vue est reconduite pour 48 heures. A ma demande, visite d'un médecin qui se présente comme un médecin légiste, en général on le voit après! Je lui dis ma fatigue et que je devais revoir mon médecin traitant pour le "Renitec", que j'avais encore 17 de tension , il me répond : " ce n'est pas grave, c'est le stress !"

Jeudi matin. Après un petit déjeuner à mes frais, questions... Me voilà raccompagné dans ma cellule, très fatigué, vers 16 heures je pense. Alors vers 18 ou 19 heures je suis obligé de m'allonger, j'appelle un flic pour demander un médecin. Me voyant mal, il m'apporte en courant un matelas pour m'allonger par terre et là je me sens partir. Le médecin est arrivé en moins de 10 minutes, elle me prend la tension à droite puis à gauche, trois ou quatre fois j'étais à plus de 19, elle part en courant prévenir les flics qu'elle ne peut pas me laisser comme cela. Elle court appeler le SAMU. Un flic dit :" je ferme la porte à clé. " Elle répond : " ce n'est pas la peine, il ne partira pas en courant. " Elle revient vite , le SAMU arrive sur le champ, sirène hurlante. Les flics courent dans tous les sens dans les couloirs ,j'entends crier on me fait un électro-cardiogramme, on me met sous perfusion, j'ai 24.13 de tension... Ca court dans les étages ils descendent tous. Les pompiers arrivent, paniqués, les flics disent : " Bonnet va claquer ." Je l'ai bien entendu et cela m'a été confirmé après. Je voyais des taches jaunes, rouges etc etc, et les flics danser avec les gens du SAMU. Cela n'était pas très normal non plus. Je voyais mal mais entendais clairement ! Me voilà en ambulance, sirène hurlante, les flics devant, les flics derrière, et les toubibs autour de moi, la totale ! On arrive à Pontchaillou, CHR de Rennes au service des urgences en cardiologie. Au bout d'une heure ou deux, encore sous perfusion, ma chambre gardée par deux flics en uniforme, un OPJ vient me faire signer ma levée de garde à vue, et ma libération. J'étais devenu subitement innocent... Cela, je le savais depuis le début avant de venir à Rennes, je n'ai pas le même sens de l'humour que la police française. Les médecins sympas me prêtent un téléphone pour prévenir ma famille et mes amis. Je reste aux urgences jusque vers minuit puis l'on me monte au cinquième étage. Là, allongé sur un lit, toujours sous perfusion, on me fait encore une prise de sang. Je ne suis ni lavé ni rasé. Un échos me fait énormément plaisir, en y repensant j'en ai presque la larme à l'oeil, même si cela parait idiot, il faut l'avoir vécu pour le comprendre, ce fut de voir arriver C., M. et E. J'ai su plus tard, qu'à moins de une heure près, étant diabétique, j'avais frôlé l'infarctus indolore, les artères risquant l'explosion ce qui aurait provoqué l'inondation du cerveau et donc la mort...

Quand on est malade, on fait des progrès en médecine... Je ne suis pas prêt d'oublier cette vision des trois amis venant me voir pour prendre de mes nouvelles. C'est difficile à exprimer. Mais il faut comprendre la situation. A eux merci encore et j'espère bien n'avoir jamais à le leur rendre, de cette manière au moins. Soins jusqu'à une heure du matin, (l'infirmière avait autorisé les amis à rester 5 minutes . En fait on les a laissé un peu plus longtemps auprès de moi ). Impossible de dormir normalement après.

A trois heures du matin, soins, changement de perfusion, prise de tension (redevenue normale ), de température etc. Réveil à sept heures fatigué quand même, nouvelle prise de tension, de température. A huit heures on me refait la même chose avec en plus une prise de sang et de l'exercice pendant une heure. Je vais téléphoner à ma famille et à des amis, à Skoazell Vreizh. Tout le monde est paniqué de Guérande à Espelette, de St-Nazaire à St-Brieuc ou au Landreau, car c'était passé à huit heures du matin à radio France Loire océan avec mon nom, à France Info sans mon nom , mais, quand on dit " le responsable du salon des bières bretonnes, et militant breton de St-Nazaire " cela suffit. Du nord au sud de l'état français, tout le milieu tégestophile ( collectionneurs de matériel de brasserie ) me connaît. Cela a également été publié dans le Télégramme de Brest, Ouest France, Presse Océan, RBO, Radio France Armorique, etc. Même l'Humanité a parlé de moi ainsi qu'à Libération. Je remonte avec ma perfusion en patère et voit un flic de la PJ de Rennes. Je lui demande s'il vient pour moi, il me répond que non mais, je vois le médecin lui dire : " tenez, voilà le dossier de M.Bonnet." Trahis ! Alors il me rétorque, qu'il était venu prendre de mes nouvelles. Ils sont humains dans la police française, tout de même... ou alors ils ont peur.

Les médecins voulaient me garder en observation 24 heures, mais comme je leur ai promis de ne pas conduire et de me reposer, ils m'ont laissé sortir le vendredi matin 16 juin 2000 vers 10 heures. M. m'a emmené à la gare de Rennes, V. et J. sont venus me chercher à la gare de Nantes. J'étais très fatigué, mais heureux d'être dehors. C'est à ce moment que j'ai réalisé qu'il me restait des séquelles : j'ai bu de la kro sans alcool et je l'ai trouvé bonne. J'en ai même repris ! A. est venue me chercher le soir à Nantes, m'a ramené chez moi où j'ai trouvé mon appartement en vrac, et où je n'ai , bien sur, pas pu dormir.

Depuis le 17 juin : - j'ai eu trois semaines d'arrêt de travail, - j'ai eu des tranquillisants pendant presque un mois, - j'ai repris le travail pendant une semaine et suis parti en vacances un mois.

- Note : total des arrêts de travail pour Monsieur Bonnet depuis juin 2000 : 10 semaines en 2000 et déjà 10 semaines en 2001 !

Cela commence à aller mieux, Mais encore maintenant, s'il y a du bruit vers 6 ou 7 heures du matin, je panique et stress complètement. J'ai toujours ces images de cellule, de barreaux, de lumière allumée en permanence, de bruit qui reviennent régulièrement. Le soir, je vérifie I5 fois que ma porte et mes fenêtres sont bien fermées, avant d'aller dormir.

Pour les non initiés qui liront ce texte : Emgann : mouvement de la gauche indépendantiste bretonne. Skoazell Vreizh : association de secours aux prisonniers politiques Bretons et à leurs familles. DNAT : division nationale anti-terroriste, police politique de l'état français, pays dit des droits de l'homme . PJ : police judiciaire Démocratie française : science fiction "

Fait à Sant Nazer, Breizh, en juillet 2000. Revu et corrigé en octobre 2000.

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logo Coordination Anti-Répressive de Bretagne. La CARB est la réunion des comités anti-répression qui sont nés suites aux vagues d’interpellations survenues en Bretagne depuis le 30 septembre 1999. Des comités anti-répressifs existent dans plusieurs villes de Bretagne, en Occitanie et aussi en région parisienne.
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