En 2012 on aura entendu Nolwenn Leroy chanter le Bro Gozh ma Zadoù et les Coeurs de l'Armée Rouge chanter Tri Martolod. Etonnant non ? Qui a dit qu'il ne se passait rien en Bretagne ?
Il y aurait 47 versions du fameux chant de marin breton connut aussi sous le nom de Tri Martolod Yaouank. Il s'agit d'une ronde à trois pas que l'on rencontre sur toute la côte de Bretagne et plus particulièrement en Cornouaille. L'air viendrait de la région du Guilvinec/Penmarc'h. La dernière version est celle des Choeurs de l'Armée Rouge qui étaient en tournée en France en 2012 (c'est l'enregistrement amateur sur youtube au concert de Caen cette année que nous publions).
Parmi les milliers d'airs pour cornemuse recensés par Polig Monjarret juste après la guerre, il y avait une mélodie qu'il intitulait alors Tri-ugent martolod (60 marins). Le chant est republié en 1968 dans Sonioù Pobl de Skol Vreizh puis, sous le titre "Tri Martolod" et dans Kanomp Uhel édité par la Coop Breizh. La première version enregistrée serait par le groupe breton An Namnediz en 1964 sur le disque Sevel E Vouezh. An Namnediz ne dépassa jamais le milieu assez fermé à l'époque des cercles celtiques.
C'est Alan Stivell qui a popularisé le morceau. Il l'aurait découvert à l'âge de 15 ans et l'aurait arrangé avec la créativité et le flair qu'on lui connaît. Tri Martolod fera partie des morceaux du mythique A l'Olympia (1972). Tri Yann An Naoned l'a ensuite repris dans leur premier album (fin 1972). 50 ans plus tard, Nolwenn Leroy l'incorporera à Bretonne, sorti en novembre 2010, en reprenant la version arrangée par Alan Stivell.
Philippe Argouarch