Cette Présidentielle 2017 aura connu une étrange campagne, par ses affaires et par ses 11 candidats déraisonnables.
Déraisonnables en effet car, si en dehors des propositions de réformettes habituelles inhérentes à l’idéologie de chacun des camps, ou les outrances de certains qui voudraient rendre l’Europe responsable de tous les problèmes de ce pays, aucun des candidats n’a eu un mot pour une réforme qui devient incontournable : une véritable décentralisation.
Celle-ci permettra de relancer une économie française en perte de vitesse et de réconcilier nombre de citoyens non pas avec la politique, mais avec les politiques. Cette décentralisation qui est une façon de gouverner et de gérer avec justice les territoires est à l’oeuvre depuis longtemps dans la plupart des pays européens. Ainsi le fédéralisme allemand est l’une des clés de la réussite économique du pays qui résiste bien mieux à la crise que ce que ne permet la gouvernance ankylosée française. Cette décentralisation impliquera de la proximité, beaucoup moins d’opacité. Et par là moins de gaspillages, d’erreurs dans des projets coûteux décidés de Paris, moins d’abstentionnisme, plus d’efficacité économique, plus de lien social et plus de démocratie. Cette nouvelle vision permettra également de réveiller les solidarités naturelles, d’étayer les projets d’une cohésion sociale bien plus solide à l’échelle de certaines régions que dans cet Hexagone indivisible et indistinct à la fois.
De nombreux candidats ont invoqué quasi religieusement le Président de Gaulle, qui - justement - avait lors d’un référendum en 1969 (référendum raté pour les raisons que l’on connaît) présenté aux Français son projet décentralisateur. Étrangement, aucun des candidats ne s’est emparé de ce projet gaulliste qui remonte à bientôt 50 ans, et réclamé pourtant par nombre d’élus régionaux.
C’est à croire d’une part que les 11 n’ont jamais voyagé en Europe afin de s’inspirer de ce qui fonctionne bien ailleurs. Et, d’autre part, on peut se demander si ceux qui ont souhaité accéder à la fonction présidentielle ne sont pas intimement persuadés que la centralisation française est un mal nécessaire afin que la République n’implose pas… Nous affirmons ainsi pour notre part qu’il y a dans ce pays un problème fondamental d’identité et que le repli sur soi régulièrement invoqué par les jacobins à l’encontre des régionalistes n’est pas là où l’on croit, car le repli sur soi est bien celui des patriotes et nationalistes français.
Ceux-là même qui sont si fiers de ne parler qu’une seule langue, et qui se contentent d’un roman historique national, si cher à François Fillon, mais pourtant truffé d’erreurs, d’anachronismes et de révisionnisme pour les Bretons, Corses, Alsaciens, Ultra Marins et bien d’autres.
Bien entendu, nous ne pouvons nous satisfaire d’un Front National présent au second tour et il s’agit de combattre ce nationalisme français quand il est poussé à son paroxysme. Et si nous appelons à voter Emmanuel Macron, nous resterons vigilants sur la suite des événements. Curieux de savoir si monsieur Macron s’inscrit dans la continuité de ce que nous vivons depuis des décennies ou s’il incarnera la modernité à laquelle il prétend.
Il reste au leader d’En Marche deux semaines pour nous prouver qu’en plus d’avoir été un candidat atypique (au projet cependant relativement flou) il souhaite devenir un Président atypique, réellement réformateur, c’est-à-dire profondément décentralisateur.
Puisque les journalistes ne semblent pas relever un fait important - car la vie des régions ne les intéresse sans doute pas - nous faisons remarquer à Emmanuel Macron que c’est bien la Bretagne historique, c’est-à-dire à 5 départements, qui est la région qui a le plus voté pour lui. Nous lui saurions gré qu’il s’en souvienne.
Caroline Ollivro, présidente Breizh Europa