Publier | S'accréditer | | S'abonner à une newsletter | Faire un don
Logo ABP
ABP e brezhoneg | ABP in English |
Politique La réunification Economie Agro Mer Environnement Vidéos
- Communiqué de presse -
Réunification administrative de la Bretagne : halte à la démagogie politicienne
Le châtelain Dominique de Legge de Kerléan, du haut de sa particule, s'autorise à délivrer des leçons de courage et de démocratie. Les Bretons jugeront si le courage en politique consiste à faire carrière dans le confort douillet du cabinet du maire de Paris et des cabinets ministériels ou à se battre depuis 25 ans, dans le contexte d'un État jacobin, pour l'idée d'une Bretagne autonome.
Par Christian Guyonvarc'h pour Christian Guyonvarc'h le 29/03/09 15:35

Le châtelain Dominique de Legge de Kerléan, du haut de sa particule, s'autorise à délivrer des leçons de courage et de démocratie (cf. ses propos rapportés dans l'édition du 28 mars de Ouest France). Les Bretons jugeront si le courage en politique consiste à faire carrière dans le confort douillet du cabinet du maire de Paris et des cabinets ministériels ou à se battre depuis 25 ans, dans le contexte d'un État jacobin, pour l'idée d'une Bretagne autonome. Ils jugeront aussi si la démocratie consiste à travestir les faits pour tenter de se faire valoir.

Sur la forme, la motion que D. de Legge a déposée devant le Conseil régional de Bretagne le 27 mars était sans fondement juridique puisqu'elle demandait au président de notre assemblée de prendre seul l'initiative d'un groupe de travail composé de conseillers régionaux et de conseillers généraux de Loire-Atlantique. Le principe de non tutelle entre collectivités étant inscrit dans la Constitution, quand on veut qu'un texte soit adopté on fait en sorte que sa rédaction le rende juridiquement recevable... a fortiori quand on est un parlementaire.

Sur le fond du dossier de la réunification administrative de la Bretagne je rappellerai aux Bretons, sinon à Dominique de Legge qui en a une parfaite connaissance, les éléments factuels suivants :

— jusqu'en 2004 le Conseil régional de Bretagne et le Conseil général de Loire-Atlantique, qui étaient alors dirigés par l'UMP, n'avaient entamé aucune démarche de rapprochement. Dominique de Legge, conseiller régional depuis 1998, le sait pertinemment. Grâce à la motion que le Conseil régional a adoptée en octobre 2004 et dont j'étais l'auteur, les deux collectivités ont mis en place au niveau de leurs exécutifs une commission mixte qui a produit des résultats probants : promotion touristique à l'échelle de la Bretagne unifiée, manifestations sportives intégrant désormais la Loire-Atlantique tels les Tours de Bretagne cycliste (1) et à la voile, promotion commune de la Bretagne (nouvelle Maison de la Bretagne à Paris, Saint-Yves, Breizh Touch...), actions à l'international (coopération entre collectivités bretonnes et galloises, Semaine de la Solidarité Internationale et Quinzaine du Commerce Équitable), valorisation du patrimoine (canal de Nantes à Brest, projet d'une Route des Marches de Bretagne). Il faut aller plus loin, notamment dans les domaines de l'économie et de la jeunesse, et l'action de cette commission mixte ne saurait certes se substituer à la réunification administrative mais elle a le mérite de donner du crédit à cette perspective ;

— le 27 mars, quelques heures après avoir tenu leur conférence de presse « improvisée », Dominique de Legge et les élus de son groupe votaient contre la création du nouveau Conseil culturel de Bretagne, aux compétences pourtant élargies à tout sujet se référant à l'identité bretonne et dont la composition inclut explicitement des structures de Loire-Atlantique telles l'Agence culturelle bretonne et l'Université de Nantes ;

— si des divergences et des contradictions s'expriment à gauche sur le dossier de la réunification et je suis le premier à le déplorer, elle ne sont pas moins fortes à droite contrairement à ce que D. de Legge voudrait faire croire. Les deux chefs de file de l'UMP pour les prochaines régionales se sont exprimés contre la réunification, Roselyne Bachelot en Pays de la Loire et Jacques Le Guen en Région Bretagne (en dépit de sa présence chez le restaurateur Jacques Le Divellec le 10 février dernier), tout comme la sénatrice UMP de Loire-Atlantique, Gisèle Gautier. Quant à Pierre Méhaignerie, il plaide pour une fusion des deux régions administratives, à l'instar du Premier ministre Fillon qui n'est pas sans influence dans ce dossier ;

— la réunification administrative de la Bretagne n'est possible que par l'adoption d'une loi ; or, le calendrier législatif est d'abord fixé par Nicolas Sarkozy. D. de Legge serait donc plus convaincant quant à la sincérité de son engagement récent en faveur de la réunification administrative s'il s'adressait publiquement au Président de la République, comme l'a fait Jean-Yves Le Drian, pour qu'il agisse dans ce sens. On attend toujours...


Il est certain que la réunification administrative de la Bretagne suppose un dépassement du clivage droite-gauche. Hélas, l'agitation démagogique de Dominique de Legge n'en prend pas le chemin. Les électeurs de la droite démocratique méritent mieux que cette pantalonnade.

Christian Guyonvarc'h, vice-président du Conseil régional de Bretagne, chargé des affaires européennes et internationales, initiateur et membre de la commission mixte Conseil régional de Bretagne – Conseil général de Loire-Atlantique

(1) L'édition 2009 du Tour de Bretagne cycliste prendra son départ le samedi 25 avril à Nantes, quai Ceineray, devant le siège du Conseil général de Loire-Atlantique.

Voir aussi sur le même sujet : réunification
Share on LinkedIn Partager sur LinkedIn
Cet article a fait l'objet de 1798 lectures.