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Yvon Ollivier à Nantes en 2012 et la couverture de son dernier livre. Cliquer pour agrandir l'image.
Yvon Ollivier à Nantes en 2012 et la couverture de son dernier livre. Cliquer pour agrandir l'image.
- Présentation de livre -
Proella, Le chant des âmes perdues, un roman policier d'Yvon Ollivier
Le dernier ouvrage de Yvon Ollivier se lit à différents niveaux. Il y a d’abord un hommage à cette île du Ponant qui semble se perdre dans le vaste océan, à sa géographie, son histoire, ses hommes et ses femmes et à leurs vies face aux éléments souvent déchainés, à leurs qualités et à leurs défauts et à ces traditions qui guident et structurent leur existence, dont cette coutume de la Proella qui donne son titre à ce livre.
Jean Cévaër pour ABP le 4/05/16 23:39

Le dernier ouvrage de Yvon Ollivier (1) se lit à différents niveaux.

Il y a d’abord un hommage à cette île du Ponant qui semble se perdre dans le vaste océan, à sa géographie, son histoire, ses hommes et ses femmes et à leurs vies face aux éléments souvent déchainés, à leurs qualités et à leurs défauts et à ces traditions qui guident et structurent leur existence, dont cette coutume de la Proella qui donne son titre à ce livre.

La Proella, le « retour au pays », c’est cette nuit de prières et de méditation pendant laquelle, en majorité des femmes de l’île sous la direction d’une « prieuse » supplient le Ciel d’arracher au « malin » et de faire revenir sur leur terre insulaire ceux qui ont péri en mer et dont la plainte s’entend sur le Youc’h Kozh, la roche menaçante qui se dresse dans l’entrée de la baie de Lambaol.

Il y a ensuite un roman policier qui met sur la piste du meurtrier de trois touristes assassinés, deux gendarmes et leurs collègues, l’un, officier supérieur féru des méthodes classiques d’investigation qui sont peut-être efficaces sur le continent mais échoueront dans l’environnement humain si particulier de l’île, l’autre un sous-officier plus au fait des mentalités insulaires et qui trouvera et le coupable et la « justification » de ses crimes.

C’est alors que le roman bascule dans l’imaginaire pur et l’ésotérisme avec des enlèvements par les services spéciaux, des apparitions et des disparitions surprenantes, l’auteur veut nous faire voir, derrière la réalité matérielle, une réalité virtuelle qui hante l’esprit des gens simples et que seule sans doute la tradition ouessantine peut susciter.

Le dernier niveau de lecture c’est celui du basculement d’un monde jadis totalement imprégné de cette tradition enfantée par la géographie, la météorologie, l’histoire, la religion, dans une modernité que la population insulaire, plus ou moins inconsciemment, refuse et rejette.

Ce qui est décrit c’est un vrai choc des cultures causé par l’éradication de la langue ancestrale, de la religion, de certains savoir-faire, en fait de l’héritage du passé, menacé par l’uniformisation imposée par le pouvoir central et mise en oeuvre par ses représentants, en particulier les enseignants du service public, les forces de l’ordre républicain et sa justice.

Au-delà des péripéties de l’ouvrage, c’est la leçon qu’il faut retenir de ce « roman policier », ce combat entre des traditions parfois multimillénaires et l’ordre nouveau imposé d’en haut et qui, presque toujours impose aux vaincus d’abandonner une partie de ce qui les faisait ce qu’ils étaient et les distinguait des autres.

Sous nos yeux cet affrontement se déroule partout dans le vaste Monde et pas seulement dans cette île du Ponant où Yvon Ollivier a choisi de le situer, une île qui est pour lui « le lieu de tous les possibles, où le réel côtoie la légende d’un peuple oublié qui défie le temps et attend son heure ».

Comment l’humanité survivra-t-elle à cette uniformisation globale ? La question méritait d’être posée.

Jean Cévaër

Fouesnant, éd. Yoran embanner, 2016, 247p., 10 euros

Voir sur ABP (voir le site) la présentation par l'éditeur.

Voir (voir le site) du diffuseur Coop Breizh, avec 4 pages (132-135) à lire sur le site.

Note

(1) Yvon Ollivier est un magistrat breton originaire du Léon habitant et travaillant à Nantes. Il est vice-procureur du parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Nantes et membre de l'Institut culturel de Bretagne.

Il est l'auteur de :

- La France comme si ou l'improbable réforme du système jacobin, Pornic, éd. du Temps, 2015.

( voir l'article ) : entretien avec l'auteur.

- Gueule Cassée. Lom ar geol, Fouesnant, Yoran embanner, 2014.

( voir l'article ) et ( voir l'article ) et ( voir l'article ) et ( voir l'article ) dont l'auteur de l'article écrit Ce livre est le versant romanesque de l'essai publié en 2012 par l'auteur aux éditions de l'Harmattan : La désunion française, essai sur l'altérité au sein de la République qui a nourri le débat sur les méfaits du jacobinisme et de la négation des droits culturels des Bretons.

- La désunion française Essai sur l'altérité au sein de la République, L'Harmattan, 2012.

( voir l'article ) pour une conférence à Science Po en 2013 sur le sujet du livre et

( voir l'article ) pour un article de Bretagne réunie signalant que le livre est mentionné dans Le Monde des Livres.

Voir aussi :
Jean Cevaer est un chroniqueur pour l'ABP
Voir tous les articles de de Jean Cévaër
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