Publié le 10/10/13 16:28 -- mis à jour le 00/00/00 00:00
Le 8 octobre 2013, à Forbach, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls a dit : «Historiquement, c'est la gauche qui a inventé la Nation en 1789». Cette appréciation ne peut que surprendre l'immense majorité des historiens, puisque, parmi de nombreux précurseurs, on va, parfois, chercher aussi loin que dans Jean Bodin (La République, 1624) la notion de territoire qui délimite géographiquement les sujets du Roi qui seront, au XVIIIème siècle, englobés dans la nation française par les premiers critiques de la monarchie absolue. Pourtant, les sujets des princes allemands qui habitaient l'Alsace ont été, par la force, incorporé à l'Etat français, ce qui a été le début de guerres qui ont duré un quart de siècle.
Autant dire que l'idée d'une nation qui surgit en un seul événement et la volonté d'un «peuple de gauche», qui ne serait qu'une moitié du pays, est une idée très originale. Dans un article sur Victor Moreau, l'ABP a montré qu'on peut créditer les révolutionnaires de 1789 d'avoir donné au peuple la mission de contrôler l'exécutif, ce qui est différent de la question de la nation ( ( voir l'article )). Dire que les bourgeois possédants, aidés par de très nombreux nobles et ecclésiastiques, étaient la gauche semble aller vite en besogne.
Ira-t-il jusqu'à appliquer sa théorie événementielle à un pays qu'il connaît bien, la Catalogne? La Catalogue est-elle né le 11 septembre 1714, le jour de la prise de Barcelone par les troupes franco-espagnoles? Ce jour est celui de la fête nationale de la Catalogne ( ( voir l'article )). Avant, la Catalogne faisait partie de l'Aragon.
Prise de la Bastille et prise de Barcelone, voilà un parallèle intéressant. Mais, totalement vide, comme est l'idée de réduire à des dates l'histoire des gens et des idées. Heureusement que Manuel Valls n'est pas devenu professeur d'histoire !
Note : Manuel Valls est titulaire d'une licence d'Histoire
Christian Rogel
Christian Rogel
En 1789, la bourgeoisie coalisée à une partie moderniste ou contestataire de la noblesse prend le pouvoir, Il semble peu crédible de revendiquer que la gauche soit à l'origine de la nation si l'on prend cette date comme référence.
D'ailleurs le terme d'Etat-Nation traduit bien le fait que c'est l'Etat qui a créé la Nation appelée abusivement "Peuple de France".
Et pour la renforcer, cette "unité nationale", la France va se livrer à une série de guerres ininterrompues (européennes, coloniales voire même civiles-guerres de Vendée-) pendant 2 siècles, afin que tous nous devenions français "par le sang versé" ...Quelle charmante attention !
S'en suivra, après la Révolution de 1789, pour faire pendant au nationalisme agressif de la France un chapitre sanglant de l'histoire européenne résumé sous le titre "L'Europe des Nations" (Unité italienne, allemande...) dans mes cours d'histoire de France au lycée Kérichen à Brest dans les années 60.
Ah ! Il n'y a pas de quoi être fier, contrairement à Vals, de glorifier la Nation.
Et Noëlle Lenoir, ancienne ministre, conseil d'état... en était bien consciente lorsqu’en janvier 2009 sur l'antenne de BFM-radio, elle affirma que "Les Nations ont tué l'Europe" une Europe que par ses fonctions elle connaissait trop bien.
Ce concept de Nation destiné à créer artificiellement des "peuples déracinés" fût et reste un des plus grands fléaux de l'Histoire et il se trouve encore des sinistres individus tels Chevènement, Mélanchon, Le Pen, Vals...pour le glorifier à l'heure où seule une Europe Fédérale paraît être la solution à la crise européenne.
PS: Aujourd'hui à C dans l'air sur la 5 des jeunes intervenants "bien pensants" vantaient les "énormes atouts de la France" (grande productivité, démographie en hausse..." soulevant l'enthousiasme d'une jeune intervenante qui se félicitait de voir bientôt la France rattraper la population allemande.
Un membre du débat, un ancien, ironiquement ne pu s'empêcher d'ajouter: "C'est bien, comme çà , on gagnera la prochaine guerre".
Pas fou, l'ancien.
On ne peut pas tirer grand-chose d'une définition franco-française de la Nation : c'est une atteinte au principe de l'universalité des concepts politiques.
Cela revient à jeter le discrédit sur les autres pays, à les mépriser et à passer pour arrogant. Les Etats-Unis se définissent comme une Nation politique et l'ont fait avant 1789.
Pascal Paoli et JJ Rousseau ont écrit une constitution moderne pour la Corse avant 1789. Rousseau ne parle que du peuple dans le Contrat social.
Peuple est une notion aussi embrouillée, mais, dès lors qu'on se contente, comme Moreau, de plaider pour une transparence des consultations, on peut parler d'une érection du peuple (pas de la Nation) comme objet politique. Mais, ce n'est pas une invention française.
Les pas de progrès étaient dans l'évolution!
Au XIX ème siècle, avec le bouillonnement de la démocratisation en Europe, il y a eu cependant une notable évolution. Sous l'impulsion d'intellectuels et de démocrates, la notion de Nation n'est plus devenue la conséquence de l'Etat mais son origine... la Démocratie a engendré le développement des nationalismes émancipateurs : le nationalisme irlandais au Royaume-uni, le tchèque en Autriche, l'italien dans des principautés latines, le basque etc etc
La Nation française est en réalité restée dans une conception ancienne, c'est à dire non-démocratique, une conséquence de l'Etat et non son origine. La France, c'est la conséquence directe du Royaume de France, pas un peuple relié par une vision commune.
Les divers Partis républicains qui se partagent le pouvoir cherchent donc à justifier à posteriori la Nation France et ont donc tout intérêt à inventer une mythologie républicaine. L'obsession de l'assimilation et du gommage des identités endogènes relèvent également de cette justification à posteriori...au lieu de remettre en cause les frontières nées des épées impériales ou royales, on les justifoe à posteriori en transformant les individus : par la langue, la neutralisation religieuse, les mouvements démographiques.
Sans critiquer la religion catholique force est de constater qu'elle n'a jamais fait l'unanimité partout en Bretagne dans cette zones du centre Bretagne et du Trégor il y a une longue tradition anti cléricale
On dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions en effet des crimes contre l'humanité ont été perpétrés au nom d'idéaux qui pourtant étaient initialement humanistes c'est le cas des dérives suite à la révolution de 1789 qui a mis en avant un concept de la nation artificiel un autre exemple c'est le communisme .
Cependant le nationalisme ethnique est tout aussi dangereux il est souvent aussi artificiel car la plupart des peuples sont issus eux de métissages
Le nazisme s'est inspiré de ces deux nationalismes
Le terme de nation tel qu'il était cité avant 1789 n'avait pas de connotations idéologiques
Je prends pour exemple ce que dit l'évangile
allez enseignez toutes les nations je pense que actuellement elle aurait dit allez enseigner tous les pays
(voir le site)
Ne pas oublier que le Nationalisme Allemand a ete cree par la France :
Proclamation de l'Empire Allemad a Versailles Palais des Glaces , suite a la defaite Francaise 1870-71.Revanche sur le morcellement de l'Allemagne voulu par la FRance depuis Louis XIV au moins .
... et ensuite Traite de Versailles 1920 qui a ete en grande partie la cause de la Guerre 1939 - 45 .
Le terme et je suis d'accord, a change de sens.
Au Nationalisme , opposons et redonnons un sens au Regionalisme .
Là France était donc une somme de peuples premiers où un breton n'avait nul besoin d'être comparé à un provençal où un basque,etc.
Mais la révolution à fait par un de ses principes des êtres uniques (seulement devant une loi)
Soit mais cela n'aurait jamais du détruire l'identité première des peuples formant l'ossature de l'identité"chapeau",et nous aurions eu des français bretons-des français occitans,des normands....l'identité française aurait été la somme des identités premières.
Je suis donc français par obligation de l'histoire..mais breton par racines.
La Nation, cela va au-dela du souverain, ou du gouvernement en place.
Au XIXème siècle, il y avait clairement l'idée d'une Nation qui avait vocation à fonder l'Etat (et non l'inverse), à partir d'une volonté populaire (émergence des Démocraties), ce qui n'était pas évident par le passé.
Comme tout concept, il y a des récupérations, des travestissements, des excès à d'autres fins.
Finalement le nationalisme allemand du XX ème siècle a tenté de relier la tradition impériale et la Nation au sens moderne du XIXème siècle...en gros le beurre et l'argent du beurre. Mais on retrouve exactement cela dans le Nationalisme français, qui se base sur un trerritoire royal issu de guerres, tout en voulant lui adjoindre une logique ethnique par l'imposition et l'assimilation à la langue française.
Hitler, autrichien de la frontière bavaroise (ayant un grand-père juif) avait la nostalgie impériale, celle du Saint-Empire et de l'Autriche, tout en voulant lui joindre une logique ethnique de son époque (= linguistique en fait) un peu sur le modèle français jacobin.
Pour la dimension raciale, il faut quand même préciser que les allemands n'ont pas hésité à envoyer des bébés tchèques ou slaves (des être inférieurs à priori pour Hitler)dans des milliers de familles allemandes, comme quoi la logique racialiste n'était pas si évidente. Il y avait également une logique assimilationniste. Inversement la logique assimilationniste de la France jacobine de la même époque n'était pas franchement évidente...les populations noires ou musulmanes de l'Empire n'avaient absolument pas les droits des blancs français.
Les dérives finalement du Nationalisme, c'est quand il tourne à l'impérialisme et à la nostalgie de frontières royales ou impériales passées, ou à des considérations économiques (l'espace vital), alors que ce cadre territorial désiré ne repose pas sur une logique nationale au sens du XIXème siècle. Il est bon de s'en rappeler, y compris pour la Bretgne (la Bretagne de Nominoé et compagnie).
Vous remarquerez d'ailleurs que dans les années 30, tous les rattachements de territoires germanophones à l'Allemagne sont passés comme des lettres à la poste, sans guerres (Sudètes, Autriche...), c'est l'invasion de la Pologne (de langue polonaise) qui a entrainée le début du conflit.