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Irène Frachon (photo Vincent Gouriou)
Irène Frachon (photo Vincent Gouriou)
Saig Jestin (photo YT)
Saig Jestin (photo YT)
Lukian Kergoat
Lukian Kergoat
Éamon Ó Ciosáin
Éamon Ó Ciosáin
- Reportage -
Les colliers de l'Hermine 2024
Annoncés ce matin à Argentré du Plessis par la chancelière de l'ordre de l'Hermine Léna Louarn, Jacky Filipot, le président de l'Institut Culturel de Bretagne - Skol Uhel ar Vro , en présence du maire de la ville Jean-Noël Bévière, et du parrain pour cette année Pascal Jaouen, les quatre herminés 2024 sont le défenseur des talus Saig Jestin, le linguiste Lukian Kergoat, l'irlandais Éamon Ó Ciosáin et la pneumologue lanceuse d'alertes Irène Frachon.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 18/09/24 11:03

La cérémonie de la remise des colliers aura lieu à Argentré-du-Plessis le 5 octobre à 14 heures. La cérémonie est ouverte au public mais vous devez réserver car les places sont limitées en écrivant à icb at skoluhelarvro.bzh

Saig Jestin, l'homme des talus

Très jeune dans les années 60, il s'est intéressé à la construction des talus dans son Léon natal. Il a vu à partir des années 65, et surtout 70, la destruction de kilomètres de talus au nom du "remembrement".

Arrivé dans les années 80 dans le Trégor comme enseignant au lycée agricole de Pommerit-Jaudy, il a été témoin de la destruction du bocage dans plusieurs endroits. Il s'est alors dit qu'il fallait faire quelque chose à grande échelle avec ses élèves puisqu'ils étaient destinés à devenir les futurs gestionnaires du bocage breton. C'est ainsi qu'il a construit avec eux trois kilomètres de talus près du lycée et dans les communes limitrophes. Il a réussi petit à petit à sensibiliser les médias et les élus à la cause des talus.

Finalement Saig Jestin a créé Skol ar c'hleuzioù , l'école des talus. Cette association a pour but de promouvoir les talus, et le patrimoine bocager breton menacé, grâce à des chantiers de formation, gratuits et ouverts à tous.

Grâce à lui, le paysage breton a été préservé ou restauré dans plusieurs endroits par le biais de chantiers de restauration du bocage. Il a aussi bâti des circuits de randonnée, jalonnés de panneaux explicatifs, qui sillonnent les trois communes de Troguéry, Pouldouran, et Hengoat. Les panneaux invitent à la découverte du patrimoine bocager.

L’exposition Talus de Bretagne est une exposition qui se décline en treize panneaux bilingues (français-breton) expliquant les talus, leur histoire et leur rôle.

Saig Jestin a été maire de la commune de Pouldouran pendant plusieurs années. Il est également un défenseur de la langue bretonne, sa langue maternelle. Un film lui a été consacré Saig Jestin Medisin ar c’hleuzioù.

Lukian Kergoat

Lukian Kergoat est maître de conférences des Universités, enseignant de breton, linguiste et écrivain. Il a été le directeur du Département de breton de l'Université de Rennes 2 à la suite de Pêr Denez. Il est membre du Centre de terminologie des écoles Diwan et membre de la section Langue et linguistique de l'Institut culturel de Bretagne (ICB).

Lukian Kergoat est né à Plogonnec (29) en 1948 dans une famille d’agriculteurs où la seule langue d’usage est le breton. Après des études d’histoire-géographie aux universités de Brest et de Rennes II, il enseigne cette matière dans le secondaire.

Depuis ses années étudiantes, il s’implique dans le mouvement breton : dans Galv, mouvement revendicatif pour la langue, puis dans l’association Skol an Emsav qui, alors implantée dans toute la Bretagne, complète l’activisme militant par l’organisation de stages, de la fête de la langue bretonne, de publications…

Suite à l’adoption de la Charte culturelle de la Bretagne en 1977, il est amené à collaborer, au CNTE, au plan de formation didactique des enseignants qui souhaitent enseigner le breton. Il intervient alors également comme chargé de cours à l’Université Rennes 2 où il défend une thèse de doctorat sur le proverbier breton. En 1987, il obtient un poste de maître de conférences au département de breton qu’il dirige dans les années 1990. Il contribue alors à la mise en place d’un cursus universitaire complet dans la question de la langue. Son enseignement porte sur la grammaire de la langue et la phonologie autant diachronique que synchronique. Il enseigne également à Kelenn où il s’implique dans la création d’un master MEEF (enseignement bilingue par immersion) en lien avec l’université de Perpignan.

En parallèle à cette activité d’enseignement, Lukian Kergoat continue d’accompagner des projets tendant à l’officialisation du breton. Il crée, par exemple, en 1986, la Commission de Toponymie et de signalisation au sein de l’Institut culturel de Bretagne : la forme bretonne de l’ensemble des noms de localités est ainsi normalisée et la mise en place d’une signalétique en breton peut débuter. Cette commission se transformera, plus tard, en Servij ar Brezhoneg dont il est membre du conseil scientifique.

Lukian Kergoat met également en place, en 1985, des groupes de travail qui, matière par matière, élaborent le matériel pédagogique nécessaire à la création d’un enseignement secondaire à Diwan. Un centre de terminologie, dont il assure toujours la direction, est créé afin de concevoir le vocabulaire spécialisé nécessaire au projet : Kreizenn ar Geriaouiñ . Voir le site brezhoneg21.com. Ce centre a, depuis, élargi son activité normative à d’autres domaines, dont la taxonomie.

Il a écrit Mille premiers mots en breton (Skol an Emsav, 1991), Lagad an heol avec Yvon Gourmelon,Ar glav hag an amzer vrav - La pluie et le beau temps en dictons (Coop Breizh, 2000), Petit florilège des proverbes bretons (Coop Breizh, 2007), Proverbes bretons —krennlavarioù brezhonek (Coop Breizh, 1996), Ar grennlavarioueg vrezhonek le proverbier breton, Rennes 1985.

La lanceuse d'alerte Irène Frachon

Il a semblé à certains membres du Collège des Herminés qu’honorer quelqu’un n’ayant pas œuvré dans l’EMSAV s’imposait quand les réalisations de cette personnalité font consensus, et c’est le cas de cette pneumologue, Irène Frachon, spécialisée dans les hypertensions pulmonaires au Centre Hospitalier Universitaire de Brest.

Vous connaissez toutes et tous le combat d’Irène Frachon, une « lanceuse d’alerte » qui osa affronter l’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques français dans le scandale du médicament Mediator.

Pour Irène Frachon « l’affaire du Mediator est l’un des plus grands scandales sanitaires français, que je qualifie de crime industriel. Cet industriel délinquant a commercialisé délibérément un poison mortel pendant 30 ans ».

En poste au CHU de Brest, la doctoresse Irène Frachon dévoile, dès 2007, les conséquences désastreuses de l’ingestion de ce médicament coupe-faim.

Ce médicament, commercialisé par le Laboratoire Servier de 1976 à 2009 , fut consommé par cinq millions de personnes. Il provoqua la mort de centaines de patientes et patients par ses effets secondaires importants d’ordre cardiaque ou pulmonaire.

Malgré les pressions multiples qu’elle endura pendant 15 ans, Irène Frachon n’a pas faibli et porta l’affaire devant les tribunaux et le laboratoire Servier fut condamné lourdement. En 2010 elle publia un ouvrage Mediator 150 mg, combien de morts ? .

Son remarquable combat et sa ténacité ont inspiré le film La Fille de Brest (2016), suivi en 2017 d’une pièce de théâtre Mon cœur. Vient de paraître afin de « sensibiliser le public » dit-elle, une bande dessinée Mediator, un crime chimiquement pur .

Éamon Ó Ciosáin

Alors qu'Anna Mouradova, la seule Russe ayant enseigné le breton en Russie (à l'Université de Moscou) avait reçu le Collier de l'Hermine en 2022, Éamon Ó Ciosáin, qui a été le seul professeur de breton (et de français) en Irlande pendant longtemps ( à l'Université Nationale d'Irlande à Maynooth), recevra lui aussi le Collier de l'Hermine cette année.

Né en 1959 à Dublin, Éamon Ó Ciosáin a été professeur de breton et de français à l’Université Nationale d’Irlande à Maynooth. Pendant une quinzaine d’années, il a été le seul universitaire professeur de breton en Irlande. Il a également enseigné l’irlandais (gaélique), sa langue maternelle, au département de celtique de l’Université de Rennes entre 1980 et 1988. Il y a passé la licence et la maîtrise de breton ainsi que son doctorat en histoire. Ayant suivi des cours de breton en région brittophone, il a publié des recueils de traductions de littérature gaélique en breton et en français et a collaboré au dictionnaire irlandais-breton de Loeiz Andouard, publié en 1987. Il a publié trois volumes sur les immigrés irlandais en Bretagne aux XVe et XIIIe siècles en collaboration avec Alain Le Noac’h ainsi que plusieurs articles sur divers aspects de cette migration en Bretagne, allant de l’histoire sociale aux éléments de langue irlandaise dans le Dictionnaire de la langue bretonne de Le Pelletier.

Dans un esprit d’échange, il a collaboré parmi d’autres avec le chanteur Yann-Fañch Kemener, l’équipe de recherche Ermine, Hervé Le Bihan, Rozenn Milin et les musiciens du spectacle musico- historique Les Irlandais de Bretagne . Il a été membre fondateur de la radio communautaire de langue irlandaise Raidió na Life qui émet depuis 1993. Il est souvent intervenu dans les émissions en langue bretonne des radios France Bleu Breizh Izel, RKB, Radio Kerne, en répondant aux interviews des journalistes sur l’actualité irlandaise au sens large. Depuis des années, il tient une rubrique en breton sur plusieurs aspects de l’actualité et de la culture en Irlande dans le magazine Al Lanv. À l’inverse, il a fait des communications en Irlande sur la langue et la culture bretonnes. Ses observations portent notamment sur les politiques linguistiques en Bretagne et en Irlande, sur l’officialité, la Gaeltacht, les médias et l’édition (on le retrouve au festival du livre à Carhaix presque tous les ans).

Notes : Ces biographies sont issues d'éléments fournis par l'Institut culturel de Bretagne - Skol Uhel ar Vro et de la plaquette réalisée par Olwen Manac'h.

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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