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Bernard Poignant maire de Kemper remettant un cadeau à Yves Lainé. Photo AEB-USV.
Bernard Poignant maire de Kemper remettant un cadeau à Yves Lainé. Photo AEB-USV.
Les écrivains bretons guidés par des sonneurs arrivent devant la mairie de Kemper place Saint Corentin. Photo AEB-USV.
Les écrivains bretons guidés par des sonneurs arrivent devant la mairie de Kemper place Saint Corentin. Photo AEB-USV.
Tristan Le Govic dans son mémorable concert de harpe le samedi soir.  Photo AEB-USV.
Tristan Le Govic dans son mémorable concert de harpe le samedi soir. Photo AEB-USV.
Les écrivains bretons visitent le “Corentin” lougre de l'Odet guidés par Jean-Marc Sochard.  Photo AEB-USV.
Les écrivains bretons visitent le “Corentin” lougre de l'Odet guidés par Jean-Marc Sochard. Photo AEB-USV.
- Discours -
Le XXXe congrès de l'Association des Écrivains Bretons s'est tenu à Quimper. Discours du président et rapport moral
Lorsque, le 6 mai 1978, se tint à Quimper l'Assemblée constitutive de l'AEB, il existait une association des écrivains quimpérois que présidait Yann Sicard, dit Brekilien. À l'autre bout du pays, à Nantes, travaillait aussi une Académie de Bretagne qui entendait, disait-elle, être un foyer de défense de notre culture. Il y eut aussi d'autres initiatives. Aucune n'avait cependant une dimension totalement bretonne, aucune n'avait intégré le territoire de notre nation.
Nathalia Monjaret Par Association des Écrivains Bretons - AEB-USB le 2/11/09 20:05

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« Trentenaires »

Intervention de Yves Lainé, président de l'AEB/USV à son XXXe congrès, Quimper 17 octobre 2009

Lorsque, le 6 mai 1978, se tint à Quimper l'Assemblée constitutive de l'AEB, il existait une association des écrivains quimpérois que présidait Yann Sicard, dit Brekilien.

À l'autre bout du pays, à Nantes, travaillait aussi une Académie de Bretagne qui entendait – disait-elle – être un foyer de défense de notre culture. Il y eut aussi d'autres initiatives.

Aucune n'avait cependant une dimension totalement bretonne ; aucune n'avait intégré le territoire de notre nation.

Oui …Un peuple qui, depuis des siècles, diffuse son identité à travers des milliers d'auteurs dispose d'autant de titres que l'Écosse ou le Pays de Galles dans le rugby. C'est une « nation culturelle », que décrit si bien notre collègue Mona Ozouf dans sa magistrale « Composition française » (1). Ce n'est ni une chimère ni une fable poétique. Aucun lien ne saurait la relier au conservatisme.

Voila pour le passé. Nous, nous sommes nés ici il y a trente ans. Certains diront trente-et-un.


En ces temps commençait notre restauration mentale, je dirais aussi notre réarmement moral, qu'avaient révélés le CELIB – né à Quimper également – et le mouvement culturel. La Bretagne, nous l'avions découverte grâce à Morvan Lebesque : « Comment peut-on être Breton ? » (2) ou par « Le Cheval d'orgueil » (3) de Pêr Jakez Hélias, autre collègue.
Avec Paol Keineg ou Xavier Grall, nous rêvions. Avec les Martray, les Fouéré, les Champeaux et autres Poupinot nous cherchions les bases d'une construction régionale originale. Le Général de Gaulle lui-même s'en empara jusqu'à jouer son maintien sur ce sujet-là. On sait ce qu'il advint du référendum de 1969, mais la graine avait été semée. Profond.


La Bretagne est terre de solidarités. La revue Historia vient de lui rendre justice. Son image est incomparable.

Pourtant, tout se passe comme si nos auteurs n'y avaient pas vraiment participé, alors que leur prose fut souvent à la base. Je me suis demandé pourquoi ?
Chez nous, l'écrivain, peut-être plus souvent qu'ailleurs, est également un être engagé dans l'action. Enfants de Jeanne d'Arc et de Saint Thomas.


Donc nous nous retrouvons pour célébrer nos trente ans.

Dès 1978, une réunion au manoir de Moëllien à Locronan nous vit naître et ce n'est qu'en octobre 1979, à Brest qu'un congrès put rassembler un aréopage de la diversité bretonne. En 1980, à Pontivy, le chiffre de cent membres était atteint. Notre créateur resta à son poste quinze années. Et au cours de la deuxième quinzaine qui suivit, nous fûmes sept présidents pendant le même temps. C'est vous dire la carrure de l'homme. J'ai cité, bien sûr, notre créateur…Yann Brekilien.

Nous avons connu des années maigres, mais nous sommes aujourd'hui revenus à un nombre de cotisants décent : 150. C'est encore bien trop peu car nous sommes plus de 2.000 auteurs à se réclamer de la Bretagne. Un défi lui a été lancé qu'il faut relever et nous en aurons peut-être l'outil.

Depuis juillet, en effet existe à côté du Conseil Régional une toute nouvelle chambre consultative : le Conseil Culturel de Bretagne. Innovation, elle représente nos 5 départements. C'est la Société Civile Culturelle qui émerge devant le politique. Unique en France. Soixante-dix délégués mandatés par les associations. J'ai l'honneur et la responsabilité d'en être. Son président est Paul Molac, il est solide, bilingue et convaincu.


En quoi le fait que l'Association des Écrivains Bretons soit membre de ce CCB officiel pourra-t-il accélérer la promotion des lettres bretonnes ?

– En France, pour la première fois, une Région, décidant de créer une chambre culturelle, écorne le dogme qui veut que la culture ne soit qu'hexagonale ; nouveau coin, institutionnel cette fois, dans un édifice qui veut que Paris truste la grande majorité des moyens et du commandement ;
– Ce cénacle rassemble la Bretagne historique : provocation à la mainmise des Pays de la Loire sur les orientations culturelles de Loire-Atlantique, ce que n'accepte pas son Conseil général ;
– L'institutionnalisation nous permet d'espérer une contribution à la stratégie régionale, comme le rôle et surtout les moyens des agences dédiées, comme Livre et Lectures en Bretagne ;
– Bref, nos propositions jointes aux autres peuvent faire évoluer le paysage un peu plus vite.

J'ajouterai que la prochaine réforme territoriale de la France nous concerne également. Que la victoire de la culture sera aussi celle de la démocratie par la société civile et inversement.

Que de défis ! Nous n'avons jamais, me semble-t-il, eu de meilleures raisons de vouloir être plus nombreux, plus actifs.

Merci…


(1) Mona Ozouf. Composition française. Retour sur une enfance bretonne. Gallimard, 2009.
(2) Morvan Lebesque. Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française. Seuil, 1970. Rééditions en poche.
(3) P.-J Helias. Le Cheval d'orgueil. Mémoires d'un Breton du pays bigouden. Plon, terre humaine, 1975. Rééditions. Traduction : Marh al lorh. Eñvorennou eur Bigouter. Plon, Terre Humaine, 1986.

Document PDF 16529_2.pdf AEB-USV XXXe congrès. Discours du président. Kemper 17 octobre 2009.. Source : Yves Lainé
Document PDF 16529_3.pdf Rapport moral 2009 AEB-USV à Kemper.. Source : AEB-USB
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