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De gauche à droite : Claudine Debrassier  Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz  Purificación Cruz-Phélippé.
De gauche à droite : Claudine Debrassier Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz Purificación Cruz-Phélippé.
De gauche à droite : Mathilde Tolphin (Alter Eco) Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz  Purificación Cruz-Phélippé
De gauche à droite : Mathilde Tolphin (Alter Eco) Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz Purificación Cruz-Phélippé
Une fierté retrouvée : les producteurs péruviens ont abandonné la production de coca pour se consacrer à la culture du cacao.
Une fierté retrouvée : les producteurs péruviens ont abandonné la production de coca pour se consacrer à la culture du cacao.
- Chronique -
Le témoignage poignant de Segundo Gilberto, producteur péruvien de cacao
Invité récemment de Bretagne Commerce équitable Nord Sud et de la ville de Lanester, Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz a livré, lors d'une soirée d'échange, le témoignage poignant de son parcours
Tugdual Ruellan Par Tugdual Ruellan Communication le 8/06/11 18:37

Invité récemment de Bretagne Commerce équitable Nord Sud et de la ville de Lanester, Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz a livré, lors d'une soirée d'échange, le témoignage poignant de son parcours et de celui de ses 26 compagnons qui ont, en 1980, décidé de passer - courageusement - de la production de feuilles de coca à celle du cacao.

La table-ronde de Lanester se déroulait dans le cadre de la quinzaine du commerce équitable ; elle réunissait Claudine Debrassier, ajointe au maire, chargée de l'action sociale et de la solidarité ; Marcel Launay, Président de Bretagne Commerce équitable Nord Sud ; Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz, producteur de cacao, vice-président de la coopérative Acopagro ; Purificación Cruz-Phélippé pour la traduction ; Mathilde Tolphin, chef de secteur pour Alter eco (44, 56, sud 29)

1800 producteurs de cacao réunis

Ensemble, les petits producteurs péruviens ont créé la coopérative Acopagro qui rassemble aujourd'hui 1800 producteurs de cacao. La matière première, d'une exceptionnelle qualité, est vendue aux Etats-Unis, en Italie. Il est distribué en France par Alter Eco, chocolat du commerce équitable (photo, de gauche à droite : Claudine Debrassier, Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz, Purificación Cruz-Phélippé).

Produire la coca pour survivre

1980. Le Sentier Lumineux – dont le nom complet est PCP-SL, pour Partido Comunista del Peru - Sendero Luminoso fait régner la terreur au Pérou. Fondé en 1970 par Abimael Guzmán, alors professeur de philosophie à l'université d'Ayacucho, il participe au conflit armé qui, jusqu'en 1990 fera au Pérou, quelque 70 000 victimes. L'organisation est alors placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union européenne (sources : wikipedia). L'unique moyen de survivre pour les populations du Nord-est du Pérou, est de produire la feuille de coca, achetée à bon prix par les narco-trafiquants qui la transforment ensuite en cocaïne. « Nous vivions chaque jour dans la peur, se souvient Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz. Des hommes armés nous surveillaient en permanence. L'argent circulait mais nos jeunes se détruisaient… Alcool, drogue, prostitution… De plus, la production de coca nous avait contraint à couper les arbres, dévaster les forêts, ruiner les sols… » (photo, de gauche à droite : Mathilde Tolphin,Segundo Gilberto Rodriguez Ortiz, Purificación Cruz-Phélippé)

Programme des Nations-Unies

Il faut attendre 1994 pour que les Nations-Unies lancent un vaste programme d'éradication du trafic de drogue : « Ils nous ont proposé de cultiver le cacao. Nous ne connaissions pas cette culture ; nous avions juste quelques plants mais des techniques de culture très archaïques. Les Nations-Unies ont mis à notre disposition un programme complet avec des formations aux techniques culturales, des guides de culture, des plants, des moyens financiers. Ils nous ont aussi proposé un ingénieur économique pour nous assister. Un Péruvien, qui avait grandi dans les quartiers défavorisés mais s'était formé et avait gravi petit à petit les marches. » Avec 26 compagnons, fortement décidés à changer de vie, Segundo Gilberto Rodriguez se lance dans l'aventure. Ensemble ils créent, d'abord une association, puis en 1997, une coopérative : Acopagro. Dans la région d'Alto Huayabamba, en Amazonie péruvienne. Pendant trois ans, ils apprennent à cultiver le cacao, nourrir les sols et surtout, maîtriser le process complexe de séchage et transformation de la matière première pour qu'elle devienne un chocolat de qualité. « En même temps, nous mettons en place des cultures vivrières pour subvenir à nos besoins et nourrir nos familles. Les filières se mettent en place et l'espoir renaissait peu à peu. »

Sortir de la violence et de la terreur

En 2005, Acopagro est certifiée commerce équitable par FLO (label Max Havelaar en France). Les primes reçues servent à financer, entre autres, un travail sur la qualité du cacao, des microcrédits pour les producteurs les plus défavorisés et leur famille, des supports techniques pour les producteurs par des agronomes. Une prime sociale est versée aux agriculteurs pour leur permettre d'améliorer leur niveau de vie, de scolariser leurs enfants et de développer leurs exploitations. La majorité des membres d'Acopagro sont aussi certifiés bio. Les champs sont cultivés de manière traditionnelle et naturelle, sans engrais ni pesticide de synthèse. Régulièrement, des formations sont proposées aux agriculteurs pour préparer des engrais, compost et pesticides bio. La petite taille des exploitations favorise les méthodes d'agroforesterie qui permet d'allier culture de cacao, maïs, banane et plantations d'arbres.

Fierté retrouvée

En moins de deux décennies, les producteurs ont achevé leur transition vers la culture du cacao. La coopérative Acopagro regroupe près de 1800 petits producteurs de cacao qui cultivent en moyenne 1,5 hectare chacun. Elle assure formation et soutien technique des producteurs en n'oubliant pas les petits producteurs éloignés et isolés. Entièrement tournés vers l'élaboration de fèves de qualité, la coopérative et ses membres sont parvenus à atteindre un standard élevé. Les conditions climatiques exceptionnelles de la région de l'Alto Huayabamba contribuent à cette réussite. La qualité du cacao Acopagro est reconnue à l'étranger. Les fèves s'exportent vers les Etats-Unis, l'Italie et, grâce à Alter Eco, en France : « Le cacao péruvien représente plus de 47% de notre chiffre d'affaires, confie Mathilde Tolphin, chef de secteur pour Alter Eco, importateur et distributeur français de produits du commerce équitable. Le magazine Que Choisir a classé le chocolat Alter Eco Noir Intense en tête de son classement des tablettes de chocolat noir en octobre 2009, à la suite d'une dégustation à l'aveugle ».

Moteur économique local

« Acopagro a su transformer une impulsion donnée par les Nations Unies en une vraie réussite, attestent les responsables d'Alter Eco. En s'appuyant sur la culture du cacao, mieux adaptée au milieu tropical, plus productive et plus durable, Acopagro a intégré des problématiques multiples : agriculture biologique et préservation de la biodiversité, commerce équitable et développement local. La très forte complémentarité de ces démarches garantit la pérennité du projet tant sur le plan financier qu'écologique. Aujourd'hui, Acopagro, véritable moteur économique local, fait figure d'exemple. » « Nous sommes d'ailleurs fiers, ajoute Segundo Gilberto Rodriguez, d'accueillir chez nous des techniciens français qui viennent pour nous rencontrer et se former. C'est un gage de confiance mutuelle partagée. »

Soutien au développement

Alter Eco a entrepris un vaste programme de soutien à la reforestation de la forêt amazonienne. « Ceci, explique Mathilde Tolphin, pour favoriser la captation de C02, la régénération des sols et la revitalisation de la biodiversité. Nous proposons aux agriculteurs de replanter des arbres qui à terme, génèreront des revenus. Au total, deux millions d'arbres ont déjà été plantés et nous envisageons d'en planter encore dix millions d'ici la fin 2011 ; 720 000 tonnes de CO2 devraient ainsi être captées en vingt ans. »

« Non, nous ne gagnons pas plus d'argent avec le cacao qu'auparavant avec la coca. Il a fallu beaucoup de sensibilisation, d'explication, de confiance mutuelle pour faire admettre l'idée qu'un changement de vie était possible. Mais nous sommes heureux, nous vivons en paix et en sérénité. Nous sommes fiers de vous offrir notre produit (le meilleur du monde !) et fiers aussi de dire à nos enfants lorsqu'ils nous demandent où l'on va aujourd'hui, de leur répondre : je vais à la coopérative… »

Site de la coopérative péruvienne Acopagro : (voir le site)

Site de Bretagne commerce équitable Nord-Sud :

(voir le site)

Voir aussi :
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