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Le rouge et le noir et blanc
Les symboles et les couleurs accompagnent la politique. Il y a peu, des Bretons coiffés d'un bonnet rouge, auraient été vus comme extrémistes de gauche et tenants de la lutte des classes. Le mouvement actuel qui est partiellement coloré de régionalisme peut-il avoir une traduction aux élections municipales, européennes et régionales à venir?
Par Christian Rogel pour ABP le 6/11/13 14:45

La Bretagne hisse les couleurs

Les symboles et les couleurs accompagnent la politique. Il y a peu, des Bretons coiffés d'un bonnet rouge, auraient été vus comme extrémistes de gauche et tenants de la lutte des classes. Aujourd'hui, le rouge est l'une des couleurs des revendications bretonnes. L'autre symbole coloré est le drapeau breton moderne qui comporte les couleurs blanches et noires (gwenn ha du, en breton) et on n'en avait jamais vu autant flottant au vent à Quimper, le 2 novembre, sauf, peut-être, à la Coupe de France de football Guingamp-Rennes en 2009. Cependant, le frontisme (alliance interclasses) est loin de faire l'unanimité, car, l'idée que les ouvriers d'usine ne peuvent pas avoir les mêmes intérêts que les autres catégories, même paupérisées, reste vivante, mais, ils sont devenus très minoritaires et comme toute minorité, ils sont contraints de passer des alliances.

Christian Troadec a-t-il la carrure pour incarner le mouvement?

Christian Troadec, depuis qu'il a conquis la mairie de Carhaix-Plouguer en 2001, a souvent mis en avant la révolte des Bonnets rouges de 1675, dont sa ville a été l'un des centres. Cela lui fut reproché par l'État quand il voulut installer des panneaux commémoratifs. Il a gagné des points, lors de la grande manifestation rouge, noire, blanche de Quimper, en prononçant un discours de haute volée. Il vient d'augmenter sa notoriété en se permettant de lancer un ultimatum au gouvernement au sortir d'une réunion en préfecture. Au Premier ministre qui répond que "lancer un ultimatum n’est pas la solution", Troadec répond : "je ne pense pas que le diktat de Paris sur la Bretagne le soit ".

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/lead-1-france-le-gouvernement-rejette-l-ultimatum-sur-l-ecotaxe_412972.html#LYUkAEgodYUR6dSE.99mais, il n'est encore qu'un conseiller général et le maire d'une petite ville. Vidéo du discours ( voir notre article ).

Cependant, au-delà d'un éventuel pacte d'avenir pour la Bretagne, le monde politique ne pense plus qu'aux municipales et aux régionales. Comme en 1968, le pouvoir est en position de faiblesse et c'est le moment d'arracher des concessions, contrepartie normale de la structure centralisée de l'État.

Une alliance à gauche s'en va

Aux élections régionales de mars 2010, Christian Troadec a fait reporter les voix de sa liste, «Nous te ferons Bretagne» , alors qu'il se positionne à gauche dans le Poher et s'était allié avec le Parti breton, sur la liste Verts-UDB qui obtint au second tour 17,03% en Bretagne amputée. Son score de premier tour avait été faible (3,05% en Bretagne intégrale), mais, il a gagné en stature ensuite en battant la machine PS pour garder sa mairie. La liste Europe Ecologie Bretagne (Verts+UDB) aura du mal à se reconstituer sans arrière-pensées aux élections régionales de 2015.

Europe Ecologie Les Verts, de manière surprenante au regard de son passé régionaliste, a rejoint la manifestation dissidente jacobine de la rouge CGT à Carhaix, tandis que l'Union démocratique bretonne était à Quimper, au côté de FO et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). C'est la fin d'une alliance qui avait fonctionné depuis plus de vingt ans et la rançon de l'inféodation des Verts au PS qui n'est pas connu pour prendre soin de ses partenaires, surtout quand Jean-Yves Le Drian est à la man½uvre ( voir notre article ).

La désagrégation du parti écologiste en Bretagne est probable, alors qu'il y avait conquis des positions non négligeables. Des élus Verts bretons ont pris position contre l'écotaxe et vont être obligés, soit de manger leur chapeau, soit de quitter le parti. Mais, pour aller où ? Une alliance Mouvement Bretagne Progrès et UDB suppose un programme sur les questions de la vie quotidienne, qui resterait à rédiger. Le Parti breton qui avait présenté des candidats dans ses listes pourrait faire partie de la coalition. Une alliance s'étendant jusqu'à Breizhistance (ex-Emgann) paraît peu envisageable, même si le souverainisme à la catalane ( voir notre article ) ne manque pas d'impressionner la gauche comme la droite bretonnes.

Une alliance à droite se profile

Le nouveau parti breton, Breizh-Europa, semble prendre un positionnement plus élaboré que celui du Parti Breton, lequel, dans son dernier communiqué n'a mentionné que des réformes institutionnelles ( voir notre article ), ce qui n'est pas très audible par les Bretons, pour lesquels ce niveau est abstrait et opaque. Les Alsaciens ont eu la même réaction, lors du référendum pour une collectivité unique en avril 2013.

Le Parti breton a un programme détaillé, mais, il a des difficultés à le faire connaître.

La charte de Breizh Europa, dévoilée le 23 octobre, commence par des perspectives institutionnelles un peu générales et ne se distingue que par des références appuyées aux Nations-Unies et aux institutions européennes. Sur le plan «intérieur» , le plaidoyer pour la liberté d'entreprise est associé dans le même mouvement à un développement de l'économie sociale et solidaire, tandis que le dialogue «franc» avec les partenaires sociaux est mis en avant. Quelques points d'originalité et de modernité concernent la transparence des pouvoirs, la libération des données publiques et un accent mis sur l'économie numérique. L'enseignement, la sécurité, l'énergie, les transports et la politique internationale sont traités, bien que rapidement. Une charte n'est pas un vrai programme électoral, qui doit être plus détaillé ( voir notre article ).

Si le Parti Breton ne semble pas avoir pu tirer un grand bénéfice de ses alliances ponctuelles avec le Modem, dont le président, F. Bayrou, fait semblant d'oublier qu'il a demandé, autrefois, que la France soit fédéralisée, il semble que Breizh Europa puisse être un partenaire électoral de l'alliance de deux partis du centre droit, «L'Alternative» , lancé le 5 novembre, et qui devrait être (un peu) plus ouverte aux questions régionales.

Les alliances du faible avec le fort étant problématiques pour les partis bretons, de quelque couleur qu'ils soient, une alliance de faibles, dont l'un serait bien connu d'eux, pourrait attirer l'intérêt des médias parisiens. Les mouvements à base régionale leur sont incompréhensibles, car, ils sont organiquement liés à un État fort et centralisé. Dans le drapeau français, il y a la couleur des armes de Paris et les couleurs différentes doivent rester masquées, ont rappelé en choeur ces médias ces jours-ci.

Christian Rogel

Note complémentaire : selon nos informations, Christian Troadec repartira avec le Parti breton aux régionales de 2015, ce qui devrait produire de meilleurs résultats qu'en 2008. La question d'une coalition plus large avec l'UDB sera cruciale pour l'obtention d'un succès inédit.

Voir aussi sur le même sujet : bonnets rouges,écotaxe,élections régionales
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Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
[ Voir tous les articles de de Christian Rogel]
Vos 8 commentaires
Caroline Le Douarin Le Jeudi 7 novembre 2013 13:04
Les trois couleurs de l'alchimie !
Les Bretons aux trois couleurs seront-ils des alchimistes réels pour la Bretagne ?
Espérons-le très fort.
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Gérard Guillemot Le Jeudi 7 novembre 2013 15:22
On ne s'improvise pas analyste politique on le voit encore dans ce texte. Surtout quand on ne prend pas la peine de vérifier un tant soit peu ses analyses ! Ainsi dire que la liste "Nous te ferons Bretagne" aux élections régionales était soutenue par le MBP ,alors que celui-ci n'existait pas encore ! Ne pas prendre la peine de vérifier les résultats aux élections : 4,3% en Bretagne administrative ; 2,6% pour la liste de Jacky Flippot (Parti Breton) en Loire Atlantique soit au total 3,9%. Ignorance aussi que le Parti Breton était le principal partenaire de Christian Troadec avec 60% des candidats en Bretagne administrative et une liste montée par lui en Loire Atlantique. Par ailleurs le programme de la liste avait été entièrement rédigé par les membres du Parti Breton.
Cette ignorance se poursuit sur la présentation du Parti Breton actuel, réduit à un seul communiqué sur les institutions alors qu'il en publié des centaines sur tous les sujets. Par ailleurs, il suffit d'aller sur le site du PB pour trouver son programme complet qui, bien sûr, touche tous les aspects économiques et sociaux. Par contre, Breizh Europa est présenté comme un mouvement d'importance alors que tout analyste un peu sérieux de la vie politique bretonne sait que ce mouvement ne représente rien, pour le moment, et qu'il s'agit d'abord d'un coup de bluff des deux fondateurs. Au total tout cela apparaît bien mal préparé et basé plus sur des impressions personnelles que de réelles analyses un peu travaillées. Il est dommage que ce travail "d'amateur" puisse jeter encore davantage la confusion dans un Emsav déjà bien difficile à cerner.
Gérard Guillemot
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La Rédaction Le Jeudi 7 novembre 2013 17:30
Les résultats donnés par le Ministère de l'Intérieur donnent 48 498 voix sur 1 586 643 suffrages exprimés, soit 3,056% ( consolidation B4+LA)
La moyenne des pourcentages est inopérante.
Le MBP a été créé effectivement à la fin de 2010 et a capitalisé le succès relatif de Troadec aux élections et va donc devoir se donner les moyens d'être présent avec des alliances plus larges aux élections régionales de 2014.
Les parties prenantes devront, plus encore qu'en 2010, composer avec l'équation personnelle d'un élu hors norme.
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Gérard Guillemot Le Jeudi 7 novembre 2013 18:02
La liste "Nous te ferons Bretagne a obtenu environ 47000 voix en Bretagne administrative et environ 11 500 voix en Loire Atlantique. Soit au total environ 58000 voix. Vous oublié de comptabiliser les voix de la Loire Atlantique qui ne sont pas, bien entendu, dans le total B4.
Gérard Guillemot
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La Rédaction Le Jeudi 7 novembre 2013 18:30
Un mauvais report : il y a eu 58 598 voix en B5, soit, 3,69%. Désolé pour l'erreur, mais j'avais écrit environ 3%. Dire presque 4% serait convenable.
Cette base est faible et ne pourrait être élargie que par une alliance avec l'UDB. Avec BE? c'est top tôt pour le dire.
Le facteur nouveau, souligné dans l'article, c'est la nouvelle stature de C. Troadec. c'est la première fois qu'un leader régionaliste accède à une telle notoriété, mais, de là à voir cela dans les urnes.
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eugène le tollec Le Jeudi 7 novembre 2013 18:37
Mais le problème "Troadec"reste une appartenance à la gauche (DVG).et à la première transaction,il y aura retour au bercail et soumission à la sensibilité dominante.
Le concept "bonnet rouge" doit être apolitique,ce n'est pas un cri socialiste,ni communiste,ni lepeniste ni de droite,c'est un cri de la faim et d'être bien "chez soi",c'est la révolte d'un peuple et une révolte n'a pas de couleur politique,j'ai acheté un bonnet rouge et j'ai mon kroas du et non celui de 1922!
M.Troadec, nous sommes dans une nouvelle croisade
La gauche n'a pas le monopole de la réalité bretonne!
Le message breton doit être à une autre hauteur ..
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Ar Vran Le Vendredi 8 novembre 2013 10:18
Petite précision
Même si Mr Troadec se définit comme DVG, il est à noter que pour la démonstration des Bonnets rouges à Kemper, il s'est allié avec un leader qui ne se définit pas comme de Gauche. Ce qui a rassemblé ces 2 hommes est avant tout la défense de la Bretagne. Et pour cela il faut saluer le courage de Troadec d'avoir oser défier la France alors qu'il aurait été bien plus confortable de faire un communiqué bien au chaud dans son canapé et regarder à la télé...
Je fais confiance à cette trempe d'homme pour faire bouger les choses et monter le moment venu avec toutes les composantes de l'Emsav des listes pour les prochaines élections. Par la passé le Parti Breton s'était associé avec MBP-Troadec, il n'y a plus qu'à recommencer (en laissant bien sûr de côté les égos et les bisbilles qui n'intéressent pas du tout les électeurs)
Maintenant avec qui s'associer : c'est très simple : avec les partis de Bretagne qui ont toujours démontré leur volonté de défendre d'abord la Bretagne et non être le supplétif de forces jacobines. Le fait de dépendre de partis français n'a jamais et ne servira jamais l'intérêt de la Bretagne et des bretons.
Pour cela il faudrait que l'UDB arrête de cautionner indirectement la France jacobine en appelant à voter pour les seconds tours pour la gauche la plus sectaire du monde. Le problème est en est-elle capable ? De sa volonté d'être réellement bretonne dépendra sa participation à cette association? Sinon elle sombrera car elle sera perçue par les Bretons comme une alliée du gouvernement en place...
Quant au nouveau parti, Breizh-Europa, il doit bien sûr participer à cette association. je ne me prononcerait pas sur sa viabilité car il est trop récent. Tout ce que je sais c'est qu'il a un challenge à résoudre : trouver sa place parmi l'Emsav et tout en sachant travailler de concert avec les forces bretonnes en présence .
De la réussite de cette union (sacrée?) dépendra le succès de la Bretagne pour ces prochaines élections.
Il est important de souligner quand même que face à un système politique français à bout de souffle et un gouvernement aussi nul, les gens de Bretagne sont à la recherche d'autre chose. Pour éviter qu'ils accordent leur suffrage par désespoir aux extrêmes français, il faut que les partis bretons responsables proposent une alternative. et cela le plus vite possible.
si cela marche, je ne serais pas surpris de voir plusieurs élus régionalistes-nationalistes-autonomistes (appelez les comme vous voulez) siéger au futur conseil régional et pourquoi enlever quelques mairies et à minima jouer les troubles fêtes dans les seconds tours....
vivent les listes bretonnes responsables
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Ed Du Le Samedi 9 novembre 2013 12:15
A Caroline Le Douarin,
D'un point de vue artistique et c'est avec beaucoup de prudence que j'avancerais le mot de "spirituel", ces trois couleurs: le rouge et le noir et blanc sont superbes, au-dessus de tout, portées consciemment ou inconsciemment en ce jour du 2 Novembre dernier à Kemper.
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