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- Communiqué de presse -
Le point de vue d'un maire de Bretagne intérieure
Contrairement aux villes où le scrutin se fait sur liste entière, les communes de moins de 2 500 habitants disposent d' un système de vote qui permet à tout un chacun de se présenter jusqu'au dernier moment, de façon individuelle ou non, sur liste entière ou non, et de voter pour qui il veut, même pour des personnes non candidates. Ce système peut a priori apparaître comme le plus démocratique qui soit
Par Jean-Bernard Vighetti pour Jean-Bernard VIGHETTI le 12/03/08 0:31

Contrairement aux villes où le scrutin se fait sur liste entière, les communes de moins de 2 500 habitants disposent d'un système de vote qui permet à tout un chacun de se présenter jusqu'au dernier moment, de façon individuelle ou non, sur liste entière ou non, et de voter pour qui il veut, même pour des personnes non candidates.

Ce système peut a priori apparaître comme le plus démocratique qui soit et il l'était tant que les citoyens des milieux ruraux vivaient et travaillaient à l'ombre du clocher autour de l'activité agricole et fréquentaient l'église ou le temple de façon assidue. La communauté s'organisait autour du travail et de la religion. Chacun, de ce fait, connaissait l'autre parfaitement et, en fonction des aptitudes ou des lacunes de ce dernier, le jugeait apte ou pas à siéger au conseil municipal.

En 30 ans, la situation s'est totalement renversée, notamment en Bretagne intérieure. Les pays à dominante rurale, d'agricoles sont devenues industriels. Leur population active, composée jadis d' actifs indépendants travaillant et résidant sur place, est peuplée aujourd'hui de salariés en majorité de l'industrie travaillant loin de leur domicile et ne disposant pas de transports en commun. Ces pays de Bretagne sont devenus désormais les lointaines banlieues ouvrières de Bretagne sans les moyens de la banlieue !

La communauté rurale de ce fait ne se connaît plus, n'existe plus en dehors peut-être des périodes de temps libéré, quand les habitants se retrouvent sur leur territoire communal le soir ou au mieux le week-end ; et encore... si la tentation du virtuel, de l'image n'est pas trop grande et s'il y existe des lieux et des moments potentiels de rencontre !

Parallèlement avec le désengagement de l'État dans le service aux petites collectivités (Équipement, Trésorerie...) et les transferts de charges correspondants, les moyens financiers et humains font cruellement défaut à ces dernières, d'autant que la mutation extra-ordinaire de leur population active implique des équipements nouveaux, des dépenses supplémentaires.

Pour faire face à cette situation, nombre de têtes de liste aux élections municipales essaient de compenser le manque de moyens par la recherche de candidats expérimentés professionnellement dans les champs d'excellence de la vie municipale (urbanisme, habitat, environnement, voirie, social, loisirs, économie, développement durable, finances...) afin d'avoir des listes cohérentes répondant aux enjeux à venir.

Avec le mode de scrutin en vigueur, cette cohésion est souvent menacée, voire détruite, par le choix, somme toute légitime, des électeurs des rares candidats qu'ils connaissent, dans une communauté de plus en plus éclatée, de plus en plus destructurée, réduisant ainsi la pertinence et l'efficacité des conseils municipaux ruraux.

Si l'on ne veut pas changer rapidement l'organisation territoriale de la France, il est nécessaire pour le devenir, voire la survie des pays à dominante rurale, de revoir le système de vote dans les petites communes en y instituant un mode d'élection proche du scrutin de iste.

Jean-Bernard Vighetti, maire de Peillac, le 11 mars 2008

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