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le Gwenn Ha Du
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- Chronique -
Le drapeau breton est partout

Avez-vous remarqué, vous aussi, que depuis quelque temps le drapeau breton, le Gwenn ha Du (le Blanc et Noir), est partout ? Mais peut-être est-ce moi qui me fais quelques

Frédéric MORVAN pour FM le 22/08/15 16:26

Avez-vous remarqué, vous aussi, que depuis quelque temps le drapeau breton, le Gwenn ha Du (le Blanc et Noir), est partout ? Mais peut-être est-ce moi qui me fais quelques idées à force de m'intéresser à la Bretagne, aux Bretons et à l'histoire de Bretagne ? J'ai été voir des amis dans plusieurs marinas bretonnes et j'ai été surpris par le nombre incroyablement élevé de petits drapeaux bretons accrochés aux drisses. A l'inverse, je dois avouer qu'il n'y avait guère de drapeaux français et je sais que les autorités portuaires ont fait des remarques et puis, devant ce phénomène devenu général, ont laissé tomber. C'est devenu tellement banal de mettre son drapeau breton sur son bateau ou ailleurs. Dans les jardins sont dressés des mâts en haut desquels flotte le drapeau breton. Je connais un grand industriel breton qui a un grand Gwenn ha Du qui flotte au-dessus de la porte de sa maison. Un autre a placé un mât à l'entrée de son musée où flotte bien sûr un grand Gwenn ha Du. Dans les supermarchés sont suspendus d'immenses Gwenn ha Du. Il n'y a plus une seule manifestation culturelle, politique, sportive, sans que ne se distingue au moins un drapeau breton. Des Bretons à l'étranger se font photographier arborant le Gwen ha Du. Un maire, un principal de collège aura droit à une remarque si l'on ne voit pas à l'entrée de sa mairie ou de son établissement un Gwenn ha Du. Etc.

Pourquoi cette omniprésence ? On me dira bien sûr que cela vient de la politique régionale, des industriels et de leurs politiques de marketing. Il faut bien sûr pour certains que cela vienne toujours d'en haut. Et oui l'esprit centralisateur est encore très présent. Mais les gens font ce qu'ils veulent dans leur jardin. Mettre un grand drapeau breton lorsque l'on part en vacances à l'étranger prend pas mal de place. Et pourtant beaucoup n'hésitent pas à le faire. Dire qu'il y a une fierté de faire voir à tous que l'on est breton est une évidence. Plus les drapeaux sont nombreux lors d'une manifestation, plus les Bretons sont contents de montrer leur présence. Ensuite les porteurs de drapeaux se rencontrent et bien sûr demandent de quelles régions bretonnes ils sont originaires…

C'est un phénomène qui vient de la population bretonne elle-même, des Bretons et des Bretonnes, surtout de ceux qui sont éparpillés dans le monde entier. Lorsque le Breton de Paris ou d'ailleurs ouvre sa maison de famille en Bretagne pour les vacances, il fait savoir ainsi à tous qu'il est breton, qu'il est revenu chez lui. C'est un phénomène clairement de société et s'y opposer est très risqué. C'est comme vouloir arrêter l'eau qui monte contre un mur. Il faut que ce mur soit épais et haut, de plus en plus épais et de plus en plus haut. Mais l'eau finit toujours par gagner.

Les Bretons n'ont plus peur d'arborer leur drapeau, bien au contraire. C'est bien fini l'époque des années des Après-guerres où l'on n'osait pas dire que l'on était breton. Cela faisait plouc. C'est bien fini l'époque où arborer un drapeau breton signifiait que l'on était un nationaliste breton, un Breizh Atao. Aujourd'hui on se fiche de savoir que le créateur du Gwen ha Du (en 1923) Morvan Marchal était nationaliste breton. On peut mentionner ici que tout de suite ce drapeau a subi de vives critiques. Pour certains, il voulait concurrencer le drapeau à la Croix noire (Kroaz Du), drapeau des Bretons sur les champs de bataille de la guerre de Cent ans et jusqu'à la Révolution. Le Gwen Ha du se voulait plus moderne, se détachant du christianisme alors omniprésent. Bien sûr qu'il s'inspire du drapeau américain… mais aussi du drapeau grec. On dit, et c'est vrai, qu'il ressemble beaucoup aux armoiries de la famille Marshall d'Irlande. Pour ceux qui ne savent pas, les hermines proviennent des armoiries personnelles des ducs de Bretagne et les bandes noires et blanches représentent les régions bretonnes, soit les neuf évêchés (5 bandes noires pour la Haute-Bretagne, Dol, Rennes, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Nantes et 4 bandes blanches pour la Basse-Bretagne, Vannetais, Léon, Cornouaille, Trégor).

Aujourd'hui, il n'y a plus de concurrence. On peut acheter au choix son drapeau breton, le Gwen Ha Du, le Kroaz Du et même, mais c'est plus difficile, les hermines plain (vieux français de plein).

Mais que certains se rassurent, le Gwenn ha Du contient une présence française. Et oui, les fameuses hermines proviennent des armoiries de l'époux de la duchesse Alix de Bretagne, Pierre de Dreux (mort en 1250), prince de la maison royale de France (et donc un prince capétien, comme sa lointaine descendante Anne de Bretagne), qui avait placé un quartier d'hermines en haut à gauche (symbole qu'il était un cadet) sur l'écu de sa famille, les Dreux, un damier bleu et jaune (or et azur, couleurs de la famille royale de France) bordé de rouge (de gueules, signifiant que les Dreux étaient eux-mêmes des cadets). C'est seulement en 1316 parce qu'il n'aimait pas sa belle-mère (la seconde épouse de son père) que Jean III de Dreux, duc de Bretagne, adopta les hermines plain.

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