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- Chronique -
La Bretagne et les Bretons : comme un malaise...
Cette chronique, ouverte il y a un peu plus d'un an, est la dernière…
Jean-Charles Perazzi Par JCP le 25/12/12 17:16

Plomelin/Ploveilh.- Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi

Cette chronique, ouverte il y a un peu plus d'un an, est la dernière… Avant une reprise éventuelle au courant de l'année prochaine. Les lecteurs qui se sont donné la peine de la lire et, parfois, d'y ajouter leurs commentaires, ne verront à ce point final ni découragement, ni lassitude, ni amertume. Simplement la volonté, la nécessité de passer à d'autres chantiers.

Avant de partir, je me permets quand même de livrer quelques impressions à ceux qui s'intéressent au devenir d'un pays auquel nous sommes viscéralement attachés, le nôtre, la Bretagne. Sous forme de brèves, comme on dit dans notre métier. Elles ne feront pas l'unanimité. Tant pis. N'ayant jamais cru à l'objectivité, vertu à laquelle on ne peut que tendre, sans jamais l'atteindre, je livre ces avis avec l'unique souci d'exprimer un point de vue.

Malaise.- C'est peu de le dire, la Bretagne, et ce n'est pas d'aujourd'hui, souffre d'un profond malaise. D'un sentiment d'injustice, d'insatisfaction largement partagé. Il ont plusieurs origines. La principale étant que, depuis la nuit des temps, le pays exprime des revendications loin d'être satisfaites.

Autonomie.- Une nouvelle étape de la décentralisation se prépare. Sauf à manifester un optimisme béat, on peut douter qu'elle nous donnera satisfaction. La précédente a débouché sur les résultats que l'on sait. Comment faire pour obtenir demain plus et mieux ? C'est aux politiques d'en décider ; aux citoyens que nous sommes d'en exiger l'impérieuse nécessité dans des conditions acceptables. A quand un large un cahier de doléances pour l'exprimer ?

Aménagement du territoire.- Un sujet qui divise souvent les Bretons. Il est loin d'être le seul, ce qui est bien dommage, la constitution d'un front commun étant une nécessité pour faire aboutir nos revendications. Les sujets abondent. Deux ou trois exemples. Faut-il vraiment un aéroport géant entre deux grandes villes bretonnes, sachant les conditions dans lesquelles celui-ci a été conçu ? Sa réelle utilité. Dans un domaine voisin, est-il raisonnable de concevoir à grands frais des voies ferrées pour des trains permettant de gagner la capitale plus rapidement ? Alors que des lignes transversales offrent -offriraient- de meilleurs services. Vrai aussi pour nos routes.

Métropoles.- Sur l'ensemble de la planète, la mode est à la construction de grandes métropoles. Avec les conséquences économiques, écologiques, démographiques, humaines que l'on sait. A qui fera-t-on croire que le gigantisme, la concentration des populations seraient des solutions pour demain ?

Depuis des années, des voix s'élèvent en Bretagne pour le maintien, l'aménagement de nos cités petites et moyennes. Au cœur d'une vingtaine de pays où la vie s'organise dans une certaine harmonie. Dépassée cette façon de faire ? Ou d'avenir ?

Générations.- Un clivage jeunes-anciens s'instaure depuis quelque temps chez nous, créant un climat détestable. L'une des raisons -ce n'est pas la seule- tient au fait qu'une quantité de jeunes se retrouvent sans emplois, sans avenir. En Bretagne la solidarité est une vertu ancestrale. Est-il stupide ou utopique d'imaginer pour demain la réactualisation d'un vieux slogan : « Vivre, travailler et décider au pays » ? En organisant une société basée sur le partage du travail, des salaires, des retraites.

Economie.- Agriculture, agroalimentaire, tourisme et pêche sont les piliers de l'économie bretonne. Les pêcheurs, dans leur majorité, ont compris la nécessité de préserver l'avenir en sauvegardant la ressource. Le tourisme breton, basé sur la découverte d'un certain art de vivre, de concerts et de spectacles exceptionnels, de sites et de monuments, prend de plus en plus le pas sur le tourisme de masse. L'agriculture productiviste, même si la dégradation de l'eau, des sols n'est pas de son seul fait, a atteint ses limites. Paysans et éleveurs, de plus en plus nombreux, comprennent que l'avenir est à des productions de qualité basées sur la biodiversité, la mise en place de circuits courts, gages d'un développement soutenable. Et prennent des mesures dans ce sens. Encore un effort. Chacun souhaite que l'agriculture bretonne et de l'industrie agroalimentaire avancent sur cette (bonne) voie.

Croissance, crise.- Voir brève précédente. Mais le sujet est bien trop vaste, trop polémique pour ne pas valoir un large débat aussi serein que possible.

Information et médias.- Il est de bon ton de tirer à boulets rouges sur les stations (radio et télé) émettant de la capitale qui font dans un nombrilisme insupportable. Le périph' est encombré, le RER invivable, l'insécurité permanente….Les mêmes têtes apparaissent lors de débats de toutes sortes, la qualité des programmes atteint des niveaux plus bas que jamais… Pour autant tout n'est pas nul sur ces ondes, ces antennes. A titre d'exemple, on a raison de crier notre colère quand un humoriste (?) de France Inter voit partout des bécassines sur nos chemins boueux. Mais il faut admettre que les Lebrun, Paoli, Cheissoux, Bertrand, Le Gouguec et quelques autres relèvent y quand même quelque peu son niveau. Et, surtout, il y a quelques années, nous sommes parvenus à obtenir la création de stations régionales, en radio comme en télé. Faute de moyens, elles n'offrent pas toujours les programmes souhaités. Raison de plus pour les exiger.

Histoire.- Dire que l'Histoire de Bretagne (la vraie) n'a pas la place qu'il faut dans les établissements scolaires, dans les ouvrages spécialisés, est une évidence. Mais de ce côté, grâce à des maisons d'édition comme Skol Vreizh, Yoran embanner, Coop-Breizh, le chantier avance. Et pour l'Histoire romancée, des auteures (Colette Vlérick, Angèle Jacq), y apportent leur contribution. Les historiens et écrivains de la nouvelle génération sauront-ils s'atteler à la tâche ?

Langue, culture, réunification.- Les initiatives, et ce n'est pas nouveau, se multiplient dans ces domaines. Faisant souvent l'unanimité ; parfois dans un certain désordre, voire, une certaine division (l'un de nos défauts majeurs). A quand un front commun qui fera enfin reculer les jacobins se succédant à la tête du pays qui ont proposé, depuis une certaine révolution et pour l'ensemble des citoyens la liberté, la fraternité, l'égalité ?

La liste de nos revendications (justifiées) est sans limite. Le combat continue.

Jean-Charles Perazzi

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1314 lectures.
Vos 10 commentaires
Sten Le Mardi 25 décembre 2012 19:10
Merci Monsieur Perazzi d'élever le point de vue et de faire une synthèse qui construit une vision. S'unir au-delà des querelles sur des détails et sur les gens renforcerait nos combats. Tous les signaux convergent pour nous dire que ce moment est crucial pour la Bretagne.
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PIERRE POREAL Le Mardi 25 décembre 2012 19:57
JC PERAZZI...Mersi bras de votre analyse , mais nous ne pouvons que compter sur nous-mêmes et pas sur quelques politiques ! , l\'hégémonie actuelle me fait très peur et si nous ne pouvons nous unir en BRETAGNE ....pour LA BRETAGNE..n\'attendons rien des jacobins....un constat nos chers élus pour beaucoup lorsqu\'ils sortent de notre pays oublient vite et à PARIS ..rentrent dans le rang ( ce n\'est pas nouveau l\'histoire le rappelle ! ) , si nous ne créons pas d\'alliance ni d\'appel à un renouveau ..!!ce ne sera pas un avenir très joli pour la jeunesse BRETONNE / Je crains le pire après l\'hégémonie ce sera le retour à la droite dure très dure / Bien sûr les médias en BRETAGNE ....sont trop polissonnes voire regarde plus vers l\'est que le PENN AR BED .../ Nous nous devons bien sûr de non seulement prendre exemple avec nos amis GALLOIS ...mais surtout de réaliser une vraie télé BRETONNE ....le constat des limites de FR3 BREIZH et sa survie dans le JACOBINISME télévisuel ( pourtant .avec nos impôts ! ) c\'est inacceptable la réduction des moyens et des émissions / Plus et plus encore , avec évidemment des heures et des émissions en GALLO / Les BRETONS savent aujourd\'hui qu\'il faille ne pas combattre pour le BRETON ou pour le GALLO ...mais pour nos DEUX LANGUES / C\'est le vrai chemin pour que l\'on puisse toutes et tous se réunir et lutter contre l\'état JACOBIN / NEDELEG LAOUEN BLOAVEZH MAT / P.OREAL
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J.. Monnier Le Mardi 25 décembre 2012 22:08
Bel au revoir de Jean-Charles, qui saura reprendre la parole dans l\'intérêt de tous.
Un message qui est presqu\'une plateforme pour les combats communs en cours ou à venir.
Merci Jean-Charles! Par question de me dissimuler pour le dire!
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Yann LeBleiz Le Mercredi 26 décembre 2012 11:34
Trés très bien ce texte.
Juste une petite remarque :
"Economie.- Agriculture, agroalimentaire, tourisme et pêche sont les piliers de l'économie bretonne. "
Ne faudrait-il pas sortir du stéréotype!
La Bretagne est en tête, vis à vis des régions de France dans le domaine de l'Optique!
Tous les cockpits et tronçons centraux des Airbus sont construits en Bretagne (à Saint-Nazaire et à Nantes-Atlantique).
La Bretagne possède aussi de bonnes compétences dans le domaine :
des logiciels,
des équipements d'exploitation sous-marine,
l'automobile,
l'électronique militaire,
et l'industrie de l'image...!
A force de reprendre les stéréotypes, plus personnes ne bougent quand Paris retire des emplois à la Bretagne dans les autres secteurs industriels...
Voir PSA à Rennes, Mittal à Nantes, et demain le site Airbus de Nantes-Altantique si NDDL est construit!
Quand un breton rencontre un chinois, et que le chinois lui pose la question : "Que fabriquer vous en Bretagne?"
Il est plus constructif de lui répondre : "les cockpits d'Airbus et les jeux Ubisofts" que de lui parler de nos campings 4 étoiles! Ne pensez-vous pas?
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Vincent Le Floc'h Le Jeudi 27 décembre 2012 01:48
ça sent l'analyse udbiste de base. Corbeille.
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Reun Allain Le Jeudi 27 décembre 2012 09:35
@Yann LeBleiz
“Il est plus constructif de lui répondre : «les cockpits d'Airbus et les jeux Ubisofts» que de lui parler de nos campings 4 étoiles! Ne pensez-vous pas ?”
Je le penses aussi, sans renoncer aux domaines où nous sommes incontestablement bien placés (agro-alimentaire, tourisme, ressources naturelles maritimes), nos interlocuteurs n’imaginent pas la contribution scientifique qu’il faut apporter pour maintenir ces activités au top. Beaucoup croient encore que tout ce qui est du domaine du vivant, émerge naturellement comme s’il ne fallait pas des recherche pointues et du développement en amont de ces productions.
Le savoir faire est une chose, le faire savoir en est une autre et il faut avouer que les Bretons ne sont pas les champions de l’esbrouffe. Dire que nous avons aussi des champions dans les technologies dures (matériaux, électronique, informatique, télécommunications, industries navales et aéronautique, etc ...). Nous ne sommes pas les seuls mais ce n’est pas une raison de se taire. Présenter nos champions dans les autres domaines industriels aurait une forte valeur pédagogique ajoutée pour encourager l’installation des entreprises.
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Pierre Coupin Le Samedi 29 décembre 2012 12:13
Je retrouve dans les commentaires ce que je voulais écrire...
Le terme "revendiquer" n'induit-il pas que la solution d'un problème vienne d'un tiers ????
Les Bretons se doivent plutôt d'affirmer la Bretagne dans sa langue, dans sa culture, dans ses réalisations..
Quand des organisateurs (bretons) sont fiers d'avoir une certaine N. Leroy à leur spectacle et inondent le pays de publicité un an à l'avance, alors que d'autres Nolwenn ont du mal à vivre de leur art, çà me fait un peu mal...
Ma Bro 'zo klan...
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Paul Chérel Le Samedi 29 décembre 2012 13:15
C\'est un peu un inventaire à la Prévert. Bravo à Vincent le Floc\'h et aussi à Yann Le Bleiz pour sa remarque. En France on ne parle pas d\'économie, car on ne l\'enseigne pas et même on va jusqu\'à l\'incorporer au vilain capitalisme. La Bretagne et les Bretons suivent le même chemin. Les activités économiques anciennes sont évidemment à conserver et même à développer mais l\'avenir est à l\'innovation, à l\'invention. Ce qui se passe dans les laboratoires est infiniment plus important que d\'assembler des Airbus qui vont être concurrencés bientôt par de meilleurs avions produits par les Chinois, les Indiens ou les Brésiliens. Seule une Bretagne libre de ses mouvements, de ses recherches, de ses propres progrès techniques, de ses partenaires en investissements, peut répondre aux aspirations des Bretons, pas une Bretagne dans le sillage de la France. Paul Chérel
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Léon-Paul Creton Le Samedi 29 décembre 2012 14:51
Pierre Coupin, penseriez-vous à Nolwenn Korbel par exemple?...
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Patrick Chevin Le Dimanche 30 décembre 2012 15:34
Eun ano etre eo an ano-ze (Nolwenn Korbel) war a zeblant (Nolwenn Leroy + Cécile Corbel), hag etreoh an ard 'm eus aon!
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