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Un Karl Marx barbu devenu Père Noel où quand les rouges se déguisent en rouge pour séduire les enfants.
Un Karl Marx barbu devenu Père Noel où quand les rouges se déguisent en rouge pour séduire les enfants.
- Chronique -
Karl Marx en breton : Il ne leur reste plus que la crédulité des enfants pour leurs balivernes

Alors que les éditions Stourmomp annoncent une biographie de Karl Marx pour les enfants Istor Bihan Karl Marx, il nous a paru approprié de rappeler ce que Marx et Engels pensaient des Bretons et des autres peuples sans États d'Europe. Des citations qui, bien sûr, ne seront pas traduites dans ce nouveau petit livre rouge pour enfants.

Philippe Argouarch pour ABP le 26/12/18 13:56

Alors que les éditions Stourmomp annoncent un livre sur Karl Marx en breton pour les enfants Istor Bihan Karl Marx, il nous a paru approprié de rappeler ce que Marx et Engels pensaient des Bretons et des autres peuples sans États d'Europe. Des citations qui bien sûr, ne seront pas traduites dans ce nouveau petit livre rouge où un Karl Marx barbu ressemble au Père Noël.

Dans la Nouvelle Gazette Rhénane de janvier 1849, dont le rédacteur en Chef est Karl Marx, on peut lire un article signé Friedrich Engels qui affirme que les Bretons comme les Gaels, les Basques et les Slaves de l'empire austro-hongrois (les Tchèques, les Slovaques, les Slovènes et les Croates) sont des peuples "réactionnaires" appelés à disparaitre de l'Histoire. Faisant toutefois exception pour les Polonais, Marx et Engels affirment que tous ces petits peuples slaves sont destinés à être absorbés par la nation allemande, pavant ainsi la route du pangermanisme repris un siècle plus tard par les nazis.

Dans leur division infantile des peuples européens en "peuples révolutionnaires" et en "peuples réactionnaires" basée sur les alliances géo-politiques du moment, Marx et Engels nient le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Contrairement à Proudhon qui était fédéraliste, Marx et Engels étaient partisans du centralisme dit "démocratique" précurseur de la dictature du prolétariat. Les seules nations qu'ils reconnaissent sont celles dont la bourgeoisie a réussi à prendre le pouvoir, les autres étant toutes bonnes pour les poubelles de l'histoire. Ces nations avortées par le matérialisme historique, sont pour eux des "déchets historiques", elles sont destinées à être soit "dénationalisées" (1) soit "exterminées".

C'est à propos de la conquête de l'Algérie par la France que le racisme de Marx s'affiche le plus ouvertement. Il considère que cette invasion est une "oeuvre civilisatrice". Il approuve l'expropriation des Arabes et la redistribution des terres aux colons déclarant "Les Arabes sont des nomades, fidèles aux traditions de leurs ancêtres, et restent en dehors de toute évolution et hostiles à la civilisation". Il s'en prend même aux Espagnols et aux Mexicains " Les Espagnols sont déjà dégénérés. Mais l’Espagnol dégénéré, le Mexicain, c’est l’idéal. Tous les vices des Espagnols, grandiloquence, fanfaronnade, donquichottisme s’y trouvent à la puissance 3, moins la solidité des Espagnols" (Karl Marx, lettre à Friedrich Engels, 2 décembre 1854).

Quant à l'antisémitisme de Karl Marx il est sans limite :"En réalité, les espoirs des oppresseurs seraient vains et la guerre pratiquement impossible s’il ne se trouvait quelque Jésuite pour endormir les consciences et quelque Juif pour faire les poches." ou "L’essence du judaïsme et la racine de l’âme juive sont l’opportunité et l’intérêt personnel ; le Dieu d’Israël est Mammon, qui se manifeste dans la soif de l’argent. Le judaïsme est l’incarnation des attitudes anti-sociales."

Il n'y a aucun pays en Europe qui ne possède quelque part les restes d'un ou plusieurs peuples, survivances d'une ancienne population refoulée, et soumise par la nation devenue plus tard l'élément moteur de l'évolution historique. Ces survivances d'une nation impitoyablement piétinée par la marche de l'histoire, comme le dit Hegel, ces déchets de peuples deviennent chaque fois les soutiens fanatiques de la contre-révolution, et ils le restent jusqu'à leur extermination et leur dénationalisation définitive; leur existence même n'est-elle pas déjà une protestation contre une grande révolution historique ? C'est ainsi qu'en Écosse les Gaels furent les soutiens des Stuarts de 1640 à 1745.C'est ainsi qu'en France les Bretons furent les soutiens des Bourbons de 1792 à 1800. C'est ainsi qu'en Espagne les Basques sont les soutiens de Don Carlos. C'est en Autriche le cas des Slaves du sud qui ne sont qu'un déchet de peuples, résultant d'une évolution millénaire extrêmement confuse.__F. Engels. La Nouvelle Gazette Rhénane n° 194, 13 janvier 1849 (2)

[...les Slaves en Allemagne sont ] des restes éparpillés de nombreuses nations dont la nationalité et vitalité politiques avaient été étouffées depuis longtemps et qui avaient été contraintes pendant près de 1000 ans de marcher dans les pas d'une nation plus puissante qui les avait conquise. Tout comme les Gallois en Angleterre, les Basques en Espagne, les Bas-Bretons en France [...] ces nationalités mourantes comme les Carinthiens, les Dalmates etc ..avaient tenté de profiter de la confusion générale de 1848 pour rétablir leur statu quo de l' an 800. L'histoire de 1000 ans aurait dû leur montrer qu'une pareille régression était impossible__Article de Karl Marx publié dans le New-York Tribune en 1851 puis dans Révolution et Contre-révolution en Allemagne en 1886

Notes:

(1) Le mot est de Friedrich Engels

(2) (voir le site) pour la nouvelle gazette rhénane

Voir aussi :
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Vos 10 commentaires
  Emilie Le Berre
  le Mercredi 26 décembre 2018 20:05
Le cas Marx est à aborder avec beaucoup de modestie car nombreux sont à en parler sans l'avoir lu, ce qui est mon cas. Toutefois le peu que j'en sais, Marx lui-même ne se qualifiait-il pas premier des anti-marxistes ?
Dans ce cas ses propos ne seraient-ils pas à prendre à contre sens ? La révolution bourgeoise de 1789 n'est-elle pas la victoire du spectacle de la marchandise ? Le capital foncier contre le capital financier ? Le premier avait tout intérêt au bon entretien des sols par exemple tandis que le second privilégie la circulation des marchandises et du prolétariat déraciné.
La gauche est en fait la gauche du capital, memestra pour la droite, droite du capial. Les deux œuvrent pour le capital ou tout doit être marchandisé. Le libertaire pour la gauche, le libérale pour la droite, le premier marchandise les individus, derniers exemples la pma-gpa où le second fourni l'infrastructure médicale pour les poules pondeuses.
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  Naon-e-dad
  le Mercredi 26 décembre 2018 22:09
Belle trouvaille.
Sur internet, il existe un blog Stourmomp. voici comment ce collectif se présente:
"Stourmomp est un collectif militant pour l’édition et la diffusion de matériel (en français ou en breton) de réflexion au service de la construction d’une république bretonne, libre, réunifiée, brittophone, socialiste et féministe dans une perspective internationaliste."
brittophone humm, restons dans la logique de la langue et disons bretonnant / brezhoneger
socialiste après le dernier quinquennat, ils en veulent encore une cuiller? :-)
féministe "je ne suis pas contre les femmes, je suis tout contre" (Sacha Guitry?)
dans une perspective internationaliste quel salmigondis!
Tout y est. Pour ce qui concerne les derniers items, du post-68 pur jus...
Stourmañ mod-se? Hepdon e vo, a dra-sur! Lutter pour celà? Ce sera sans moi!
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  Diveli
  le Mercredi 26 décembre 2018 23:12
Errare humanum est. On n'est pas obligé d'adapter à la lettre absolument tout ce qui est dit par la personne pour produire un livre regroupant des idées et principes essentielles de la pensée marxiste!
Par exemple, vous mentionnez l'anarchiste Proudhon, mais savez-vous qu'il était persuadé que l'émancipation des femmes était inutile et qu'elles devraient "connaître leur place"? Et pourtant ce propos est inacceptable pour les anarchistes (car nous sommes contre toute hiérarchie, y compris celle du genre), et bien largement au-delà. Néanmoins, ceci ne signifie pas qu'il faut écarter tout ce que Proudhon a apporté pour le mouvement!
Voyez-vous l'analogie avec Marx? Hag e brezhoneg, ouzhpenn-se?
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  Lucien Le Mahre
  le Jeudi 27 décembre 2018 12:22
Lecture saisissante !
Si, en tant que Bretons, on peut à la limite accepter de se voir par les yeux de Hegel, comme "survivance d'une nation impitoyablement piétinée par la marche de l'Histoire", les "déchets de peuple" méprisants dont nous baptise Marx ont de quoi nous rester en travers de la gorge.
Le soutien systématique de ces peuples brisés, le dos au mur, au régime qui semble les détruire le moins, nous paraît de surcroit découler du simple domaine général de l'urgence et de la nécessité plus que de la vision lumineuse d'un grand philosophe. Des nations triomphantes comme les démocraties d'Amérique et de Grande Bretagne se sont bien alliées quelques temps plus tard à l'URSS stalinienne pour combattre le régime hitlérien !
Ceci réglé : nous sommes toujours là ! Eh oui !
Bientôt deux siècles après ces aimables propos marxiens, il y a toujours une Bretagne, certes amputée, certes minorisée, mais toujours consciente d'elle-même et capable d'énergie créatrice, alors que des empires autour d'elle se sont écroulés : les empires coloniaux européens dans l'après-guerre, puis l'empire soviétique il y a trente ans ...
Les "déchets de peuple" ne finissent décidément pas tous dans les poubelles de l'Histoire, mon cher Karl !
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  P. Argouarch
  le Jeudi 27 décembre 2018 13:29
@Diveli : je vous entend mais qui décide ce qui est contextuel et ce qui est vrai ? on peut dire que l'anti-sémitisme et le racisme de Karl Marx est contextuel et que tout le monde l'était mais pourquoi ne pas dire que la guerre des classes l'était aussi ? Tout ca me fait penser aux théologiens de la Bible et du Coran qui passent leur vie à décider ce qu'il faut prendre à la lettre et ce qu'il faut interpréter. Pour moi la seule contribution innovante du marxisme est le matérialisme historique c'est à dire l'influence de la technologie et de l'économie dans l'histoire. Le reste est un fatras d'opinions et de préjugés voire des prédictions de voyantes à deux sous : la victoire et la dictature du prolétariat établi comme le paradis terrestre retrouvé.
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  Fañch Ar Vilin
  le Jeudi 27 décembre 2018 22:36
« La prochaine guerre mondiale ne se contentera pas de balayer de la surface de la terre des classes et des dynasties réactionnaires, mais aussi des peuples réactionnaires tout entiers. Et cela aussi, c'est un progrès. »
Cette dernière phrase résonne de manière particulièrement ignoble et cruelle en ce 100ème anniversaire de l’armistice de 1918.
Nos parents et ancêtres bretons ont tant souffert et payés pour cette guerre impérialiste qui ne les concernait pas.
Que Marx et Engels aient pu souhaiter leur tragique destinée et s'en réjouir me révulse.
Que des individus en apparat breton se réclament de cette idéologie me consterne.
Que l’on cherche, travesti en Père Noël, à endoctriner des enfants bretons avec cette idéologie me révolte.
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  P. Argouarch
  le Vendredi 28 décembre 2018 00:08
@Fañch ar Vilin: Je n'ai pas mis cette phrase dans mon article car elle n'est pas vérifiée. Elle circule sur l'internet depuis des années et serait d'Engels issue de la Nouvelle gazette rhénane. En fait j'ai les deux tomes de la Gazette en version numérique et cette phrase n'existe pas http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/gazette_rhenane_t2/gazette_rhenane_t2.html mais elle vient peut-être d'un autre livre. Si c'était le cas la référence aurait circulé.
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  Pierre Robes
  le Vendredi 28 décembre 2018 12:53
On comprend mieux la haine du trotskyste internationaliste Mélenchon envers les Bretons et leur langue, contre l'école Diwan et celui-ci qualifiant la langue bretonne de langue de la collaboration, alors que la collaboration s'est faite en bon langage français. (ou allemand)
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  Diveli
  le Mardi 1 janvier 2019 13:12
@P. Argouarc'h Certaines choses sont à rejeter, certaines à adapter au temps modernes. Marx, tout comme Kropotkine, Proudhon ou Bakounine, ont vu que la raison de la misère est l'exploitation des classes ouvrières par la bourgeoisie, et pour en remédier le saisissement des moyens de production par le peuple est nécessaire, et tous avaient pour but le communisme. Ce que les anarchistes refusent, en revanche, c'est le moyen avancé par Marx de la dictature de prolétariat à travers un État centralisateur pour y arriver. Ceci a provoqué une scission des anarchistes de la première Internationale.
Les communes de Rojava appliquent les principes libertaires essentiels de l'anarchisme, et bien qu'elles soient internationalistes, l'émancipation du peuple kurde y est un enjeu très important, comme l'émancipation des femmes!
Je vous conseille les vidéos de L'École du chat noir (https://youtu.be/U3Rs7Pjd8gM) et le documentaire ARTE "Ni dieu ni maître" en premier temps.
Il est le temps que le peuple, breton et tous les autres, s'en inspire, et nous travaillerons sans cesse pour cela.
Karantez ha dispac'h!
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  Herve Latimier
  le Mercredi 2 janvier 2019 18:15
Je ne sais pas si on peut réagir avec amusement à des commentaires. Celui de Noan-e-dad m'a particulièrement amusé. Non sur le fond que je trouve triste. On peut critiquer un penseur (c'est un devoir) sans le mettre à l'index. Et on est évidemment libre de ne pas adhérer aux vues d'un parti indépendantiste.
Mon amusement vient de la phrase : "brittophone humm, restons dans la logique de la langue et disons bretonnant / brezhoneger".
Bretonnant (sauf erreur de ma part) est un mot français c'est donc dans la logique du français qu'on nous demande donc de rester... En français actuel on construit le mot qui veut dire "celui qui parle une langue" sur le modèle de corsophone, hispanophone etc... C'est neutre (pas de nuance péjorative, simple constat). Brittophone correspond donc exactement à brezhoneger. Par contre, si on veut rester "dans la logique de la langue" (celle d'origine du mot) la définition de bretonnant dans le Larousse 2000 est : "qui a conservé la langue et les coutumes bretonnes" (dans les éditions antérieures il était question de "moeurs primitives". Très peu pour moi. Je préfère tout simplement parler breton, être un brittophone (brezhoneger) donc. A galon
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