Le Parti Breton, invité par l'EAJ-PNV (Parti National Basque), nous a envoyé tous les 2, Kevin et moi, à Bilbao afin d'assister avec nos collègues d'Ecosse, de Catalogne ou encore de Lituanie à la rencontre qui se tenait les 15, 16 et 17 décembre 2006 dans la capitale économique basque. Il s'agissait des Journées Internationales des Jeunes sur l'autodétermination.
Accueillis par nos camarades d'EGI, le mouvement des jeunes du PNV, nous avons pu constater à quel point la démocratie basque avait depuis la fin du franquisme atteint un niveau avancé, notamment par rapport à la situation bloquée en hexagone (notamment au Pays Basque nord, en Catalogne nord et bien sûr en Bretagne).
Dès le vendredi, notre groupe, composé de jeunes de 18 à 31 ans et venant tous de partis politiques amis du Parti Breton, a visité le Parlement Basque à Vitoria, la capitale politique. On a assisté à une séance de l'assemblée, et on a eu droit à une présentation du site internet, véritable outil de transparence pour ce lieu de fonctionnement de la démocratie. On peut y suivre les débats en direct, on peut prendre connaissance du travail des députés ; en fait on peut tout savoir sur tout grâce à de nombreuses rubriques et une recherche par critère. La matinée a aussi été marquée par la visite surprise de Juan José Ibarexte, l'actuel président du Pays Basque en personne ! On a eu l'occasion de discuter personnellement avec lui, et même de faire une photo ensemble ! Tout ça dans la simplicité, l'ouverture d'esprit et la bonne humeur... Nous avons également rencontré la présidente du Parlement qui nous a reçu dans le salon de réception, là où d'habitude on reçoit les personnalités importantes (faut croire qu'on l'était aussi, important ! ;-).
Le midi on a déjeuné dans la vieille ville de Vitoria/Gasteiz. Le déjeuner fini (c'est-à-dire vers les 16h/16h30...) nous sommes retournés à Bilbao où nous avons été invités au Musée Guggeheim, rien que ça ! On a pu visiter les expositions permanentes ainsi que l'expo temporaire " 100% Africa ". Ce musée très renommé est comme le symbole de la modernité de la démocratie basque, fier d'elle-même et ouverte sur le monde.
Le soir on a mangé dans une batzoki (" lieu de rencontre " en basque), c'est un bar/restaurant du PNV où se rencontrent adhérents et sympathisants. Il y en a dans toutes les villes. Devant les bons produits basques, les liens se renforcent, et quand on se met à chanter les chants basques en fin de repas, c'est encore plus fort !
Le samedi était la journée des conférences et des présentations de chaque parti.
Deux députés du PNV aux Cortes, le Parlement espagnol, ont apporté des arguments théoriques et pratiques extrêmement intéressants sur l'autodétermination. Tous les textes internationaux, de l'Onu, de l'Europe, des Droits de l'Homme affirment qu'il y a des droits individuels mais aussi des droits collectifs pour les peuples. L'autodétermination en fait partie, on la retrouve même dans de nombreuses constitutions nationales (Slovaquie, Portugal...). Evidemment, quand on regarde la situation politique de la Bretagne, on ne peut qu'être révolté par la violation permanente des droits démocratiques de notre peuple ! Ce droit est utilisé dans le monde entier, en Europe on peut citer des cas récents : pays de l'ex-Yougoslavie, Allemagne... Les conférenciers sont revenus sur les différents arguments de certains états pour s'opposer au droit à l'autodétermination d'un peuple, droit collectif démocratique par excellence, et sur les réponses à apporter. Ils n'ont pas manqué de souligner le jeu hypocrite de la France, tant sur la scène intérieure qu'internationale. La France, " cette quintessence du centralisme anti-démocratique "... Ils ont souligné aussi le rôle important de l'Union Européenne, sans elle nous serions " mangés tout cru " par des puissances émergentes comme l'Inde et la Chine.
Notons aussi l'intervention de Lokari, réseau citoyen qui milite pour la pérennisation de la pacification et de la réconciliation, afin de faire de la paix une réalité irréversible. Un mot sur le processus de paix, puisqu'en hexagone on est si mal informé sur ce qui se passe en ce moment. La société basque veut la paix et la réconciliation depuis longtemps, et enfin l'ETA semble avoir déposé les armes ; autant dire qu'on est à un tournant historique ! Non dogmatiques, contrairement à Madrid et Paris, le gouvernement et le Parlement basques, ainsi que tout un réseau d'associations citoyennes, travaillent depuis longtemps pour établir une situation irréversible de paix et de réconciliation, en prenant exemple de manière très pragmatique sur ce qui se fait en Belgique et en Irlande du Nord. Pris entre deux états jacobins sûrs d'eux-mêmes et dominateurs, ce n'est pas toujours facile... les deux états-membres vont-ils saisir cette occasion historique et pratiquer la main tendue pour qu'enfin la paix s'installe définitivement ? Ce que nous avons pu voir, c'est que de nombreuses associations basques, ainsi que le PNV, s'arrachent pour que ce soit enfin une réalité.
Nous avons fini par la présentation à la tribune des différents partis présents. Comme on n'était pas un mais deux, on s'est réparti la tache : Kevin a présenté la Bretagne, et moi le Parti Breton. Les autres jeunes ont pu avoir confirmation, s'il en était encore besoin, de la proximité de vue entre nous et des partis comme Convergencia e Unio, le PNV, le Scottish National Party ou encore Plaid Cymru. Notez que tous ces partis sont soit au pouvoir soit la principale force d'opposition dans leur pays respectifs. Puisse le Parti Breton jouer bientôt le même rôle !!! On a pu également (re)découvrir des situations nationales ou régionales intéressantes : Canaries, Baléares, Silésie, Lituanie, Géorgie, Slovaquie, Québec, Monténégro, Irlande, Pays de Galles...
Le soir, on a dîné au siège du PNB, appelé Sabena Etxea. C'est un lieu mythique du nationalisme basque : c'est là que s'élevait la maison dans laquelle tout a démarré, à la fin du XIXè siècle. L'arrivée des fascistes espagnols au pouvoir dans les années 30 va chasser les nationalistes qui ne pourront plus se réunir dans ce centre névralgique du combat des Basques pour leur liberté. Dans les années 60, les franquistes vont même détruire complètement le bâtiment, et les gravas vont être répartis entre une décharge publique et la mer afin d'effacer toute trace du nationalisme basque ! Dans les années 90, le PNV acquiert le terrain et reconstruit le beau bâtiment moderne qui s'élève aujourd'hui. Une batzoki est intégré au siège du parti, c'est là qu'on dîne, toujours dans cette formidable ambiance. Il y aura aussi l'hymne national basque, moment fort car c'est à cet endroit même qu'il a été composé il y a plus de 100 ans. Après le dîner, pour éliminer les calories on fait la fiesta. Les bars sont nombreux à Bilbao. Il y a aussi des boîtes, qui sont toutes grandes ouvertes et gratuites, on rentre et on sort comme on veut, c'est plus des grands bars avec de grandes pistes de danse en fait.
Le dimanche, en guise de conclusion à ce séjour mémorable, se tient une conférence de presse, toujours à Bilbao, où nous, les jeunes de tous ces partis européens, lisons un texte commun sur le processus de paix, qui est relayé par une presse nombreuse.
POUR FINIR, NOTRE PETIT BILAN - tout au long du séjour, ambiance Erasmus et bons progrès en anglais et en espagnol (plus efficace qu'un séjour linguistique classique !!!) - ambiance visites politiques et culturelles en journée et fiesta le soir (restos, bars...), - euh... on a pris des kilos, à l'approche de Noël c'est pas bon ! - accueil et organisation impeccable, programme des trois journées prestigieux et hyper intéressant, - on regrettera seulement de ne pas avoir pu constater plus avant la belle santé économique du Pays Basque, conséquence directe de son autonomie politique (clusters, etc), mais bon on a conscience que ce n'est pas facile de tout caser en trois jours, - on a senti une vraie solidarité européenne et une ouverture d'esprit, des amitiés sont nées et on compte bien se revoir ! - on n'attend qu'une chose, organiser la même chose en Bretagne.
Mathieu