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Joël Cornette et son histoire de Bretagne et des Bretons
L’Histoire de la Bretagne et des Bretons, écrit par Joël Cornette, s’annonce comme un best-seller du rayon livres d’histoire. L’historien n'est pas toujours tendre avec les autonomistes. Il regrette ainsi que des porte-parole du nationalisme réinterprètent le passé en fonction de discours politiques.
Ronan Le Flécher Par Ronan Le Flecher le 18/01/06 22:55

Les personnalités à l'honneur du colloque "Bretons de Paris, Bretagne au coeur" organisé par Paris Breton vous sont présentées d'ici le 23 janvier. Aujourd'hui : Joël Cornette.

L’Histoire de la Bretagne et des Bretons, écrit par Joël Cornette, s’annonce comme un best-seller au rayon livres d’histoire. L’historien s'exprime sur son dernier ouvrage et livre ici sa vision sur les autonomistes et la langue bretonne notament. Il regrette ainsi que des porte-parole du nationalisme réinterprètent le passé en fonction de discours politiques.

Une critique à l’égard de votre ouvrage dans l’histoire récente : vous semblez réduire à une poignée de personnes la demande d’une plus grande autonomie régionale, d’une proximité des centres de décision ou du respect de la langue bretonne. ?

Les militants actifs sont peu nombreux, à l’image des adhérents de l’UDB au nombre de quelques centaines. Les nationalistes ont relativement peu d’impact électoral en Bretagne. Il est évident que les Bretons, dont je fais partie, revendiquent une place plus importante pour les langues, la culture, la civilisation et l’histoire. Des centaines de milliers de personnes partagent cette sensibilité très bretonne et très modérée.

Le nombre de militants actifs ou d’encartés n’est pas vraiment révélateur. Croyez-vous que le nombre d’adhérents au PS, à l’UMP ou à l’UDF soient plus importants en Bretagne ? Pas si sûr. ?

C’est vrai. Je constate l’évidente modération politique de la Bretagne. Les nationalistes militants ont relativement peu d’impact électoral en Bretagne. Regardez l’extrême droite : on ne trouve pas les électeurs de Jean-Marie Le Pen en Bretagne, mais plus dans le Midi.

Certaines voix vous reprochent donc de minimiser ces mouvements. ?

Pas du tout. Ils disent ce qu’ils veulent. Ce n’est pas l’histoire que certains auraient aimé écrire. Et puis personne n’est obligé de lire mon livre. Je suis pour la pluralité des histoires. Mon livre ne s’est jamais présenté comme la vérité incarnée. J’ai expliqué ce que je voulais faire de cette histoire de la Bretagne. Je revendique un apolitisme, c’est l’une des originalités de mon livre. J’ai considéré la Bretagne comme un territoire “normal” pouvant faire l’objet d’une étude totalement dépassionnée. Je me suis gardé de toute surdétermination. En aucun cas, mon travail n’affiche de présupposés idéologiques ou politiques. Une fois encore, je regrette que des porte-parole du nationalisme breton réinterprètent le passé en fonction de discours politiques.

Autre sujet de crispation : faut-il enseigner l’histoire de Bretagne aux écoliers bretons ?

Trois fois oui. L’histoire de la Bretagne n’est pas enseignée en primaire, en secondaire et très peu en supérieur. Cela me paraît aussi grave que la destruction de la langue. Il faut profiter de l’intégration pacifique de la Bretagne pour poser officiellement la question du statut de l’histoire dans les structures de l’enseignement. Que le Conseil régional et son président Jean-Yves Le Drian, que les députés soient interpellés ! C’est un vrai débat à mener.

Vous allez participer le 23 janvier au colloque « Bretons de Paris, Bretagne au cœur ». Comment peut-on être breton à Paris ?

Peut-être est-ce à chacun dans son métier d’exprimer quelque chose qui a à voir avec cette bretonnité ? Il se trouve que je suis historien, j’ai écrit cette « Histoire de la Bretagne et des Bretons ». On ne peut être plus breton que ça. Ceci dit, je n’ai ni sabots, ni biniou. Ce n’est pas écrit sur mon visage.

Il y a bien différentes manières d’être breton.

Et sans aucune exclusive bien évidemment. Certains trouvent bizarre que moi qui ne suis pas de la Bretagne bretonne, un Breton de Paris, j'aie écrit ce livre. Pour moi, ce n’est pas vraiment une contradiction.

À un moment dans votre livre, vous écrivez que pour vous l’expatriation a été la source paradoxale de la découverte de votre bretonnité? ?

Absolument. Ceux qui sont loin de la Bretagne expriment peut-être davantage ce besoin d’identité – et c’est le paradoxe – que ceux qui se trouvent en terre bretonne.

Vous vous dites « transplanté » parisien. Racontez-nous les grandes lignes de votre parcours.

J’ai étudié à Brest du primaire à Saint-Marc à la terminale, puis je suis rentré à Lettres Sup à Kerichen. Comme il n’y avait pas de classe préparatoire de deuxième année, je suis allé à Bordeaux préparer Normale Sup. J’ai été reçu à Saint-Cloud, ce qui explique le transplantement. À partir de là, je n’ai pratiquement plus jamais quitté la région parisienne. J’ai obtenu l’agrégation et j’ai été pendant dix ans professeur de lycée à Gonesse tout en donnant des cours en classes préparatoires. Ensuite, j’ai été élu maître de conférence à Paris 1 ; j’y suis resté dix ans. J’ai été élu professeur à Paris 8-Saint-Denis où j'enseigne aujourd’hui.

PROPOS RECUEILLIS PAR RONAN LE FLÉCHER

Suite de l'interview dans armor magazine de février 2006

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Ronan LE FLÉCHER est consultant en stratégie de communication et d'influence, fondateur des Dîners Celtiques, blogueur sur Twitter et Blog Breizh.
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