On peut dire sans trop se tromper qu'il y a trois personnes qui ont réveillé la Bretagne dans les années soixante et soixante dix : Joseph Martray et le CELIB pour l'économie, Morvan Lebesque et son livre "Comment peut-on être Breton ?" pour le politique et enfin Alan Stivell pour le renouveau de la musique (bretonne et celtique).
En fait Alan Stivell est à l'origine aussi d'une deuxième vague celtique, celle de 1993-1994. "Tout semblait fini" comme l'explique Alan. "Les gens pensaient que j'avais pris ma retraite" ... Alan eut alors l'idée de réveiller les popotes avec un spot publicitaire sur TF1 qui lui coûta la bagatelle de 15 000 euros mais qui relança tout. En novembre 1993 Alan vendait 1000 CDs par jour (Again).
Telenn Keltiek, le premier album, était sorti en 1961. Entre temps il y a eu la révolution numérique. La musique numérisée apparut dés 1982 avec les premiers CDs. Depuis, les techniques de mixages, de compression, d'équalization n'ont fait que de s'améliorer au point que l'on peut faire de nouvelles remasterisations de CDs enregistrés il y a seulement quelques années. Le master étant la bande originale du studio d'enregistrement. Aujourd'hui, c'est devenu comme pour les films, le travail commence vraiment une fois l'image ou le son sur les pellicules ou les bandes d'enregistrement.
C'est ce qu'a fait Alan Stivell avec la remasterisation de dix de ses albums ou CDs dont les six derniers viennent de sortir via Harmonia Mundi [Au delà des mots, Legend, Back to Breizh, 1 Douar, Terre des Vivants, The Mist of Avalon]. La différence est perceptible aux oreilles même tout à fait moyennes. Les bruits ont disparu, des sons autrefois inaudibles ressurgissent et le volume a doublé ses décibels en puissance.
Grâce à la révolution internet, la musique d'Alan Stivell s'est aussi mondialisée. Les gens le découvrent ainsi au bout du monde en surfant sur myspace.com, où Alan a son club. La seule ombre au tableau, l'envers de la médaille de cette révolution, c'est le téléchargement illégal des morceaux. Des pertes qui se chiffrent en millions pour les artistes. Des pertes qui, d'après Alan Stivell, peuvent faire défaut pour la production d'un nouveau CD sur lequel il travaille. Alan confie que le coût moyen de production d'un de ses CDs est de 150 000 euros (sans parler de la commercialisation qui peu coûter autant).
Alan Stivell est infatigable, il continue ses tours internationaux. Il part dans quelques jours pour l'Italie. Il sera aussi à Bercy pour la Saint Patrick et au Festival de Cornouaille à Quimper le 23 juillet. Voir aussi l'article ABP sur son concert à Saint-Herblain ( voir notre article ).
Philippe Argouarch