Le site internet Ouiaubreton a reçu ce matin la contribution d'un "Nantais" concernant la pose des panneaux "Naoned" à l'entrée de Nantes. Il nous a semblé intéressant de le publier sur l'ABP, pour que le plus grand nombre de lecteurs puisse en prendre connaissance. (1)
Dans les derniers jours de décembre, la ville de Nantes a fait installer des panneaux Naoned en-dessous des panneaux Nantes ( voir notre article ). La symbolique de tels panneaux est forte, mais encore faut-il que le panneau soit « neutre ». Les Nantais, qui se réjouissaient que leur ville rattrape enfin son retard par rapport à toutes les autres villes bretonnes, ont été cueillis à froid en ce début d'année.
En fait, il existe deux types de problèmes fondamentaux concernant cet « événement » :
Un panneau "bizarre", d'un modèle jamais vu en Bretagne... ni ailleurs
Il y a 13 ans, dans le même contexte pré-municipal que Nantes aujourd'hui, Rennes décidait de faire installer des panneaux Roazhon aux entrées et sorties de ville. La ville commanda donc à l'équipement des panneaux, avec marqué Roazhon dessus. Tout cela est simple ! Hé bien, la ville de Jean-Marc Ayrault aime les complications.
Car la municipalité a pris l'initiative discrète (secrète ?) de demander pas moins de 6 modifications par rapport au panneau « Nantes » : le panneau est plus petit, Naoned est marqué en bleu et non en noir, il est en italique, il est plus petit, le liseré est non pas rouge mais orange, et le fond n'est pas blanc mais une espèce de blanc cassé ne réfléchissant pas les phares de voitures contrairement à l'autre.
Bref le panneau est très bizarre, jamais vu encore en Bretagne. C'est comme un panneau neuf qui ferait usé. On peut dire que l'effet positif de voir ensemble un panneau Nantes et un panneau Naoned en entrant dans la cité est annulé, sinon inversé. On peut ajouter que cela ne concerne que quelques panneaux d'entrée de villes, très peu pour l'instant en fait, et aucun panneau de sortie de ville. Plusieurs de ces panneaux ont déjà été recouverts de peinture blanche par un quidam.
Nul ne sait s'il y aura d'autres poses de panneaux. Car ce qui caractérise cette affaire, c'est un incroyable manque de transparence.
Les mauvaises méthodes de la municipalité nantaise
Le 13 décembre, à l'initiative de la mairie et pour la 3e année consécutive, une réunion avait lieu avec les associations culturelles bretonnes de Nantes (enfin celles que la mairie avait daigné inviter).
Notons l'heure peu pratique pour les gens qui travaillaient, les associations culturelles bretonnes étant pour une grande part composées de bénévoles ayant par ailleurs un travail qui ne finit pas à 17 h. Comme les autres années, cette réunion s'est très mal passée. En fait, ça été encore pire que les années précédentes.
Yannick Guin, élu PS en charge de la culture, et Jean-Louis Jossic, élu PS en charge du patrimoine, représentaient la mairie. Passons les problèmes de locaux, les promesses non tenues, le manque de respect à l'énoncé par les associations de la mémoire de Patrick Pellen, ancien conseiller municipal disparu en 2007, les allusions comme quoi le breton est une langue du passé, les menaces voilées (« Vous savez, il existe d'autres villes que Nantes… » dixit Yannick Guin), etc. Tout cela, les associations culturelles bretonnes de Nantes y sont malheureusement habituées depuis des années.
Jean-Louis Jossic a, en fin de réunion, fait une annonce : la pose des panneaux « bilingues » à l'entrée de la ville. En fait, la même annonce avait déjà été "servie" l'année dernière : la décision était prise, ça y était, on allait avoir des panneaux "bilingues", etc. Et on n'avait rien vu du tout, sans explication comme toujours. Donc tout le monde a attendu fin décembre pour les voir, et les quelques personnes qui ont eu la chance d'en voir ont pu s'apercevoir qu'il ne s'agit de toute façon en rien de panneaux bilingues, le bilinguisme étant une norme européenne connue et utilisée en Bretagne comme ailleurs, avec des normes précises. On peut dire que les quelques panneaux posés jusqu'ici sont même l'anti-thèse d'une signalétique bilingue. Pourtant, l'Office de la Langue Bretonne de Nantes avait informé la municipalité des normes bilingues en ce qui concerne les panneaux, envoyant même des photos d'exemples dans la région comme à Pornic. Comme d'habitude cela avait été silence radio.
Ce 13 décembre, Jean-Louis Jossic avait des images de ces panneaux bizarres, mais il ne les a pas montrées. En fait, aucun document ni support n'a été remis à quiconque lors de cette réunion. Et aucune précision n'a été donnée même par oral concernant ces fameux panneaux. Tout s'est fait de manière opaque, pour un résultat très criticable. La conclusion de cette affaire est que la réflexion de la ville de Nantes concernant la langue bretonne est au niveau zéro.
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