Une vendeuse, si je veux, quand je veux
Il y aurait quelque chose à faire sur le commerce
Myriam a 30 ans, deux enfants encore très jeunes. Elle cherche du travail pour mettre un peu de beurre dans les choux-verts. Un magasin de la région castelbriantaise propose 18 heures par semaine. Mardi et jeudi de 15h à 19h30. Et mercredi non-stop de 9 h 30 à 19h30 avec une pause d’une heure. Et être disponible à tout moment de la journée, les autres jours.
Une jeune femme de Pouancé n’est pas prise car, dit le gérant, elle habite trop loin. C’est que, s’il l’appelle, elle doit être là tout de suite Et pas dans vingt minutes.
Une jeune fille de Châteaubriant refuse le poste : 515 € nets par mois, cela ne permet pas de vivre. Cette jeune fille aurait bien pris le poste si elle avait eu la promesse d’obtenir ensuite un temps plein. Mais non, non, dit le gérant, ce sera toujours 18 heures. Et puis il y a cette foutue nécessité d’être disponible à n’importe quelle heure : il n’est donc pas possible de trouver un mi-temps ailleurs, pour compléter. Travailler plus pour gagner plus. Cette jeune fille ne souhaite que cela.
Myriam a-t-elle ses chances alors ? Eh bien non car les horaires l’obligent à trouver une nourrice qui, le soir, veuille bien aller chercher les enfants à l’école et les garder jusqu’à 19h30 (compte-tenu des trajets cela fait 3 h les mardi et jeudi) et qui les garde toute la journée du mercredi (soit 11 h). Total 17 heures de garde pour chacun.
Bénéfice ?
- 18 heures de travail au SMIC : 644 € bruts - 17 heures de garde pour chacun des enfants : à raison de 3,80 € par enfant (coût moyen brut) cela représente 559 € bruts.
Résultat : 85 € bruts dans le mois ! Et moins encore quand il faut compter les frais d’essence pour se rendre au boulot. et toujours cette foutue obligation d’être disponible à toute heure. Travailler plus pour gagner plus. Myriam commence à comprendre que ce n’est pas possible.
« On ne trouve personne » dit le gérant « les femmes ne veulent pas travailler ».