Michel Feltin-Palas est depuis 2018 l'auteur d'une lettre d'information de L'EXPRESS que beaucoup de Bretons éduqués lisent. Intitulée Sur le bout des langues, elle parle des langues minoritaires de France et aussi du français. Il vient de publier un recueil de ses chroniques sous le titre Sauvons les langues régionales aux éditions ÉLIOPOLES.
Ses chroniques sur les langues l'ont conduit à interroger chaque semaine des linguistes, des historiens, des universitaires, et oui des militants. Au fil des années, il a fini par monter en compétences, au point de publier des ouvrages et de donner des conférences sur cette thématique. Il était invité à Carhaix, le samedi 19 novembre, pour le colloque Pour une autonomie de la Bretagne, une belle occasion pour lui d'y présenter son livre.
Michel Feltin-Palas démolit plusieurs idées préconçues comme celle qui affirme que la défense des langues régionales renforce les mouvements indépendantistes. Tout au contraire, affirme-t-il, c'est le déni, voire le mépris, des langues régionales qui pousse au renforcement des mouvements indépendantistes. Il n'y a pas de mouvements séparatistes en Suisse et pourtant il y a plusieurs langues officielles et même pas de langue commune.
Pour Michel Feltin-Palas, toutes les langues se valent. Le picard a eu une littérature, Frédéric Mistral a été prix Nobel de littérature en 1904 pour une œuvre écrite en provençal. Pour lui le seul élément qui différencie les langues c'est leur statut. Comme l'a affirmé le linguiste yiddish Max Weinreich (1894-1969) « Une langue est un dialecte avec une armée et une marine ». Ce n'est pas parce qu'une langue n'a pas eu la chance de devenir langue officielle d’un État qu'elle est un dialecte ou un patois.
On peut sauver le breton si il y a une volonté de le sauver. Feltin-Palas compare souvent le breton au gallois « deux langues celtiques parlées en France et au Royaume-Uni, deux pays voisins et au développement économique comparable. Voilà quarante ans, on recensait pour chacune de ces langues environ 500 000 locuteurs. Or, aujourd’hui, le breton n’est plus parlé que par 200 000 personnes alors que l’on en compte 650 000 pour le gallois.» Et les Gallois prévoient un million de locuteurs en 2050. Et Feltin-Pallas rappelle : « au Pays de Galles, le gallois est soutenu par les pouvoirs publics. Son étude est obligatoire dans presque toutes les écoles jusqu’à 16 ans ; il dispose d’une télévision et d’une radio publiques depuis plusieurs décennies ; les citoyens peuvent s’exprimer dans cette langue devant les tribunaux ; etc. Toutes mesures qui n’existent pas pour le breton en Bretagne. Là est la différence.»
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