Cloître des Ursulines, sous le magnolia desséché par la canicule, 70 acteurs des arts de la rue sont présents, prêts pour la cinquième année consécutive à se poser des questions sur leurs pratiques. Comment sortir du cadre quand on est dans le cadre ? Comment proposer un spectacle qui dérange tout en étant subventionné ? Qui surprend et qui fait rêver alors que les artistes fatigués essaient de continuer à sourire ?
La règle du jeu est donnée, il faut quitter le cadre pour en sortir, aller marcher avec des questions posées par sms sur un portable par équipe de six. Certains vont enjamber les murs de l'enceinte, d'autres s'installent sur le goudron, d'autres ne bougeront pas.
Comment "péter la forme" quand chacun reste sur ses positions, son amertume, son idéologie ? Plaire et instruire, séduire et ramasser les contrats, vivre de son statut d'intermittent, ou essayer des choses, prendre des risques, constamment ?
La restitution est parfois comique, parfois triste. De quoi va-t-on nourrir la réflexion ? On ne dit plus "public", on dit "habitants" ? On va accueillir peut-être des artistes à l'année pour que les spectacles de la rue soient plus proches des enfants, des vieux, des malades, des publics qui ne viennent pas ? On va faire dans le commercial ou faire semblant de faire du théâtre pour tous ?
Pour le bénévole non loin de là, qui s'active à charger les fûts de bière et les frigos en pestant car la place est bloquée (sécurité oblige), il ne verra aucun des spectacles, et à l'exemple de Thersiquel présent par ses photos sur les murs du cloître, de Youenn Gwernig et de Glenmor qui donnent leur nom à des "centres culturels", il ne verra des Rias qu'un verre plastique rose décoré d'un poisson avec une tête de chat, porté à la santé des élus qui nous gouvernent et des drôles de personnages qu'il a vus passer... sur l'espace "public" !