Nouvelle preuve accablante des dérapages verbaux, du jacobinisme écrasant et du nationalisme triomphant !
Nicolas Sarkozy vient d'annoncer qu'il accorderait sa clémence à quelques familles immigrées arrivées clandestinement en France, pour peu qu'elles aient des enfants scolarisés. Avec trois critères, citation du Ministre devant les sénateurs : "Lorsqu'un enfant étranger est né en France ou qu'il y est arrivé en très bas âge, qu'il est scolarisé en France, qu'il ne parle pas la langue de son pays d'origine, qu'il n'a donc aucun lien avec ce pays, il serait très cruel de l'y reconduire de force".
Les deux premiers points sont quantifiables. Le troisième point est beaucoup plus pernicieux : comment juger de la méconnaissance d'une langue, et pourquoi une telle demande ? Comment accepter qu'un ministre de la République exige que des enfants renoncent à leur langue maternelle ?
C'est certes un argument éculé, mais a-t-on demandé au petit Nicolas s'il savait parler hongrois ? Et lui a-t-on demandé d'oublier d'où venait son père ?
Va-t-on également demander à tous les enfants alsaciens, basques, bretons et corses de ne plus parler leur langue régionale, voire la langue de leurs voisins allemands, italiens, espagnols ?
Il n'existe aucun pays au monde qui ne demande à ses immigrants d'oublier leur langue maternelle. Dans un nouveau pays, bien différent de leur patrie originelle, cette langue constitue l'une des dernières attaches liant ces enfants à leur histoire et leur culture.
En plaçant le français au-dessus des autres langues, cette règle du ministre de l'intérieur est un déni culturel, recalant certaines langues étrangères à la douane française. Elle est également inégalitaire : pourquoi demander à des immigrés clandestins ce qu'on ne demandera pas aux ressortissants italiens, autrichiens ou hongrois venant vivre et élever leurs enfants en France et leur apprenant leur langue maternelle ?
Pour les Alternatifs, cette nouvelle preuve accablante des dérapages verbaux du jacobinisme écrasant et du nationalisme triomphant n'est qu'une raison supplémentaire pour se mobiliser pour la régularisation de tous les sans-papiers.